Retour à Forbach
de Régis Sauder

Sortie en salle le mercredi 19 avril 2017.

En 2014,  les élections municipales de la ville marquent l’arrivée en tête, du moins au premier tour, du Front national.
Forbach est une ancienne ville minière de Moselle, située à cinq kilomètres de la frontière allemande, rattachée tantôt  à l’Allemagne, tantôt à la France, au gré des guerres.
La compagnie minière HBL a été l’employeur principal pendant des années ; Polonais, Italiens, Marocains sont venus renforcer le travail des ouvriers de la région. Les enfants à la scolarité défaillante prenaient le chemin des houillères. Il y avait de l’emploi.
Les années passant, la ville a changé, les puits ont fermé, rien n’a remplacé l’ancienne industrie. Régis Sauder, l’enfant de Forbach devenu cinéaste, revient dans la ville qu’il a quittée il y a trente ans.

Photo du film
Retour à Forbach © Docks 66, 2017

L’avis de la bibliothécaire

La voix off du réalisateur ouvre le récit. On passe de l’image de Forbach niché dans un vallon à celle d’une pièce en désordre du pavillon familial.
« Le pavillon de mes parents a été cambriolé à l’automne 2015. Tout a été renversé mais rien n’a été volé. Même les voleurs ne veulent pas de ces faux bijoux, de ces pièces d’anciens francs, du service à raclette ou des chemisiers camaïeux de ma mère. Moi aussi, adolescent, je n’en voulais plus de ce décor-là. J’avais honte de mon milieu. »
 
Régis Sauder, fils d’une mère pied-noir et d’un père lorrain et instituteur, fait pourtant figure de « fils à papa » : il réussit à l’école, il ne parle pas le dialecte lorrain et n’a pas d’accent. Il est différent  des autres enfants. Les études l’ont peu à peu séparé de son milieu social d’origine.
De mai 2014 à l’hiver 2016, il est revenu filmer et se confronter à sa ville.
Quelques habitants vont lui permettre d’appréhender les changements. Il y a la directrice d’école, fille d’immigrés italiens, la patronne du café avec ses phrases mêlées de platt, le dialecte de la région, un jeune homme d’origine maghrébine. Plusieurs sont des connaissances, du temps de l’école et du collège. Ils sont comme des guides qui le promènent dans le passé et le présent de la ville. Ils racontent  les temps difficiles, ceux d’hier et d’aujourd’hui.
 
Les plans, fixes et frontaux, montrent les rues de pavillons aux rideaux bien tirés, les façades peintes de nuages de la cité du Wiesberg, les devantures des commerces à vendre.  L’automne, l’hiver habillent la ville de couleurs froides, le gris – bleu du ciel,  le gris blanc de la brume, du brouillard ou de la neige. Des plans qui la tiennent à distance, peut-être pour mieux la comprendre dans son ensemble.
La ville qu’il a retrouvée est en danger. De quel côté pourrait-elle tomber ? Ils sont plusieurs à l’aider à garder l’équilibre : la directrice d’école aide des réfugiés, une professeure donne des cours d’alphabétisation, les enfants rêvent de devenir architecte, docteur ou paléontologue. Entre l’intime et le politique, « Retour à Forbach » dessine un portrait complexe des forces et des énergies qui travaillent la ville.

Rappel

Retour à Forbach, de Régis Sauder, production Docks 66, Ana Films et Vosges TV, 2017, 1 h 18 min, présenté en compétition au festival Cinéma du Réel 2017

Distribué par Docks 66

Publié le 15/04/2017 - CC BY-SA 4.0

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