Retour sur le voyage d’étude à Oslo
Présentation d'Isabelle Rindzunski au Conseil de Coopération de juin 2023

Isabelle Rudzinski, coordinatrice des secteurs Nord et Ouest des bibliothèques de la Ville de Paris, participait en juin 2023 au voyage d’étude à Oslo organisé par la Bpi. Elle a présenté ses découvertes lors du Conseil de coopération du 30 juin 2023.

Isabelle Rindzuski tient, tout d’abord, à remercier les équipes de la Bpi pour avoir organisé ce voyage d’étude ainsi que, bien sûr, les collègues norvégien·nes pour leur accueil chaleureux et les échanges nombreux.

En guise de petit préambule, la Norvège en quelques chiffres (2021), c’est 5 408 320 habitants dont 15% d’origine étrangère (soit plus d’1 million de personnes). À noter aussi que 99% des habitants sont utilisateurs d’Internet.

Surtout, particularité notable, le pays s’appuie sur la première loi sur les bibliothèques publiques et scolaires, The Norwegian Library Act, qui date de 1935 et a été amendée de nombreuses fois jusqu’en 2013. Cette loi oblige notamment toutes les municipalités à avoir une bibliothèque dirigée par un professionnel. De plus, toutes les bibliothèques publiques doivent faire partie du réseau des bibliothèques norvégiennes et participer à des actions communes, comme le prêt interbibliothèque. Elles ont également l’obligation de proposer des animations, ouvertes à tous et pour tous et être des lieux de débats citoyens contradictoires.

Intérieur de la Deichman Main Library à Oslo
New Deichman Main Library Oslo, Jussi Toivanen via Flickr, CC BY-NC-ND 2.0

Le groupe a pu visiter et rencontrer les collègues de trois bibliothèques norvégiennes : 

  • Deichman, un réseau dirigé par Knut Skansen ;
  • la bibliothèque municipale de Drammen (à 43 km d’Oslo), ouverte du lundi au dimanche, de 10 à 19h, avec une équipe de 17 agents et 400 000 entrées annuelles sur ses 4 niveaux ;
  • la Bibliothèque nationale d’Oslo qui a pour mission de préserver et promouvoir la culture norvégienne.

Isabelle Rudzinski partage plusieurs étonnements du groupe au fil de ces visites : 

  • Si la société norvégienne est traditionnellement une société très inclusive, elle est aussi menacée par des courants conservateurs qui tendent à remettre en cause le fameux modèle scandinave. 
  • C’est aussi une société largement versée dans le numérique. Cela est manifeste, par exemple, avec la disparition du CD sur les rayonnages des bibliothèques visitées. Pour autant, la musique reste présente avec l’organisation de concerts, émissions de radio ou autres événements. Également est proposé le prêt de très nombreuses partitions, signe que c’est aussi la pratique musicale elle-même qui est stimulée.
  • Les bibliothèques bénéficient d’ambiances chaleureuses et accueillantes aménagées par des architectes, et ce dès la conception de la bibliothèque. Ce sont de véritables temples du design scandinave et cette réflexion sur les espaces intérieurs fait pleinement partie du projet de chaque établissement.
  • Petite originalité notable : sont mis en place des espaces jeunesse strictement interdits aux adultes (parents compris) où les enfants sont rois mais où les règles existent.
  • Plus globalement, les bibliothèques norvégiennes sont pensées comme des lieux où l’on joue, crée, cuisine, bricole, expérimente, échange et partage grâce à la mise à disposition d’ateliers, de matériels et d’espaces dédiés pour les différentes activités notamment manuelles.
  • Bien entendu, ces bibliothèques sont aussi des lieux de l’écrit, que l’on écrive soi-même ou bien que l’on vienne assister aux rencontres régulières organisées avec des écrivain·es.
  • La préoccupation environnementale est très présente dans les bâtiments comme dans l’esprit des équipes. Les bibliothécaires sont très engagés dans ce domaine, comme dans d’autres d’ailleurs, afin de rendre les bibliothèques plus durables et plus vertes. Un des collègues rencontrés s’est ainsi reconverti en bibliothécaire-jardinier pour gérer un petit potager mitoyen à la bibliothèque.
  • Avec un projet original de bibliothèque du futur, les collègues norvégiens travaillent aussi à conserver le patrimoine littéraire de demain. Déjà six auteurs, dont la Canadienne Margaret Atwood, ont accepté d’écrire un livre dans cette anthologie qui ne sera pas publiée avant 2114. Au total, cent manuscrits inédits vont ainsi être rassemblés au fil du siècle.

Publié le 31/08/2023 - CC BY-SA 4.0

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