Compte rendu de la réunion du Conseil de coopération du 27 janvier 2023

Le Conseil de coopération s’est réuni le 27 janvier 2023 à la Bpi.

Présents : Yohann Bourion (Bordeaux), Bénédicte Jarry (Brest), Émilie Richard (BD Calvados), Mélanie Villenet-Hamel (Clermont-Ferrand), Julien Barlier (Limoges), Marc Patard (BD Loiret), Nicolas Galaud (Lyon), David-Jonathan Benrubi (Montpellier), Johann Gillium (Nancy), Jean-Arthur Creff (Paris), Jean-Marc Laithier (Reims), Olivier Tacheau (Toulouse), Malik Diallo (Rennes/ADBGV), Laurence Favreau (BD Val d’Oise), Franck Queyraud (Réseau Carel), Cyrille Clavel (ABD), Reine Bürki (Enssib), Marine Gauvin (Pass Culture), Roseline Faliph (Pass Culture), Colette Gravier (CLL), Jérôme Belmon (SLL), Pascale Issartel (SLL), Valérie Travier (SLL), Christine Carrier (Bpi), Annie Brigant (Bpi), Magali Haettiger (Bpi), Éléonore Clavreul (Bpi), Élise Maacha (Bpi) et Jean-Baptiste Vaisman (Bpi).

Excusés :  Sylvie Puechbroussoux (BD Cantal), Isabelle Westeel (Grenoble), Pierre Chagny (Marseille), Anna Marcuzzi (Strasbourg), Patricia Rémy (Troyes), Hélène Brochard (ABF) et Delphine Henry (Fill).

Photographie des membres du Conseil de coopération assis autour d'une grande table ovale
© Bpi

Tour de table

Christine Carrier salue la présence de nouveaux membres au sein du Conseil de coopération : David-Jonathan Benrubi (Montpellier), Olivier Tacheau (Toulouse) ou encore Jean-Arthur Creff (Paris). Elle salue plus particulièrement l’arrivée d’un nouveau partenaire qu’est la BD du Loiret et son directeur, Marc Patard. Elle présente aux membres Élise Maacha, nouvellement arrivée au sein de la Délégation à la coopération.

En guise de tour de table, Christine Carrier propose aux membres de faire un point sur la fréquentation ainsi que d’évoquer leurs projets en cours.

Malik Diallo indique qu’à Rennes la fréquentation est revenue au niveau de 2019. Plusieurs projets sont en cours dans le réseau rennais : la refonte du portail numérique, la réorganisation de la gestion des bibliothèques de quartier ainsi que la rénovation de certains espaces. Enfin, la construction d’un tiers-lieux est à l’étude.

La situation fortement contrainte est toujours d’actualité à Limoges. Malgré une diminution des horaires d’ouverture, la fréquentation a retrouvé son niveau de 2019.

Deux projets sont en cours à Nancy : la rénovation de la bibliothèque centrale et le lancement d’un projet de construction dans un quartier prioritaire de la ville.

À Toulouse, un grand projet de réorganisation en lien avec une nouvelle territorialisation, avec des transferts de budget, de personnel ou de mission, est en cours ainsi qu’un projet de réinformatisation.

Sorties d’un projet BNR, les bibliothèques de Reims s’engagent désormais dans un projet de réflexion autour des horaires d’ouverture. Alors que la fréquentation reste inférieure à celle de 2019, les prêts ont eux retrouvé leur niveau d’avant la crise sanitaire. 

Si les arbitrages budgétaires devraient également être contraints à Montpellier, David-Jonathan Benrubi poursuit la réorganisation du réseau. Autre projet à venir, les bibliothèques vont lancer un festival de graphisme avec l’ambition d’un rayonnement européen. Fréquentation et prêt sont encore inférieurs aux chiffres 2019. 

Nouvellement arrivé à la tête du réseau des bibliothèques parisiennes, Jean-Arthur Creff évoque notamment la future bibliothèque James Baldwin, mutualisée avec une maison des réfugiés. 

Dans le Loiret, c’est la troisième année de BNR qui s’ouvre autour des axes de l’informatisation, de l’inclusion numérique et du fablab. Marc Patard (BD Loiret) travaille avec son équipe à la rédaction du schéma 2 de la lecture publique, soulignant la difficulté de le rendre totalement innovant, alors même qu’un certain nombre de dispositifs ont déjà été introduits. Ces derniers tendent à changer leurs regards sur les bibliothèques, souhaitant en faire de plus en plus des tiers-lieux au cœur des villes et villages. 

À la BD du Calvados, Emilie Richard travaille à la validation du nouveau schéma de la lecture publique, une première pour le département grâce à la loi Robert. En 2023, il va s’agir de décliner le schéma validé en réorganisant la bibliothèque départementale, tout comme devrait l’être le bâtiment lui-même. Avec la troisième année de la stratégie numérique BNR, c’est l’installation de la RFID avec double encodage qui est à lancer. 

L’Enssib élabore son nouveau projet d’établissement autour des axes de la science ouverte, de la responsabilité sociale et environnementale, de la prospective sur les métiers et des compétences. En plus de prochaines journées d’étude sur l’EMI, le Printemps des métiers sera consacré cette année à l’impact de l’intelligence artificielle sur les métiers des bibliothèques. L’école est surtout en attente du décret confirmant l’intégration des conservateurs dans l’INSP, qui remplace l’ENA.

À Brest, Bénédicte Jarry indique que si les prêts sont revenus au niveau de 2019, ce n’est pas encore le cas de la fréquentation, du moins pour la médiathèque centrale car les bibliothèques de quartier, elles, l’ont retrouvé. L’enjeu actuel est celui du devenir des conseillers·ères numériques, alors qu’approche la fin du dispositif dont il s’agira de faire le bilan. Des projets d’équipements dans les quartiers de la ville sont en préparation.

S’il demeure des écarts sur le territoire, la fréquentation est dans l’ensemble revenue à la normale dans le Val d’Oise. Des études sont prévues avec le nécessaire bilan de BNR1 en 2023 ainsi que la phase de diagnostic de territoire du premier CDLI. En plus d’une grande réorganisation de la direction de la culture, Laurence Favreau et son équipe travaillent à un projet d’installation de la BDVO dans un autre bâtiment du conseil départemental, l’occasion de s’ouvrir aux publics. De même des axes de travail concernant le développement durable ou l’accessibilité vont être privilégiés dans les prochaines actions de la bibliothèque.

Pour l’ABD, les différents chantiers en cours portent sur la structuration de la lecture dans les campagnes, en lien avec le SLL, ainsi que la question de la transition écologique. Cyrille Clavel annonce que les prochaines journées de l’ABD se tiendront à Saint-Brieuc du 25 au 27 septembre 2023 avec pour sujet la structuration des territoires et le rôle que les bibliothèques départementales peuvent y jouer.

Pour Lyon, Nicolas Galaud fait le constat que la fréquentation reste inférieure de 25% à celle de 2019, en particulier à La Part Dieu qui pâtit peut-être de la désaffection pour les transports en commun et le développement du télétravail. À l’inverse, il note une augmentation des budgets, pas seulement dû aux effets de la crise énergétique, et même si la bibliothèque travaille à progresser sur la transition écologique et la sobriété numérique. En plus du projet au long cours de rénovation de La Part-Dieu, qu’il convient de relancer en particulier auprès des usagers, s’ajoute un projet de renforcement de la gouvernance territoriale « Puissance 9 ».

À Clermont-Ferrand, le projet de l’Hôtel Dieu reste le principal projet avec l’objectif d’une réhabilitation d’un site patrimonial pour en faire un bâtiment HQE. Autre fort enjeu pour le territoire, la candidature de la ville pour être capitale européenne de la culture devrait permettre de bénéficier de mécénat via des fonds européens. Sinon, Mélanie Villenet-Hamel lance le passage en RFID des bassins de lecture non encore pourvus, préalable à la possibilité d’un prêt universel sur tout le territoire, et prévoit également la rénovation de la bibliothèque d’une petite commune périurbaine.

Yoann Bourion constate qu’à Bordeaux la reprise de fréquentation se fait partout sauf à Mériadeck qui est toujours à -25%. En plus d’une refonte de l’organigramme, la bibliothèque est dans la suite du label BNR2 obtenu en décembre 2022. Également labellisée 100% EAC, la ville va proposer un logiciel connecté au réseau Éducation nationale afin de permettre à tous les élèves d’être dans un parcours EAC. Les bibliothèques vont voir comment il serait possible de proposer davantage de ressources par ce biais. Enfin, un budget a commencé à être débloqué pour la création d’un pôle culturel hybride rive gauche, vers le port de Bordeaux.

Concernant la Bpi, Magali Haettiger signale, tout d’abord, la prochaine journée sur l’EMI qui aura lieu en fin d’année 2023. De même, l’étude sur les publics de la musique sera bientôt terminée et les membres du Conseil de coopération pourront avoir une présentation de ses résultats. Dans le mouvement de mise en place du référentiel Service Public +, la Bpi réfléchit à la mise en place de comités d’usagers.
Christine Carrier fait un point d’information sur les futurs travaux, le site de relogement de la Bpi ayant été trouvé ainsi que les financements nécessaires. Concernant le projet Bpi 2030, à l’issue des travaux, la rénovation technique est l’occasion d’un nouveau projet scientifique, avec la création notamment d’un pôle jeunesse.
La fréquentation n’a atteint que 1,125 million de personnes en 2022 (contre 1,4 en 2018). Si la Bpi est désormais ouverte 2 heures de plus le week-end depuis septembre, soit 64h au total, le retour à l’entrée unique par la piazza peut aussi expliquer cette légère baisse, le temps que nos usagers s’approprient cette nouvelle circulation.

Présentation du programme de travail du SLL en 2023, par Jérôme Belmon

Jérôme Belmon présente les projets et axes de travail du SLL pour 2023 :

  • Communication : campagne nationale à faire sur les bibliothèques. Le Ministère souhaite préparer avec les instances représentatives de la profession les messages et contenus de la campagne, pour diffusion début septembre. Cette campagne a vocation à être renouvelée chaque année afin d’inciter  les habitants à retourner à la bibliothèque.
  • La publication d’un atlas des bibliothèques, à partir des données d’activité les plus récentes et les plus fiables remontées par le terrain, est un objectif pour la rentrée. Cet atlas s’organisera en 3 parties : indicateurs nationaux, fiches régionales et enfin infrarégionales avec quelques focus (outre-mer, zones rurales, …).
  • Le Ministère reste très attaché au projet d’enseigne des bibliothèques.
  • Le SLL travaille à convaincre la ministre de lancer un nouveau plan lecture et territoires pour intéresser les politiques.
  • Le chantier du comptage du public est essentiel politiquement. Il est nécessaire pour les bibliothèques d’être en capacité, comme les autres acteurs culturels, d’indiquer combien de personnes fréquentent nos établissements.
  • L’élargissement des horaires d’ouverture est un sujet difficile à porter à l’heure où l’urgence de la crise énergétique concentre les moyens et les attentes et entraîne une réduction des avancées en la matière. Un travail sur la loi devrait permettre de convaincre les tutelles locales de proroger le dispositif d’aide afin de passer la crise.
  • Le renforcement des bibliothèques départementales par des aides de l’État et des départements est à l’étude. Une piste envisagée est de s’appuyer sur les contrats départementaux lecture (CDL) avec une attention plus particulière sur les petites et moyennes villes à qui ne sont pas toujours attribuées les mêmes missions que les grandes. L’objectif est que des CDL soient signées avec tous les départements d’ici la fin de la mandature.
  • La question du recrutement des conservateurs territoriaux se pose au vu de postes qui ne suscitent pas de candidatures. Plus globalement, des difficultés de recrutement se font jour à tous les niveaux, des contractuels venant alors pallier ce manque.
  • La situation spécifique des Outres-mers pourrait amener à créer une DGD bibliothèque spécifique pour ces territoires ultramarins, afin d’aider au financement de postes de cadres (A et B) et, au-delà, au développement de la lecture publique.
  • 3 idées sont à creuser :
    • des difficultés persistent avec le monde du périscolaire où les animateurs sont peu sensibilisés au livre, ce qui nécessiterait de revoir leur formation ;
    • le lancement d’un dispositif Lire en Vacances (inspiré des Pays-Bas) avec la mise à disposition gratuite de livres numériques pour l’été (via le pass culture) ;
    • veiller au développement d’innovations liées à l’IA et aux technologies immersives dans les bibliothèques.
  • La création d’un portail national du livre accessible, en 2025, devrait permettre de mieux signaler l’ensemble des livres nativement accessibles et des livres adaptés, avec indication des types de formats et de handicaps. Ce portail sera adossé à une bibliothèque numérique permettant d’accéder aux adaptations déjà disponibles. Il permettra aussi de demander une adaptation qui ne serait pas disponible.
  • L’’accessibilité des portails et catalogues sera désormais un pré-requis pour obtenir le financement de l’État pour tout projet numérique. 
  • Les dispositifs de financements européens sont un des axes de présentation que peut proposer la DCNI de la Bpi notamment en organisant dans les territoires des journées d’information. Le SLL encourage donc les membres du Conseil à solliciter la DCNI en cas de besoin.
  • L’offre de formation va être repensée grâce à des concertations et la mise en place de catalogues régionaux plus cohérents pour les collègues.
  • Plusieurs questions statutaires sont aussi à étudier :
    • MESR et MC ont demandé à l’IGESR une étude sur l’évolution des statuts des conservateurs (État et territoriaux) au regard des évolutions des conservateurs du patrimoine qui, eux, ont progressé.
    • Un travail sur le statut des autres cadres d’emplois (B et C) est aussi à mener.
    • Un groupe de travail va fédérer toutes les initiatives et faire veille sur les acteurs et les textes en matière de transition écologique.
  • Au sujet du patrimoine : si le signalement des livres anciens et manuscrits en cours devrait être achevé d’ici 2025, trois nouveaux sujets s’ouvrent à commencer par l’obligation pour toute bibliothèque classée de disposer d’un plan d’urgence. De même, un plan de numérisation de la presse ancienne, pour la BnF mais pas seulement, va être lancé ainsi qu’un nouveau décret à venir sur le dépôt légal afin de permettre une meilleure collecte des contenus numériques mais aussi de régler la question du maintien ou non du dépôt légal imprimeur.

Les bibliothèques et le pass Culture, vers la conquête de nouveaux publics ?, par Marine Gauvin, coordinatrice Éducation artistique et culturelle, et Roseline Faliph, référente Livre et Lecture et chargée de développement en région Sud PACA, (Pass Culture)

Outil destiné à favoriser l’accès aux arts et à la culture des jeunes de 15 à 18 ans, et à encourager et diversifier leurs pratiques culturelles et artistiques, le pass Culture relève d’un axe prioritaire défini par le gouvernement. 

Plus connu, le volet individuel du dispositif, avec les crédits versés aux jeunes de 15 à 18 ans, est complété par un volet collectif où les crédits sont versés aux établissements en vue d’organiser des activités d’éducation artistique et culturelles sur le temps scolaire. Si de nombreux acteurs et lieux culturels sont déjà bien représentés dans l’offre de pass Culture, l’enjeu pour le dispositif est de développer et mettre en valeur également les propositions culturelles gratuites ainsi que d’aider à construire des offres spécifiques à destination des jeunes.

L’ensemble du dispositif trouve sa traduction dans une application qui propose un agenda des événements mais surtout une géolocalisation de l’offre afin de permettre aux jeunes de découvrir ce qui est à sa disposition dans son proche périmètre, qu’il soit chez lui, à l’école ou bien encore dans une autre région, en vacances, … 

L’équipe du pass Culture propose dès lors aux acteurs culturels de se faire recenser sur l’application et pouvoir ainsi apparaître sur la carte. Pour ce faire, en lien avec son contact régional de pass Culture, chaque institution peut obtenir un compte professionnel qui va lui permettre ensuite d’y indiquer les informations sur son établissement et mettre à jour régulièrement les événements, médiations, offres payantes comme gratuites qu’il peut proposer. 

À ce titre, les bibliothèques entrent totalement dans le cœur de cible du dispositif de par toutes les médiations qu’elles organisent. Elles ont donc toute légitimité à être recensées par le pass Culture. En lien avec les DRAC et les agences régionales du livre, c’est même une nouvelle priorité depuis janvier 2022 afin de compléter la liste des 815 bibliothèques déjà référencées.

Il est à noter d’ailleurs que sur les 2,6 millions de jeunes inscrits actifs, la moitié des dépenses de crédits a porté sur le livre (7,6 millions achetés). Si le manga se taille la part du lion, près de la moitié des utilisateurs du pass Culture se sont aussi tournés vers des genres littéraires qu’ils ne lisaient pas auparavant. Surtout, 45 % des utilisateurs ayant réservé au moins un livre se disent intéressés par la possibilité d’obtenir un abonnement à une bibliothèque ou à une médiathèque avec le pass Culture. Mieux, ils identifient les bibliothèques non seulement comme des lieux d’emprunt, source d’économies et d’écologie, mais aussi comme des lieux de vie et de rassemblement au travers des rencontres et autres animations qu’elles organisent. Ces résultats sont autant de ferments d’optimisme pour les professionnels.

Les difficultés des collectivités face au numérique, par Jean-Marc Laithier, (Reims)

Jean-Marc Laithier (Reims) expose la situation de l’offre de VàD proposée dans son établissement. Si l’offre est très cohérente depuis 2018 et que le marché passé avec CVS s’avère satisfaisant, le succès rencontré entraîne une hausse des coûts du fait de l’augmentation du nombre d’abonnés et surtout des films vus. Avec un système mixte où un film vaut 1 ou 2 jetons, d’une valeur de 2,20 €, la facture est passée de 5 000 € en 2019 à 35 000 € en 2022 pour un ensemble de 1 500 personnes qui profitent de 3 films par mois maximum.

Dans le même temps, les prêts de DVD continuent de diminuer : de 160 000 en 2018, ils sont passés à 105 000 en 2022, avec un taux de rotation légèrement supérieur à 3.

La problématique d’un modèle de la VàD qui ne permet pas de maîtriser suffisamment son budget apparaît d’autant plus criante en période de crise budgétaire. Se pose alors la question d’une solution collective dans les négociations avec les éditeurs et distributeurs.

À Bordeaux, le choix qui a été fait d’une médiathèque numérique, avec un catalogue plus réduit mais davantage de visionnages possibles par mois, permet de maîtriser les coûts.

Mélanie Villenet-Hamel (Clermont-Ferrand) explique travailler avec la bibliothèque départementale afin de proposer une offre mutualisée sur tout le territoire, ce qui est bien perçu aussi par la tutelle politique.

Interrogé, Franck Queyraud précise, pour Réseau Carel, que d’autres acteurs (filmfriend, LaCinetek d’Arte) ne sont malheureusement pas encore en mesure de concurrencer l’offre de CVS. Emmanuelle Suné (négociatrice Réseau Carel) pointe également la difficulté inhérente à une offre basée sur le paiement à l’acte et un système de jetons dont la valeur n’est pas toujours claire. Si l’ADAV propose elle aussi une offre qui a l’intérêt de permettre à la bibliothèque de constituer sa propre collection, le catalogue manque de nouveautés, en raison de la chronologie des médias, et ne pourra guère satisfaire la demande de nouveautés du public.

Le dilemme est donc de choisir entre se positionner sur la nouveauté, demandée par les usagers, ou bien de plutôt proposer une offre patrimoniale de films moins récents.

Nicolas Galaud (Lyon) note que la baisse des prêts de DVD montre malgré tout l’importance de supports complémentaires aux plateformes (Netflix et autres) que peuvent proposer les bibliothèques. La question est alors celle des droits manquants afin de numériser pour visionnage les films déjà achetés sur d’anciens supports physiques. Pascale Issartel (SLL) rappelle qu’il y a là un vide juridique sur lequel travaille le ministère de la Culture.

À ce stade, d’autres solutions semblent manquer. La mise en place de licences nationales paraît peu probable tout comme il est impossible pour Réseau Carel, faute d’être organisé comme un consortium, de porter un groupement d’achat. L’expérimentation de groupements interdépartementaux pourrait être une piste à creuser.

La médiathèque et pôle musical Jack Ralite, par Mélanie Villenet-Hamel (Clermont Communauté)

Mélanie Villenet-Hamel (Clermont-Ferrand) présente le nouvel équipement du réseau clermontois : la médiathèque et pôle musical Jack Ralite. Ouvert en décembre 2021, il n’a été inauguré qu’en juin 2022 du fait de la crise sanitaire. Sa forte identité musicale est liée à celle du bassin nord ainsi qu’au fonds « Le Son de l’Auvergne » qu’il conserve.

Plus qu’une nouvelle construction, il s’agit avant tout du transfert d’une précédente médiathèque dans un nouveau bâtiment à quelques pas de son ancienne localisation. En signe de ce déplacement, une grande écharpe tricotée par les habitants a même été déployée entre les deux sites, après la fermeture de l’ancienne médiathèque. Si la nouvelle médiathèque reste dans des dimensions similaires à la précédente implantation, l’équipement mutualisé a gagné en clarté, en sécurité et bien sûr en mètres carrés pour accueillir les espaces du pôle musical et l’entrée mixte aux deux composantes où un médiateur social a été installé.

Inspiré par ces terres d’ovalie, le cabinet FGA a conçu le bâtiment en forme d’un ballon de rubgy avec un travail sur la lumière et l’acoustique qui rend les espaces largement ouverts confortables à travailler pour les équipes. 5 agents sont ainsi présents pour ouvrir les 700 m² de la médiathèque (sur 1 431 m² pour l’ensemble), le pôle musical mitoyen à la médiathèque étant géré par une autre équipe dépendant, elle, du service Musique images de la Métropole. Les deux espaces peuvent d’ailleurs être ouverts indépendamment l’un de l’autre.

Si l’équipe de la médiathèque travaille également dans d’autres équipements du réseau, selon un fonctionnement mutualisé par bassins propre au réseau clermontois, la coexistence des deux équipes dans le bâtiment se passe bien, et ce sans doute grâce à leur participation collective à la phase de préfiguration de l”établissement.

D’ores et déjà, l’engagement des habitants est au rendez-vous avec une fréquentation en hausse et des espaces qui rencontrent un grand succès, à commencer par la nouvelle salle de travail mais aussi la salle de jeux, l’espace numérique ou encore la salle polyvalente pour les actions culturelles. Cette dernière est d’ailleurs accessible également de l’extérieur et peut servir indépendamment de la médiathèque et du pôle musical. A noter qu’avec le projet « Aux chiottes la poésie », l’équipement a été récompensé d’un prix au concours Chouettes toilettes organisé par l’ABF.

Projet de travailler sur l’accueil des diversités aux Champs libres, par Malik Diallo (Rennes)

À Rennes, dans la lignée du vote de la gratuité en 2020, l’établissement des Champs Libres se lance dans une réflexion prospective sur leur manière d’accueillir les diversités. Malik Diallo (Rennes) liste les principales difficultés constatées par l’équipe : 

  • de traduire en acte l’ambition des droits culturels.
  • de faire savoir que les Champs Libres est un établissement inclusif
  • d’ accueillir tout le monde dans sa diversité
  • de dépasser le seuil national des 16-20% d’inscrits

Aussi, si les Champs Libres ciblent souvent des publics spécifiques, ils voudraient sortir de ce schéma pour essayer de faire mieux et passer d’une logique d’égalité à celle d’équité pour un même accès au service public. De cette façon, l’objectif est aussi de mieux faire connaître l’institution. En effet, réalisée par la société TMO, une enquête menée auprès de la population rennaise a montré le défaut de notoriété de l’équipement pour certains habitants.

Dès lors se pose la question de permettre à chacun de trouver, selon sa condition, un service spécifique qui réponde à ses besoins. Au-delà de la communication, c’est une stratégie d’hospitalité qu’il s’agit de mettre en place. Dans le même ordre d’idée, les Champs Libres ont développé une logique d’empathie sociale pour accueillir au mieux les publics, et ce même sans avoir vécu ce qu’ils ont pu ou peuvent vivre. Le recours aux arts, à la littérature et plus largement à la fiction sont des outils très utiles et particulièrement pertinents s’agissant d’une bibliothèque.

Le choix des Champs Libres comme premier terrain de la réflexion est également lié à son positionnement institutionnel qui facilite la mise en relation au travers de dispositifs déjà existants :

  • les 4C
  • une politique d’accueil refondue depuis 2015 et axée justement sur la relation et l’inclusion. L’ajout de la notion de diversité donne un cap à cette politique d’accueil pour les 5 prochaines années.
  • la présence d’une équipe de médiation dédiée

Pour construire sa réflexion, l’équipe se base sur une grille d’analyse utilisée par des musées américains selon une démarche DEAI (diversité, équité, accessibilité, inclusion). Pour l’heure, le travail de traduction et d’adaptation de la grille au contexte français, où l’idée de communautés se heurte quelque peu à l’idéal républicain universaliste, a été confié à Anne Chastrusse et un élève conservateur. De cette adaptation pourra être définie la feuille de route des prochaines étapes, à commencer par un congrès interne en juin prochain pour réfléchir collectivement sur le sujet.

Interrogé sur la reproductibilité de cette grille d’analyse hors de Rennes, Malik Diallo indique qu’il pourrait effectivement en émerger un outil. Plusieurs membres saluent la démarche et soulignent combien cela permet de sortir quelque peu de la situation dans laquelle sont parfois enfermées les bibliothèques d’apparaître comme des relais d’une norme sociale majoritaire. Valérie Travier (SLL) suggère également d’associer les usagers eux-mêmes à un moment de la réflexion pour aussi sortir des seuls indicateurs quantitatifs de fréquentation par exemple qui ne reflètent que peu la qualité de l’accueil ressenti par le public. La réflexion n’en étant qu’à ses prémices, de nouveaux points pourront être faits sur l’avancée des travaux lors de prochaines réunions du Conseil de coopération.

Point Coopération et le programme 2023 : journées et voyage d’étude, échanges de professionnels, site Bpi pro.

Eléonore Clavreul (Bpi) annonce les dates du prochain voyage d’étude à l’étranger, du 14 au 16 juin, et confirme la destination pressentie d’Oslo pour y visiter les bibliothèques norvégiennes.

Jean-Baptiste Vaisman (Bpi) annonce les journées d’étude à venir, sans oublier les épisodes mensuels de Bibliogrill : 

  • 08-10 juin : la Bpi sera présente au Congrès de l’ABF 2023 à Dunkerque
  • 20 juin : Journée Actualités de la recherche, en partenariat avec l’Enssib
  • 10 octobre : journée sur la fréquentation des bibliothèques avec l’AFNOR et le SLL

De nouveaux échanges de professionnels seront organisés prochainement pour des collègues de la Bpi. Pour autant, le dispositif peut aussi bénéficier aux agents des établissements partenaires de la Bpi qui y seront les bienvenus.

Élise Maacha (Bpi) fait un point sur le site Bpi pro pour en repréciser les enjeux de diffusion de bonnes pratiques. Un appel est lancé aux membres du Conseil de coopération pour qu’ils n’hésitent pas à proposer de nouveaux articles en fonction des projets, actions ou médiations mises en place dans leurs réseaux et établissements.

Publié le 27/06/2023 - CC BY-SA 4.0

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