Le lieu

À deux pas du Canal de l’Ourcq, entre le Centquatre et la Villette, il se situe au fond d’une cour intérieure, un peu à l’écart de la rue mais signalé par une devanture colorée annonçant : médiathèque Matéo Maximoff. Ce nom, s’il n’est pas familier à nos oreilles, est bien connu des mondes romani.

Mort en 1999, Matéo Maximoff est l’un des écrivains Roms les plus traduits dans le monde. Auteur d’une dizaine de romans, traitant notamment de l’esclavage subi par les Roms en Roumanie pendant plus de cinq siècle, il était aussi un photographe de talent. La médiathèque a hérité de ses archives, comprenant ses manuscrits ainsi que 8 000 diapositives documentant un demi-siècle de présence romani en France et dans le monde, aujourd’hui intégralement numérisées. Matéo Maximoff a donné son nom à la bibliothèque en 2014. Il fait l’objet d’une exposition virtuelle retraçant sa vie et son parcours artistique.

Mais avant d’être ainsi rebaptisée, la bibliothèque existait déjà depuis 1949. Elle a été créée par l’association Études tsiganes, dont la revue éponyme, fondée en 1955, est la seule revue française dédiée au sujet. La bibliothèque a déménagé dans le 19ème arrondissement en 1978, avant d’être rattachée en 2004 à la FNASAT (Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage). En complément de ses pôles juridique, formation et habitat, la FNASAT édite également la revue Études tsiganes.

Des collections uniques en France

Les collections de la médiathèque se composent de 11 000 documents. Rigoureusement indexés, ils sont aujourd’hui classés alphabétiquement. Afin de faciliter l’orientation des usagers et de permettre une certaine sérendipité, ils seront, à termes, réorganisés thématiquement en suivant la classification Dewey.

Parmi ces collections : 6 000 documents écrits (romans, documentaires, BD, littérature jeunesse, poésie, mais aussi travaux universitaires et littérature grise), 2 000 documents sonores (dont une importante collection de CDs d’artistes tsiganes, parfois totalement absents des plateformes d’écoute en streaming), tous les numéros de la revue Études tsiganes depuis 1955 et une cinquantaine de titres de revues spécialisées. Un riche ensemble de ressources catalogué, à consulter sur place ou à emprunter gratuitement. Les numéros de la revue Études tsiganes de 1955 à 1992 sont disponibles sur Gallica et les numéros depuis 2007 sur Cairn.

Une programmation culturelle riche et diversifiée

La bibliothèque est aussi un lieu de vie et de culture, avec une riche programmation annuelle ouverte à tous. Elle met l’accent sur l’oralité, à travers les rencontres littéraires, la poésie et la musique. Elle propose également des expositions, à vocation nomade elles-aussi, à d’autres associations et établissements culturels, notamment des bibliothèques, sur simple signature d’une convention. À voir en ce moment, une exposition sur Raymond Gurême, qui fut l’un des derniers survivants de l’internement des nomades en France pendant la seconde guerre mondiale.

On peut aussi y découvrir les fascinants dioramas de France Warangot, maquettes miniatures reproduisant des installations tsiganes avec roulottes et voyageurs modelés en pâte Fimo. Une reconstitution dans le moindre détail du quotidien du monde du voyage, dont l’artiste a appris la langue et qu’il a suivi depuis son plus jeune âge.

La médiathèque Matéo Maximoff s’associe également à des événements mémoriels, comme la commémoration de l’internement des nomades pendant la Seconde Guerre mondiale au camp de Linas-Montlhéry, qui a lieu le dernier week-end de novembre à Brétigny-sur-Orge (91), ou encore la fête de l’insurrection gitane, organisée par l’association La Voix des Roms à Saint-Denis (93) et qui commémore le 16 mai 1944, date du soulèvement des familles tsiganes déportées à Auschwitz-Birkenau.

Et pour en savoir plus sur les Gens du voyage, à commencer par les différents noms qui leur sont donnés (« Nomades », terme employé à compter de 1912 puis pendant la Seconde Guerre mondiale au moment de leur persécution et qui sera remplacé en 1969 par la catégorie administrative « Gens du voyage », « Tsigane », terme exonyme à la communauté, contrairement à « voyageurs » ou « Roms », employés par les personnes concernées…), découvrez le petit lexique du Monde, ou bien réécoutez les quatre épisode de la formidable émission LSD, La série documentaire, sur France Culture.

L’ambition de la médiathèque, qui connaîtra bientôt des travaux de rénovation, est aujourd’hui de se mettre en réseau. Des liens sont déjà noués avec d’autres centres de ressources en Europe (en Allemagne et en Hongrie). L’ambition est aussi de construire un réseau à l’échelle locale, avec des bibliothèques de la Ville de Paris, ou nationale, avec les DRAC notamment, pour qui une journée d’étude sera organisée le 9 février 2024 à la médiathèque Matéo Maximoff. La médiathèque a également prêté des objets au Mucem pour l’exposition « Barvalo, Roms, Sinti, Manouches, Gitans, Voyageurs… » à voir jusqu’au 4 septembre 2023.

Horaires : lundi, mardi, jeudi, vendredi de 14h à 18h, mercredi de 10h à 13h et de 14h à 18h.
Contact : Leny Mauduit
Téléphone : 0140351217
Email : documentation@fnasat.asso.fr
Adresse : 59 rue de l’Ourcq 75019 Paris

Pour en savoir plus

Médiathèque Matéo Maximoff

Centre de ressources de la Fnasat-Gens du voyage (Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage)

Études tsiganes

FNASAT, 1955 - 2022

Études tsiganes est une revue française de sciences sociales consacrée aux Tsiganes et Gens du voyage, créée en 1955.

30(0) ETU

Manouches : portrait d'une communauté manouche contemporaine

Mirror, Kkrist (1958-....)
Steinkis éditions, 2016

Les Manouches ont deux prénoms, un pour l’état civil, l’autre pour la communauté. Archange-Tinoir a fondé avec son épouse Marie-La Blanche, marquée par son internement au camp de Montreuil-Bellay durant sa enfance, une grande famille, avec 7 enfants, 25 petits-enfants et 7 arrière-petits-enfants. Désormais patriarche, il guide les siens dans leur vie quotidienne, marquée par une grande précarité. ©Electre 2016

AL MAN

Tsiganes : une mémoire française, 1940-1946

Mirror, Kkrist (1958-....)
Steinkis éditions, 2016

L’histoire des Tsiganes internés dans le camp de concentration à Montreuil-Bellay, près de Saumur, administré par la police française. Fondé sur les travaux de l’historien Jacques Sigt, ce récit rend hommage à l’abbé Jollec qui s’est sacrifié pour la communauté tsigane. ©Electre 2016

AL TSI

Barvalo : Roms, Sinti, Gitans, Manouches, Voyageurs... Exposition, Marseille, Mucem, 10 mai 2023-4 septembre 2023

Dallemagne, Françoise (19..-....)
Anamosa, 2023

Constituant la plus grande minorité ethnique d’Europe, les populations romani n’ont cessé de faire l’objet de discriminations. Tout en mettant l’accent sur l’antitziganisme contre lequel elles luttent, ce catalogue éclaire la richesse et la diversité de leurs cultures. ©Electre 2023

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