Chavela Vargas
de Catherine Gund et Daresha Kyi

Sortie en salles le mercredi 15 novembre 2017.

De Frida Kahlo à Pedro Almodovar, artiste inspirante et inspirée, ce récit composé d’images rares révèle une femme à la vie iconoclaste et d’une modernité saisissante. Figure de proue de la musique mexicaine Ranchera, Chavela Vargas restera à jamais empreinte de récits et de légendes.

Photo du film
Chavela Vargas © Bodega Films, 2017

L’Avis de la bibliothécaire

« Je m’appelle Chavela Vargas. Ne l’oubliez pas ! Ne l’oubliez pas ! » martèle la chanteuse de ranchera. Pourtant, cela a bien failli se produire.

La ranchera est un type de musique populaire au Mexique, Chavela Vargas a épuré le genre, l’a sublimé de sa voix grave et puissante.

C’est lors d’un voyage de plusieurs mois au Mexique que la réalisatrice Catherine Gund assiste à une soirée dans un bar où chante Chavela  Vargas. Impressionnée, elle décide de la filmer puis d’aller l’interviewer après son spectacle. Nous sommes en 1991 et les entretiens se poursuivent chez Chavela. Ces séquences sont précieuses, la chanteuse a 71 ans. Le Mexique, les bars et cabarets célèbres l’ont oubliée depuis  vingt ans.
Le film remonte alors le temps, pour nous faire découvrir l’histoire de cette femme au magnifique visage. Les photographies en noir et blanc la montrent dans les vêtements qu’elle s’est choisi pour toujours, vêtue comme un homme, une provocation inouïe au début des années 50.
Les séquences d’archives audiovisuelles font revivre l’animation et l’effervescence de Mexico, d’Acapulco où les célébrités, d’Elisabeth Taylor à Ava Gardner, venaient en villégiature. C’est aussi l’époque où Chavela rencontre Frida Khalo qui deviendra son amante, et que l’on voit dans deux belles archives.
Une autre temporalité s’immisce dans le film par le biais d’entretiens réalisés en 2015 avec des femmes qui l’ont aimée. Elles racontent les failles de Chavela Vargas : une enfance sans amour, des parents honteux de cette fille étrange et qui la cachaient aux invités puis, pendant des années, les verres de tequila jusqu’au bout de la nuit avec les chanteurs et musiciens de ranchera ; et la solitude malgré les femmes séduites.

La seconde vie de la chanteuse, c’est Pedro Almodovar, admirateur passionné, qui l’évoque. Il lui ouvre les portes des scènes d’Espagne. « Je l’ai présentée dans des dizaines de villes, je me souviens de chacune d’entre elles, des minutes passées dans les loges avant le concert, elle avait arrêté l’alcool et moi le tabac. Dans ces moments-là nous étions comme deux syndromes d’abstinence côte à côte. » Elle a besoin de reconnaissance et rêve de chanter à l’Olympia de Paris. Almodovar jouant de sa notoriété, c’est devant une salle pleine que Chavela fait une éblouissante représentation. Elle pourra, enfin, son autre rêve, conquérir le palais des Beaux-Arts de Mexico, salle d’opéra où chanta Maria Callas.

Aujourd’hui, son apport à la musique ranchera est reconnu comme l’attestent plusieurs chanteuses et compositrices dans le film. « C’est un chant désespéré. Elle retire toutes les fioritures et elle en fait un chant de l’âme, de l’âme blessée ».
Si les chansons qu’elle interprète chantent le plus souvent la fin tragique de l’amour, cette grande séductrice n’a jamais cessé de le poursuivre. « Mes chansons sont dédiées à toutes les femmes du monde. Aux mères, filles, sœurs épouses, amies et amantes. »

Rappel

Chavela Vargas, de Catherine Gund et Daresha Kyi, production Aubin Pictures, 2017, 1 heure 33 min – Version originale sous-titrée en français
Sélection officielle, Festival de Biarritz Amérique latine 2017

Distribué en salles par Bodega Films

Chavela Vargas (Film – Annonce) from Bodega Films on Vimeo.

Publié le 14/11/2017 - CC BY-SA 4.0

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