Drammen : la bibliothèque du cœur culturel de la ville
par Véronique Hallo

La bibliothèque de Drammen constituait la dernière étape du voyage d’étude en Norvège organisé par la Bibliothèque publique d’information (Bpi) en juin 2023. Au programme, des services attendus, un accueil multiple, et du renouveau à l’œuvre dans une bibliothèque récente et pas aussi classique qu’il n’y paraît.

Après avoir visité des bibliothèques très typées à Oslo, c’est avec un regard changé que nous abordons, à 45 km de là, la bibliothèque de Drammen pour la dernière découverte du séjour.

La bibliothèque est située dans Papirbredden, bâtiment partagé avec l’Université du sud-est de la Norvège et quelques entreprises, toutes centrées sur le développement des connaissances et l’innovation. Le nom du bâtiment rappelle qu’il est issu de la réhabilitation d’une ancienne usine de papier.

Quand on y arrive par le pont Ypsilon qui enjambe la rivière de Drammen, c’est un beau bâtiment vitré, à l’allure récente, qui nous apparaît. En ce mois de juin très estival, quelques personnes sont attablées à la terrasse du café interne à la bibliothèque.

Papirbredden vu depuis Ypsilon © Bpi
Papirbredden vu depuis Ypsilon © Bpi

Certains couloirs de la bibliothèque publique donnent accès à des espaces communs, voire directement à la bibliothèque universitaire. En effet, lors de l’inauguration du bâtiment, en 2007, bibliothèque de lecture publique et bibliothèque universitaire étaient mutualisées. Face aux difficultés rencontrées à articuler les deux missions, on est passé à deux bibliothèques distinctes. Une inscription commune aux deux types de bibliothèque a été tentée mais n’a pas pu perdurer.

Cependant, de ce passé commun, perdurent certains services. Les étudiants peuvent ainsi accéder facilement à la bibliothèque de lecture publique, d’autant plus que les heures d’ouverture de la bibliothèque sont élargies au-delà de la présence du personnel de bibliothèque.

Des horaires étendus et des publics en toute autonomie

Les abonnés de plus de 15 ans peuvent accéder aux salles de lecture avec leur carte nominative le matin avant l’arrivée des bibliothécaires ou le soir après leur départ. L’amplitude possible est donc 7h-23h tous les jours.

Pour ces horaires étendus, l’usager a préalablement signé un contrat et s’engage à respecter le règlement. Celui-ci met l’accent sur le respect des autres usagers et sur la propreté des équipements à garder en l’état. Les recommandations stipulent que le lecteur doit bien connaître les lieux et maîtriser les procédures d’évacuation en cas d’alerte. Le contrat mentionne également la vidéosurveillance (ainsi que la durée de conservation des enregistrements) et la venue éventuelle d’agents de sécurité. Les incidents, rares, peuvent amener la direction à interdire l’accès d’un abonné dans ces plages sans personnel.

Ce service, adapté aux horaires de cours et de travail, est bien utilisé par les étudiants et les travailleurs.

L’accent mis sur l’accueil des plus jeunes

On peut parier que la fréquentation des lieux dès le plus jeune âge aide à la bonne pratique de ces plages d’ouverture. Elle permet en effet la construction d’une autonomie d’usage des services des bibliothèques qui est par la suite entretenue par une fréquentation régulière.

D’ailleurs, l’accueil jeune public est favorisé par l’aménagement de salles à leur intention mais surtout par une médiation adaptée : accueil des scolaires et des services jeunesse de la ville mais aussi jeu estival national doté de prix pour les gros lecteurs. Et cela fonctionne ! En cette matinée de juin, tandis que beaucoup de Norvégiens ont déserté les espaces clos pour profiter d’un ensoleillement maximal, nous voyons un groupe conséquent de jeunes enfants habitués investir les lieux.

Salle de lecture jeune public de la bibliothèque de Drammen © Bpi
Salle de lecture jeune public © Bpi

Dans la majorité des salles de lecture, les rayonnages sont constitués de meubles sur roulettes. On remarque des rails fixés au plafond afin d’y faire coulisser des rideaux noirs qui, tirés, configureront des espaces plus réduits, cosy, afin d’isoler un groupe lors d’une animation, ou de réduire la vue sur les collections lors d’événements particuliers.

Des ressources et des services numériques pour tous

Répartis sur table filante, des postes informatiques permettent l’accès aux ressources numériques (parmi lesquelles sont accessibles certaines revues universitaires). Une association d’aide aux séniors assure régulièrement des ateliers d’aide à la pratique informatique. Cela vise à réduire la fracture numérique. La bibliothèque prête aussi des tablettes sur place. On peut ainsi bénéficier de l’offre d’abonnement à une diversité de plateformes (revues, classiques de la littérature, etc.), surfer sur le web, écouter de la musique ou visionner un film si on est muni de ses propres écouteurs.

À l’image du rallye lecture pour les enfants organisé nationalement chaque été, la bibliothèque favorise la lecture des adultes par le biais d’un bingo récompensé à la rentrée.

Même si d’un premier abord, ces services semblent ceux offerts par une bibliothèque telle qu’on se la représente classiquement, un regard plus appuyé permet de voir le foisonnement de propositions plus singulières.
Adossée à la baie vitrée donnant sur la rivière, une scène équipée permet ainsi aux associations d’organiser des événements selon le calendrier culturel planifié.

Scène principalede la bibliothèque Drammen avec vue sur la rivière © Bpi
Scène principale avec vue sur la rivière © Bpi

Des espaces sont mis à disposition, sur inscription, aux associations qui en font la demande, motivées par des projets divers, autour du livre et au-delà. Outre la scène équipée, une salle avec cuisine, un espace vidéo modulable font partie de ces facilités d’usage.

Au gré de son utilisation de l’offre et des service de la bibliothèque, on passe, en douceur, de la partie contemporaine du bâtiment à l’aile aménagée dans l’ancien bâtiment industriel réhabilité, témoin de l’évolution du quartier.

Rien d’ostentatoire dans Cette mixité de salles, de publics, d’usages, pourtant la visite, à l’image de la vue sur Drammen, nous laisse le sentiment d’une pleine intégration de la bibliothèque dans son temps.

Véronique Hallo est référente traitement au Service des périodiques de la Bibliothèque publique d’information (Bpi).

Publié le 04/10/2023 - CC BY-SA 4.0

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Henrio
Henrio
6 mois il y a

Avez vous des informations sur l’accessibilité numérique mais aussi l’accès aux bibliothèques des personnes en situation de handicap ?