Docteure en sociologie, enseignante à l’ITIC (Université Paul Valéry Montpellier 3) et chercheuse associée au Centre Max Weber, Élodie Hommel, dont la thèse porte sur la lecture de science-fiction et de fantasy, poursuit, en partenariat avec la Bpi, une enquête qualitative retraçant des parcours de lecture de jeunes adultes, dans le cadre d’un contrat de recherche signé entre la Bpi et le Centre Max Weber de l’ENS Lyon.
De grandes enquêtes quantitatives, notamment L’enquête pratiques culturelles, dressent régulièrement le portrait d’habitudes culturelles en mutation. L’essor du jeux vidéo et plus généralement du numérique, l’existence d’effets générationnels ou encore les progrès relatifs de la démocratisation sont bien documentés. Parmi ces grandes tendances, la féminisation et la baisse de la lecture de livres chez les nouvelles générations ont été pointées avec constance.
La recherche en cours conduite par Élodie Hommel s’inspire de travaux tels que “Tableaux de familles. Heurs et malheurs scolaires en milieux populaires” paru en 1995 au Seuil (B. Lahire), “Histoires de lecteurs” paru en 1999 chez Nathan (Mauger G., Poliak C., Pudal B.). Elle s’insère dans les nombreuses recherches pilotées par le SER sur les pratiques de lecture contemporaines (“Lectures numériques. Une enquête sur les grands lecteurs”, “La bande dessinée : quelle lecture, quelle culture ?”, “Les mangados”, “La lecture de la presse magazine par les jeunes adultes”, “Lire le noir”, “Discours sur la lecture 1880-2000”…). Élodie Hommel met en œuvre une démarche quasiment ethnographique qui permet d’observer au plus près les façons dont les individus peuvent échapper parfois à la règle du jeu social quand l’agrégat statistique (faussement homogène) prend le risque d’un déterminisme statique. En s’attachant aux situations et aux trajectoires biographiques, cette approche tentera de saisir la production d’espaces singuliers, parfois inattendus, de pratiques et de représentations.
Dans le cadre de cette recherche, des portraits de lectrices et de lecteurs seront publiés sur le site bpi.pro dans les pages dédiées aux activités de recherche du SER. Ces portraits ne constituent pas des matériaux bruts à proprement parler : ils ont fait l’objet d’un travail de mise en forme (mise en contexte, agencement, choix des extraits d’entretiens, etc.), d’analyse sociologique et ont été longuement discutés avec les chargés d’étude du SER. Dans un second temps, les textes seront amenés à évoluer encore puisqu’un livre est en projet. Cependant, ces portraits permettent d’ores et déjà de documenter, par leur dimension chronologique et temporelle forte, des processus d’évolution, des cycles de vies, entre abandons temporaires et reprises, en matière de pratiques et de représentations de la lecture de nos jours.