L’avis des bibliothécaires sur 143 rue du désert

Dans toute la France, des bibliothécaires participent et font vivre le Prix du public dans leur commune. Cette semaine Gisèle, Irène, Arnaud, Sandrine, Isabelle et Juliette ont pris leur plume pour partager leur avis sur 143 rue du désert, de Hassen Ferhani.

Portraits de cinq bibliothécaires qui partagent leur critique du film : Sandrine Nicolas, Irène Godard, Gisèle Derioz, Juliette Jean, Isabelle Louis.
De gauche à droite : Sandrine, Irène, Gisèle, Juliette, Isabelle.

Gisèle Derioz – Médiathèque de Cornebarrieu (31)

On peut dire que Malika, qui signifie « reine » en algérien, est la reine du désert, du moins la reine du vide. Sa vie et ses journées défilent et sont remplies de rencontres des plus intrigantes, dans l’un des plus grands déserts du monde. Malika est isolée dans sa maison, qu’elle tient en tant que relais pour les conducteurs de passage au bord de la Nationale 1 : la Transsaharienne, à 900 km au sud de l’Algérie. Le réalisateur Hassen Ferhani nous dévoile le royaume de Malika, composé de quatre murs et de quelques fenêtres sur un monde infini. D’autant plus que la construction d’une station-service neuve vient bouleverser son commerce. Dans ce huis clos ouvert sur l’Algérie, c’est un réel road movie statique, qui permet de ralentir le rythme de notre quotidien et d’observer cette gardienne du vide. On reste curieux de découvrir pourquoi cette femme souhaite s’écarter du monde.

Irène Godard – Médiathèque La Source à Saint Lô (50)

143 rue du désert, c’est le titre du film de Hassen Ferhani. C’est aussi une bonne adresse le long de cette interminable route qui traverse l’Algérie du Nord au Sud. Celle qui vit là ? C’est Malika, la reine du désert. En filigrane, c’est l’histoire de l’Algérie qui défile. Que s’est-il passé dans la vie de Malika pour fuir la civilisation, pour arriver là ? Dans sa fuite qui s’est transformée en quête, Malika a réinventé le sens du bien commun en faisant de son lieu de vie et d’exil un lieu ouvert à tous, un ailleurs où on s’arrête pour mieux repartir. Hassen Ferhani avec son cinéma marqué par la photographie fait bien passer le message du temps qui semble s’arrêter. De ce milieu aride et minéral, la complainte de Malika surgit, sa voix sculpte le silence.

Arnaud Quatre – Bibliothèque de Reims (51)

Au cœur du désert algérien, sur les bords de la nationale 1 entre Alger et Tamanrasset, Malika, « la reine du désert », tient un petit café où défilent routiers, habitués ou personnes de passage. « Gardienne du vide », elle résiste, comme elle l’a toujours fait, entourée de sa chatte et de ses deux chiens, en assistant à l’ouverture prochaine d’une station-essence qui menace son activité. Au gré des enchaînements de plans fixes donnant sur des portes et fenêtres, ouvertures sur le désert et sur un monde en pleine mutation, les journées de Malika sont rythmées par les échanges, les débats et les confidences. À travers son histoire personnelle, parfois énigmatique, c’est aussi une histoire de l’Algérie qui défile devant nos yeux ensablés.

Sandrine Nicolas – Bibliothèque Louis Aragon à Foug (54)

À 70 ans, Malika tient depuis une trentaine d’années une petite buvette le long de la Nationale 1, la plus longue route du continent africain. Elle est seule dans cette toute petite maison de béton. Accoudée à sa table, elle accueille des voyageurs occasionnels comme des routiers habitués. Par sa seule présence, Malika, mystérieuse, impose le respect. Il y a un contraste entre cette immensité sableuse que l’on devine à travers la petite lucarne de la maison et la petitesse de la pièce dans laquelle Malika évolue. Le temps semble s’écouler très lentement et sa vie se nourrit de l’essentiel. Elle refoule jusqu’au dernier moment le tumulte de la ville même si elle devra peut-être s’y résigner… La vieille dame observe le monde et écrit son histoire. 

Isabelle Louis – Médiathèque du Var (83)

143 rue du désert est un film rempli de poésie, le temps passe au gré des gens qui s’arrêtent au café, comme les vagues vont et viennent sur une plage. Malika, hôtesse de 74 ans, reçoit les voyageurs au milieu du désert sur l’accès de la Nationale Une qui relie Alger à Tamanrasset. Hassen Ferhani va faire le voyage accompagné de son ami l’écrivain Chawki Amari qui a lui-même écrit un roman sur cet axe routier. Malika et son café vont devenir le sujet de ce film. Un portrait émouvant et riche, plein de rires, malgré les conditions de vie difficiles de cette cafetière.

Juliette Jean – Médiathèque Parchamp à Boulogne (92)

Malika tient une buvette au beau milieu du Sahara sur l’axe qui relie Alger à Tamanrasset en Algérie. Installée depuis plusieurs années, elle y accueille des gens de passage à qui elle sert le café, et avec qui elle échange souvent bien plus que quelques paroles. C’est le dialogue entre elle et ses hôtes que retrace ce film, car au travers des discussions émerge le portrait de la société algérienne. Malika apparaît alors comme un personnage à la fois très romanesque et profondément humain. Malicieuse, au caractère bien trempé, elle ne mâche jamais ses mots. Un road movie immobile au cœur du Sahara où se mêlent des histoires, des portraits d’individus, tout ça, le temps d’une pause chez Malika.

Publié le 20/03/2023 - CC BY-SA 4.0

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