Images documentaires, partenaire de la 3e édition du Prix du public Les yeux doc

Plusieurs partenaires médias accompagnent cette 3e édition du Prix du public. Impliqués depuis de nombreuses années dans le monde du cinéma documentaire, leur travail contribue à la diffusion et à la valorisation de films aux sorties souvent confidentielles. Cette semaine nous donnons la parole à Catherine Blangonnet, directrice de publication et fondatrice de la revue Images documentaires.

Images documentaires
Couvertures de la revue Images documentaires

L’existence de la revue est liée aux bibliothèques publiques, puisqu’elle trouve son origine à la fin des années 1980 dans une publication destinée à accompagner la diffusion de films documentaires sélectionnés par les bibliothécaires, dont les droits avaient été acquis par le ministère de la Culture pour ce réseau. A l’époque, la place et la proportion des films documentaires dans la production n’étaient pas du tout celles d’aujourd’hui. Le cinéma documentaire était un cinéma marginal, cantonné à des horaires tardifs à la télévision et diffusé essentiellement dans les réseaux non commerciaux. 

Au cours des vingt dernières années, il a considérablement évolué dans ses formes et dans sa diffusion. C’est devenu un genre essentiel de la création cinématographique. Après la télévision, il a pris une place importante dans l’édition, dans les salles de cinéma et aujourd’hui en ligne (1). La revue Images documentaires a accompagné cette évolution et s’est attachée pendant toutes ces années à effectuer un travail de repérage et de critique au sein d’une production de plus en plus foisonnante et diverse. Elle a analysé l’œuvre de cinéastes qui ont aiguisé et déplacé notre regard sur la société, les arts, la nature… en un mot sur le « réel » (2). 

Images documentaires s’efforce aujourd’hui de poser des repères au sein d’une production devenue pléthorique, en mettant en lumière des œuvres-jalons et de nouveaux auteurs (3). Les thèmes de réflexion naissent généralement de la découverte de films qui en renouvellent l’approche. Un film récent offrant un regard nouveau suscite l’envie de le confronter à des œuvres classiques sur le même thème. Récemment, par exemple, le cinéma de Pierre Creton a inspiré le numéro « Nature » (n°99/100, oct. 2020) et a permis de revenir sur le cinéma d’Artavazd Péléchian. Le film d’Olivier Zabat, Arguments, a été l’occasion de rappeler les films de Mario Ruspoli et de Nicolas Philibert sur le thème de la folie (n°103/104, oct. 2021).

Certains numéros naissent de questions d’actualité sous-tendues par des problèmes éthiques et politiques. On s’est interrogé sur la puissance d’évocation des images du passé dans le numéro « Archives, matière et mémoire » (n°94/95, mars 2019) à partir des films de Jean-Gabriel Périot aussi bien que sur les œuvres récentes réalisées avec des images recueillies sur Internet (n°101/102, images.net, mars 2021) à partir du travail de David Dufresne.

Dans la forme et le style des articles, les auteurs de la revue s’efforcent de se tenir à distance aussi bien de l’érudition universitaire que du jargon cinéphilique. Lieu de réflexion et d’échanges, la revue s’adresse à un public amateur de films documentaires de plus en plus nombreux et exigeant. Elle est également une publication de référence pour les enseignants de cinéma et pour les bibliothécaires de l’image.

Dans un monde envahi par les images, les bibliothèques ont à mon sens, plus que jamais, un rôle à jouer. Il me semble important de proposer aux publics des médiathèques des œuvres qui permettent de lutter contre la désinformation à l’œuvre dans les médias, des œuvres qui rendent compte de la complexité du monde, qui ouvrent le regard et laissent un espace à la réflexion. Le catalogue des Yeux doc, et singulièrement les quatre films retenus cette année pour le Prix des bibliothèques, reflètent cette exigence.

(1) Un texte célébrant le renouveau du cinéma documentaire, sous la plume de Thierry Garrel, qui dirigea l’unité documentaire d’Arte de 1987 à 2008, est paru dans le numéro de mars 2022 de la revue.

(2) Des numéros entiers sont consacrés à Frederick Wiseman, Alain Cavalier, Nicolas Philibert, Serguei Loznitsa, Claire Simon, Claudio Pazienza, José Luis Guerin, Wang Bing…

(3) La rubrique « Trajectoire » est consacrée à de jeunes cinéastes dont les premiers films témoignent d’une approche cinématographique singulière et cohérente (Laetitia Carton, Mila Turajlic, Julien Faraut…)

Publié le 20/03/2023 - CC BY-SA 4.0

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