Plonger dans les papiers de Marguerite Durand

Visite d’une bibliothèque consacrée à l’histoire des femmes.

Marguerite-Durand est une bibliothèque de la ville de Paris, spécialisée dans l’histoire des femmes, du féminisme et du genre. Aujourd’hui abritée au troisième étage de la bibliothèque de lecture publique Jean-Pierre Melville, dans le XIIIème arrondissement, elle accueille un public de chercheurs ou de curieux qui souhaitent consulter ses collections et ses archives relatives à l’histoire des femmes.

La journaliste Marguerite Durand (1864-1936) fit don de ses collections à la ville de Paris en 1932. Depuis, la bibliothèque étoffe ce fonds unique en France pour rendre compte de l’histoire du féminisme et de ses différents courants en acquérant de manière exhaustive des documents (y compris les manuscrits, affiches, enregistrements, etc.) qui abordent le féminisme ou reflètent sa vitalité.

Buste de Marguerite Durand masquée
Buste de Marguerite Durand, © Bpi/ Geneviève de Maupeou

Une politique documentaire exhaustive et choisie 

Avec une équipe de sept personnes, le travail ne manque pas. Le budget dévolu aux acquisitions est de 25 000 euros, ce qui permet de couvrir de façon quasi exhaustive l’ensemble de la production éditoriale qui s’accroît considérablement depuis plusieurs années avec la diversification des approches sur le féminisme.

Pour donner à lire la réalité des féminismes à travers l’histoire, les documents de niveau universitaire sont acquis de manière systématique. Dans l’édition grand public, ceux qui sont représentatifs des productions féministes trouvent aussi leur place : magazines, fictions (dont des bandes dessinées) et ouvrages de vulgarisation.

Un public universitaire, mais aussi beaucoup d’amateurs 

Si la majorité des usagers est constituée de chercheurs qui ont besoin de recourir aux sources de l’histoire pour produire à leur tour de la documentation, les collections grand public sont repérées et acquises pour la postérité, afin de conserver un témoignage de ce qui se produit aujourd’hui.

Un pied dans l’immédiat, un autre dans l’histoire, les bibliothécaires résolvent l’équation du féminisme en proposant à la fois des sources patrimoniales et les manifestations contemporaines de ses différentes productions.

©Bpi/Geneviève de Maupeou

Entre histoire et actualité : pérennité des enjeux féministes

La bibliothèque Marguerite Durand propose parfois au public de la bibliothèque Jean-Pierre-Melville des pièces de ses fonds pour signaler la pérennité de certaines revendications, ou, au contraire, l’évolution des mentalités. 

Cette année la journée de la femme est l’occasion d’exposer l’édition originale de Notre corps, nous-mêmes (1977), à côté de son édition réactualisée en 2020.

Vitrine de la bibliothèque avec les 2 éditions de "Notre corps, nous-mêmes"
©Bpi/Geneviève de Maupeou

L’équipe est très sollicitée, à la fois pour des demandes de recherches (de tous niveaux, y compris des TPE), mais aussi, d’expositions, d’éditions, voire de réalisations cinématographiques. Le fonds documentaire comme les demandes impliquent parfois des pratiques muséales qui placent cette bibliothèque exceptionnelle à la croisée du patrimoine et de l’actualité.

Numériser, valoriser, diffuser

Le fonds important de revues, en cours de numérisation, notamment grâce au projet de Persée, féminisme en revues, fait de la bibliothèque Marguerite-Durand une pourvoyeuse reconnue de périodiques sur le féminisme.

Premier numéro du journal La Fronde
Premier numéro de « La Fronde » ©Bpi/ Geneviève de Maupeou

À l’échelle de la Ville de Paris, certaines bibliothèques valorisent des fonds en relation avec le féminisme. Ainsi, la Bibliothèque Lévi-Strauss en lecture publique, propose un fonds dédié au féminisme et au genre, constitué par la production éditoriale courante.

En se consacrant au féminisme, à son histoire et à ses évolutions, la bibliothèque Marguerite Durand favorise la réflexion sur des courants de pensée historiques, traversés par des tensions multiples dont elle recueille précieusement les traces, pour permettre aux chercheurs d’aujourd’hui et à ceux de demain de rendre compte de débats parfois conflictuels.


Merci à Carole Chabut et Brigitte Scarron pour leur accueil généreux, leurs réponses si développées, la promenade guidée dans la réserve et la permission de photographier ! 

Affiche Droit à l'emploi
©Bpi/ Geneviève de Maupeou

Publié le 07/04/2021 - CC BY-SA 4.0

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