We Blew It
de Jean-Baptiste Thoret

Que sont devenus les rêves des années 1960 et 1970 ? Qu’en pensent, aujourd’hui, ceux qui ont vécu cet âge d’or ? Jean-Baptiste Thoret revient sur les utopies de ce passé proche pour comprendre comment l’Amérique est passée d’Easy Rider à Donald Trump.

L’ Avis du bibliothécaire

« We blew it » (on a tout foutu en l’air), c’est ce que répond Peter Fonda à Dennis Hopper à la fin du film Easy rider, road movie hippie tourné en 1968. C’était un constat d’échec, une réplique mystérieuse qui s’est révélée prémonitoire car l’idéalisme des sixties aura accouché 50 ans plus tard de Donald Trump qui rejette la responsabilité de la crise actuelle sur la génération 68 dont Hillary Clinton serait l’héritière.
 
Jean-Baptiste Thoret est un universitaire et un critique, spécialiste du cinéma américain des années 70 qui passe ici du livre à la réalisation d’un film en 35 mm. Il interroge des témoins des années 60 et 70, réalisateurs de films mais aussi anonymes croisés au cours de son tournage de 3 mois à travers les Etats-Unis.
 
Certains nostalgiques de Woodstock sont devenus paradoxalement des supporters de Trump. D’autres gardent leurs idéaux de jeunesse intacts. Les cinéastes parlent pour beaucoup de la force de cette époque où le public demandait aux artistes, aux cinéastes, des réponses à leurs interrogations sur les grands changements en cours, sur la guerre du Vietnam, le marxisme, la ségrégation raciale, la drogue, la révolution sexuelle.
 
Cette réflexion historique sur ce qu’est devenue la génération 68, sur l’art comme acteur de son temps, mêle interviews, extraits de films d’époque, beaux plans en cinémascope de l’Amérique filmée le long des routes et superbe bande-son vintage.
 
Une parole libre, une réflexion ouverte, un beau travail de filmage, la musique donnent un road-movie mélancolique et élégiaque, un film réussi qui aide à la compréhension de ce passé proche qui devient peu à peu historique.

Rappel

We Blew It, de Jean-Baptiste Thoret, France, 2017, 2 h 17, production Section 5
Le film a été présenté au Festival du cinéma américain de Deauville en 2017.

Distribué en salles par Lost films