Prix du public les yeux doc : sensibiliser en interne

Quel rôle peut jouer l’événement annuel organisé par la Bpi au sein des équipes des bibliothèques participantes ?

Réunion Prix du public à la bibliothèque départementale de Belfort © BDP de belfort
Réunion à la bibliothèque de Delle © BDP de Belfort

Depuis plusieurs années, les visites et entretiens réguliers avec les bibliothèques du réseau Les yeux doc ont permis de faire émerger différentes problématiques rencontrées sur le terrain. Ces échanges nourrissent les réflexions sur l’accompagnement et les actions de coopération que la Bpi met en place dans ce contexte. Cette prise en compte permet d’être au plus près des besoins et attentes des bibliothécaires. Ainsi, quand l’idée du Prix a germé, certaines observations ont été intégrées au processus-même d’élaboration du projet avec un enjeu central : comment mieux faire connaître la ressource pour diffuser davantage de films documentaires en bibliothèque ? Deux leviers ont été identifiés : sensibiliser l’ensemble des bibliothécaires d’une structure à la ressource et la visibiliser auprès du public. Il a fallu ensuite les articuler concrètement autour d’un événement national. C’est tout l’intérêt du Prix du public qui visibilise la ressource et le cinéma documentaire, à la fois en interne et auprès du public.

Un Prix en plusieurs phases

Le Prix se découpe en plusieurs phases, chacune favorise un travail spécifique. Les premières semaines consacrées au visionnage des films permettent aux équipes de s’approprier les contenus à leur rythme, 8 films à voir en 13 semaines. La Bpi propose tout de même une communication hebdomadaire, par le biais de lettres d’informations, de mails, de contenus sur Bpi Pro et sur Facebook qui peuvent accompagner le visionnage et être relayés en interne. Le vote des bibliothécaires vient s’ajouter à ce dispositif puisque tous les agents de la bibliothèque inscrite peuvent participer et ainsi s’impliquer dans le choix des quatre films qui seront montrés au public. Et, ce, même si par la suite ils ne seront pas amenés à travailler sur le déploiement de l’événement.

Pourquoi sensibiliser les collègues ?

Au sein des bibliothèques du réseau, les personnes référentes pour Les yeux doc sont généralement soit en charge des ressources numériques, soit en charge des collections cinéma ou encore de l’action culturelle. Les multiples possibilités de la plateforme en matière de médiation gagnent à être enrichies par l’expertise de ces différents professionnels. La plateforme est effectivement à la fois une ressource dématérialisée, un outil professionnel et un fond cinéma pouvant donner lieu à des projections et à de la consultation sur place ou à distance. Même si la mise en place d’actions spécifiques autour des films est prise en charge par quelques bibliothécaires, sensibiliser l’ensemble des collègues semble essentiel pour favoriser l’information au public ou la sélection de films valorisant toutes les collections de la bibliothèque et tout simplement ouvrir le regard à d’autres formes d’expression et de langages.

Informer le public

Connaître la ressource et l’avoir déjà prise en main est un élément clef pour informer le public au moment de l’inscription ou pouvoir répondre aux questions liées à l’utilisation de la ressource. Pendant la durée du Prix, où la plateforme est davantage mise en avant, cela peut aussi rassurer les collègues. Ce qui semble justifié à cette occasion pourra servir tout au long de l’année.

Valoriser les collections

La plateforme peut être un outil professionnel pour valoriser tous les fonds de la bibliothèque. Les personnes chargées du cinéma peuvent alimenter les valorisations, les chargés d’autres collections peuvent piocher dans le catalogue pour trouver des films en lien avec leurs domaines : histoire, sociologie,littérature, etc. La diversité des allers retours possibles entre les collections et les supports, entre les bibliothécaires de différents pôles sensibilisent à la fois au cinéma documentaire et par ailleurs aux spécificités de la ressource.

Quelques retours d’expériences

Plusieurs bibliothèques rapportent leur expérience pendant cette première phase en interne. 

Organiser des séances collectives

Bibliothèque Méjanes à Aix-en-Provence

Des projections collectives ont été organisées entre collègues dans l’auditorium tous les mardis matin en octobre et novembre. L’occasion de voir les films dans des conditions proches de projections en salle et d’en débattre ensuite de manière conviviale. Six ou sept collègues ont participé à chaque séance. 

Médiathèque de Rodez

Onze personnes ont participé dès la première réunion en visio organisée par la Bpi, deux ont dû par la suite se désister à cause de soucis personnels. Tous les vendredis matin en octobre et novembre, les films ont été visionnés collectivement dans la petite salle de projection de 40 places. Début décembre une réunion a été programmée pour discuter des visionnages. Une grille avait même été installée avec dossiers de presse, présentations et documents pour aller plus loin. N’ont ensuite voté que ceux qui avaient réussi à visionner l’ensemble des films.

Grille Prix du public à Rodez © Bibliothèque de Rodez
Grille Prix du public à Rodez © Bibliothèque de Rodez

Médiathèque d’Orléans

Onze personnes ont montré de l’intérêt pour l’événement. Toute l’équipe du pôle Son et Images a suivi (6 personnes). Cela va permettre à tous ces collègues de pouvoir s’emparer du Prix et de l’accompagner concrètement, en informant le public et en étant motivé pour le faire. Beaucoup de discussions, beaucoup d’émotions et beaucoup d’enthousiasme ont traversé les échanges. Des échanges qui permettent d’aller plus loin qu’un simple j’aime ou j’aime pas, de susciter des questions sur le réel et sur le cinéma documentaire. Un vrai plus pour accompagner le Prix dans les espaces. 

Médiathèque d’Arles, Anne Verrier partage son expérience :

« À l’occasion de la première édition du Prix du Public, j’avais proposé à l’équipe toute entière de venir voir la sélection des films tous les jeudis matin quand la bibliothèque est fermée au public. La régularité des projections permettait au personnel de pouvoir s’organiser à l’avance pour se rendre disponible. Chaque mercredi j’envoyais le résumé du film qui serait projeté. Nous avons commencé relativement tôt, afin que l’on puisse avoir des jeudis de « rattrapage ». La période n’était pas très favorable car cela tombait au moment de l’installation du nouveau logiciel : tous les films n’ont pas été vus par tout le personnel, loin de là, et au bout du compte j’ai été la seule à voir toute la sélection et à pouvoir voter. Cependant, malgré ce contexte difficile, ce fut une expérience riche. Un personnel occupant des postes très divers a répondu à l’invitation : le personnel de la reliure, celui du secrétariat, le chauffeur du médiabus, des bibliothécaires des diverses sections (jeunesse et adulte). À noter aussi que certains ne sont jamais venus. C’est le secrétariat, le service de la reliure et le secteur Image qui ont été les plus fidèles. Les bibliothécaires jeunesse sont venues en minorité par rapport aux bibliothécaires adultes… La motivation semblait plus personnelle que liée aux disponibilités de chacun.

Une des remarques les plus importantes est ce vrai besoin de voir ensemble et de partager un temps de discussion systématiquement à la fin de la projection : en effet peu de gens ont demandé à voir les films de leur côté à un autre moment, et ceux qui les ont vus seuls, venaient chercher quelqu’un de l’espace Image pour pouvoir en parler. Cette motivation, nous l’avons retrouvée avec le public : des spectateurs venaient nous chercher jusque dans notre bureau pour discuter du film. Certains, parmi toute l’équipe de la médiathèque, n’avaient jamais assisté à une projection de film documentaire de création. De plus, pouvoir s’exprimer au sein d’une équipe aux compétences diverses était difficile, à priori, pour chacun mais, le fait que l’équipe se côtoie quotidiennement et se connaisse bien, a sans doute permis cette liberté de parole et de spontanéité. Certaines personnes se sont révélées, et ont trouvé, lors de ces séances, une place différente de celle qu’elles occupent habituellement au sein de l’équipe. L’exemple le plus frappant a eu lieu lors de la discussion qui a suivi la projection du film : Les vaches n’auront pas de nom. Une partie du personnel venant de façon plus ou moins proche d’un milieu rural, a été particulièrement touchée par le film et certains qui, jusque-là, ne prenaient que rarement la parole en public, ont été étonnamment loquaces et précis dans leur analyse du film. L’équipe étant divisée sur le film en lui-même et le débat en a été d’autant plus riche !

En conclusion, le fait de regarder les films ensemble, le fait également que ce soit au sein d’une équipe de professionnels, dans un but professionnel (organiser une programmation pour les publics) semble influencer la façon de recevoir le film. Sans doute chacun se sent-il investi sans en avoir vraiment conscience, d’une mission de médiateur puisqu’il devient face au public, celui qui « connaît » ce documentaire, mais aussi parce que le débat a élargi et enrichi, chez tous, la façon de l’estimer et donc par la suite de le partager…serait-ce que l’on appelle l’intelligence collective ? C’est une expérience que l’on va renouveler à chaque occasion. Nous venons d’ailleurs de le proposer lors du choix des films pour le mois du film documentaire. Je ne sais pas par contre qui utilise la plateforme de façon privée… »

Proposer une séance découverte

Médiathèque Marguerite Duras à Paris

Une invitation a été lancée à l’ensemble des vidéothècaires et des bibliothécaires en charge de l’action culturelle pour assister à une projection du film lauréat 2021 « Derniers jours à Shibati ». L’occasion de présenter le Prix et de proposer aux personnes intéressées de participer activement par le biais de projections ou d’ateliers dans leurs structures du réseau parisien. 

Intégrer la présentation du Prix à une formation

Bibliothèque départementale de Haute-Saône

L’équipe a profité de deux jours de formation en direction des bibliothécaires du réseau pour faire intervenir en visio Aurélie Solle de la Bpi. Elle a pu présenter le Prix du public et les projections, répondre directement aux questions que pouvaient se poser les bibliothécaires.

Se réunir à l’issue des visionnages

Bibliothèque départementale de Belfort

Une rencontre a été organisée en matinée entre participant·e·s terrifortain·e·s, soit 10 personnes. Il y a eu des échanges sur les 8 documentaires de la sélection. Les huit jaquettes étaient affichées. Chaque participant·e devait mettre un mot par film sur un post-it. Une fois tous les post-it positionnés, il y a eu un échange. Chacun a également positionné des gommettes selon le critère d’évaluation suivant :
– 2 gommettes : j’ai beaucoup aimé
– 1 gommette : j’ai un peu aimé
– pas de gommettes : je n’ai pas aimé.

Cela a permis de discuter des films et d’échanger sur les ressentis et avis de chacun·e.

Lier les événements

L’expérience de la bibliothèque du CE Maif est assez singulière. Ne pouvant pas proposer le Prix du public cette année, Agnès Brangier s’est inspirée du Prix du public pour proposer un Mois du film documentaire un peu spécial dans sa bibliothèque. L’expérience a permis de faire découvrir et d’associer des salariés de l’entreprise à un travail interne à la bibliothèque et de sensibiliser à la fois à la ressource et aux prochaines éditions du Prix. Le dispositif est à découvrir dans cet autre article,

Publié le 10/03/2022 - CC BY-SA 4.0

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