L’avis des bibliothécaires sur Ayi

Dans toute la France, des bibliothécaires participent et font vivre le Prix du public dans leur commune. Cette semaine Laurie, Isabelle, Fabienne, Isabelle, Christelle et Juliette ont pris leur plume pour partager leur avis sur Ayi, de Marine Ottogalli et Aël Théry.

Portraits de bibliothécaires donnant leur avis sur Ayi : Fabienne Moineaux, Isabelle Allizard, Laurie Arricastres, Juliette Jean et Christelle Bernard.
De gauche à droite : Fabienne, Isabelle, Laurie, Juliette, Christelle.

Laurie Arricastres – Médiathèque de Cornebarrieu (31)

Ayi, ce n’est pas un prénom… « Ayi » c’est une façon de désigner familièrement les ainées en Chine et plus particulièrement les femmes qui proposent des aides de service. « Ayi » a quitté sa campagne, laissant son fils aux soins de ses parents. Elle est devenue vendeuse de rue pour subvenir aux besoins de sa famille mais elle ne possède pas le « hukou » (permis de résider et de travailler) nécessaire en ville. Entre cache-cache avec les forces de l’ordre, pots de vin systématiques et inquiétude vis-à-vis de l’addiction au jeu de son fils, « Ayi » trace sa route. Elle vit au jour le jour, avec les contraintes de son environnement, entourée de compagnons d’aventure qui, comme elle, veulent sortir la tête de l’eau. À travers ce portrait de femme, c’est un voyage à la découverte d’un autre mode de vie et d’une autre culture, un instantané du quotidien de certains travailleurs chinois.

Isabelle Allizard – Bibliothèque de Reims (51)

Ayi, la cinquantaine, a quitté sa campagne pour venir travailler à Shangaï clandestinement. Elle n’a pas fait d’études car « ce n’était pas pour les filles », nous confie-t-elle. Ainsi, elle installe depuis vingt ans sa charrette et prépare les repas qu’elle vendra aux passants quel que soit le temps. Ayi et ses compagnes cuisinières de rue sont étrangères dans leur propre pays. Malgré les contrôles de la police municipale, elles tentent de se faire une place dans ce quartier de Shangaï condamné à la démolition par les autorités chinoises. Sous la menace permanente d’une expulsion, nous suivons Ayi dans les rues de la métropole où elle subit la corruption des contrôleurs, seul moyen pour continuer à exercer son métier. Malgré une vie extrêmement difficile et consacrée au travail, Ayi reste une battante et nous donne ainsi une vraie leçon de vie.

Fabienne Moineaux – Bibliothèque départementale de Meurthe et Moselle (54)

D’emblée, dès les premiers plans, le film s’attache aux gestes précis avec lesquels Ayi accompagne ses préparatifs pour sa soirée de travail : lissage de ses longs cheveux, achalandage et arrimage de sa carriole. À ce portrait d’une femme au travail -même clandestin- se superpose bientôt l’annonce de deux disparitions : celle d’un métier traditionnel – la cuisine de rue – et celle d’un quartier ancien voué à la destruction, qui bientôt laisseront place à un centre commercial dans une reconstitution factice du vieux Shangaï. Alors pendant une dernière année, on suit Ayi poussant sa voiture à bras, dispensant son expérience aux plus jeunes, scrutant la rue pour échapper aux contrôles policiers, s’ennuyant quand les clients se raréfient. Avec attention et justesse les cinéastes observent le quotidien de labeur de cette femme dont l’existence se confond avec la profession.

Isabelle Louis – Médiathèque du Var (83)

Marine Ottogalli, Aël Théry nous présentent la vie d’Ayi. Cela fait vingt ans qu’elle cuisine au cœur d’un vieux quartier voué à une destruction imminente. Sans papier, elle subit des conditions de vie et de travail difficile entre la menace policière et les contraintes de cuisiner dans la rue. Le film montre la solidarité entre Ayi et ses comparses qui leur permet de combattre l’adversité. Dans le chaos d’une cité ultra moderne, ce film nous dépeint l’évolution de pratiques jugées insalubres et l’expulsion de la population indésirable qui les incarnent.

Christelle Bernard – Bibliothèque départementale de Belfort (90)

Ayi est « traiteur » de rue à Shanghai. Elle commence à cuisiner chez elle puis de 17h à 1h30 installe sa cuisine ambulante dans la rue. Mais sa présence est de moins en moins tolérée par les autorités de la ville. Elle mène une vie difficile. En effet, contrairement à ses frères, elle n’a pas pu faire d’études car c’était une fille. Son mari est décédé après une chute qui l’avait handicapé pendant 18 mois. Pendant cette période, elle le prenait en charge, ainsi que ses deux jeunes enfants et sa belle-mère. Ayi se livre avec pudeur sur ses difficultés. Son quotidien dépend des contrôles de police, de la météo et du nombre de clients qui se raréfient compte tenu des changements déjà bien visibles dans la ville. Ayi s’interroge sur le fait de rester ou de partir, ou comment trouver sa place dans une ville en pleine mutation. Le documentaire montre d’un côté les traditions et de l’autre l’évolution urbaine, à l’image de la Chine tournée uniquement vers la transformation.

Juliette Jean – Médiathèque Parchamp à Boulogne (92)

Ayi, cinquante ans, est une cuisinière de rue travaillant illégalement dans les rues de Shanghai. Sans permis de travail, elle n’a pas les mêmes droits que les résidents de la ville et subit de plein fouet la politique urbaine de modernisation et de destruction des quartiers traditionnels. On suit alors son quotidien, de la préparation de ses plats aux négociations avec les autorités pour garder son stand de nourriture. Un documentaire qui dresse le portrait d’une femme « migrante de l’intérieur » qui se bat pour gagner sa vie et partager sa passion pour la cuisine. Le portrait aussi, d’une société chinoise en mutation où les pratiques illégales font l’objet d’expulsions.

Publié le 20/03/2023 - CC BY-SA 4.0

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