Appartient au dossier : Des bibliothèques qui n’ont pas froid aux yeux : voyage d’étude au Danemark et en Suède en 2015

Impressions sur les bibliothèques au Danemark et en Suède

Six bibliothèques visitées au Danemark et en Suède : retour d’Olivier Grall, chef de service production informatique: interview par Aurélie Geay (Bpi)

Bibliothèques : lieux de vie / lieux de bruit ?Bibliothèques : lieux de vie / lieux de bruit ?

« Ce qui m’a touché, pour l’ensemble des bibliothèques du Danemark, c’est que tout est fait pour que cela soit des lieux de vie. Autant en France, les espaces sont silencieux, autant au Danemark, les gens y parlent normalement, c’est assez bruyant même », relève-t-il. « Il y a même des grands espaces dédiés aux enfants avec des aires de jeux, ce n’est pas seulement centré autour des livres ». Une autre particularité : « Au Danemark, l’ensemble des services administratifs se font en ligne via internet,  la bibliothèque est un des seuls lieux publics où ses services peuvent être réalisés en présentiels avec un accompagnement pour réaliser ces démarches en ligne», raconte-t-il, surpris. Si les gens veulent du silence, ils vont dans des salles de lecture dédiées à cet effet. Les plages d’ouverture sont très larges, puisqu’elles vont généralement de 7h à 22h (voir pour certaines en 24h/24), mais avec du personnel uniquement de 10h à 17h. Les gens sont seuls dans les lieux en dehors de ses horaires. « Mais, ça ne pose pas de problème. La bibliothèque est plutôt vécue comme « la maison des citoyens et chacun en prend soin » s’étonne Olivier. Pour des demandes spécifiques, ou plus complexe, « On peut aussi réserver un bibliothécaire ou un informaticien», relève-t-il.

Des collections choisies au niveau national pour toutes les bibliothèques du DanemarkDes collections choisies au niveau national pour toutes les bibliothèques du Danemark

Le choix des ouvrages papiers et numériques est souvent fait au niveau national ou régional. Dans le cadre d’un système centralisé, certaines bibliothèques traitent les ouvrages pour la centrale, et sont rémunérées pour cela, d’autres biblitohèques font leurs acquisitions via cette centrale et payent donc pour le service. Dans ce dernier cas, les bibliothécaires ne sont pas en charge de choisir eux-mêmes les collections, par contre ils s’occupent de leur mise en valeur dans les espaces. Les catalogues sont moins riches et les activités proposées moindre. « Par exemple, il n’y a pas de pratique comme l’auto-formation à part dans une bibliothèque en Suède avec quelques ordinateurs dédiés», indique Olivier. « Pour ce qui concerne l’informatique, l’accès aux ordinateurs est assez simple avec un accès internet en libre-service, », remarque Olivier.

« Les ordinateurs physiques ne sont pas protégés dans des caissons, les prises USB et casques sont accessibles simplement. Pour s’y connecter, il faut généralement avoir un «compte» qui s’obtient facilement via un bureau d’accueil (ou par un ID temporaire envoyé par SMS). Les ordinateurs offrent comme service de l’accès Web, l’accès au catalogue et de la bureautique (libre office, ou le pack microsoft). L’accès Wifi est généralisé en libre accès ou avec un compte.
«Les problématiques liées aux accès aux prises électriques sont similaires à celles rencontrées dans toutes les bibliothèques», constate t’il. « Les personnes viennent-elles pour les collections ou pour  l’électricité ? ».

Des bibliothèques au cœur des villes et des problématiques socialesDes bibliothèques au cœur des villes et des problématiques sociales

« Ce que je retiens aussi, c’est la volonté d’installer les bibliothèques au cœur des villes. La bibliothèque de Herning, au Danemark, par exemple, a été réintégrée en centre-ville dans un ancien espace commercial afin de redynamiser le cœur de la ville et de sauver les commerces existants ».  Et le plus étonnant est qu’à l’entrée de chaque bibliothèque (dont celle de Herning) se trouve un café   : « l’idée est que le passant rentre boire un café, ou manger quelque chose et qu’il découvre la collection de livres à ce moment-là. » Et pour l’anecdote : « dans la bibliothèque d’Aarhus, les architectes ont installé un gong gigantesque, qui retentit chaque fois qu’il y a une naissance dans la ville, la bibliothèque au cœur des vies ! » conclut-il.

« L’aspect social de ce type de lieu est très important, les gens consultent moins les livres qu’en France mais s’intègre dans le tissu urbain grâce à ces bibliothèques. Le Danemark et la Suède ont également la problématique des migrants avec l’arrivée des réfugiés syriens et autre pays de la région et les bibliothèques jouent un rôle important pour faciliter leur intégration. »

Très satisfait de ce voyage d’étude, Olivier Grall a découvert une autre façon de vivre la bibliothèque et notamment l’orientation donnée vers les besoins du public au sens le plus large notamment grâce à la possibilité de faire des démarches administratives et d’ accéder à un café dans les bibliothèques.  Il souligne également : « Les danois et les suédois n’ont pas peur d’expérimenter sur l’aménagement des espaces, ou sur leurs organisations. Et si cela ne marche pas, ils n’hésitent pas à le dire, puis à ajuster ou essayer de faire différemment. »

Interview réalisée à la suite de visites effectuées en octobre 2015 dans le cadre d’un voyage d’études (Bpi et bibliothèques territoriales) Interview réalisée à la suite de visites effectuées en octobre 2015 dans le cadre d’un voyage d’études (Bpi et bibliothèques territoriales) 

Publié le 02/02/2017

0 0 votes
Article Rating
S’abonner
Notifier de
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments