Appartient au dossier : « J’irai revoir le Calvados » : voyage d’étude dans les bibliothèques du Calvados (du 30 septembre au 1er octobre 2021)

Une nouvelle vocation pour les Franciscaines : la culture décloisonnée
par Nathalie Morice, responsable des collections des Bibliothèques de Rennes

En octobre 2021, 110 000 visiteurs ont déjà franchi les portes des Franciscaines depuis son inauguration le 13 mai 2021. Médiathèque, musée et salle de spectacles, le projet des Franciscaines naît dans un couvent du XIXe siècle logé au cœur de Deauville. Lieu patrimonial à la pointe du numérique, l’établissement enchante par sa beauté et par son projet culturel singulier.

Construit en 1875 pour la communauté des sœurs franciscaines, le couvent situé au cœur de la station balnéaire née en 1860 a été racheté par la ville en 2011. Une décennie plus tard, ce lieu patrimonial familier des Deauvillais a été rénové par l’architecte Alain Moatti dans le respect du bâtiment d’origine et du projet à venir.

Photographie du patio intérieur des Franciscaines à Deauville
© N. Morice

L’histoire du projet actuel est née d’une déception – un premier projet avait avorté en raison de la crise financière de 2008 –, de contraintes – la ville de 3500 habitants n’avait pas les capacités financières pour construire une médiathèque, une salle de spectacles et un musée, – et d’une formidable opportunité – la proposition des sœurs de céder à la Ville leur couvent.

En parallèle, la veuve du peintre André Hambourg (1909-1999) a promis une donation des peintures de son mari à la condition qu’un lieu leur soit dédié. Toutes les conditions étaient réunies.

Le projet culturel prend forme : le couvent des Franciscaines est destiné à devenir l’écrin de la collection Hambourg, des 200 œuvres du XIXe et XXe siècles mises en dépôt par l’association Peindre  en Normandie, mais également du millier de clichés photographiques que conserve la ville.

Les collections s’entendent ainsi au sens large dès lors que l’on considère sur un même plan les œuvres d’art et les collections courantes de la médiathèque destinées au prêt. Voilà où réside l’originalité du projet : un lieu de dialogue entre les œuvres, débarrassées (littéralement) des cloisons qui séparent habituellement les institutions.

Photographie de l'espace Spectacles des Franciscaines à Deauville avec un lecteur qui lit un journal à une table
© N. Morice

Et c’est ce que donne chaque jour à voir les Franciscaines au public : les peintures, les photographies et les documents sont partout, jusqu’au restaurant. Savamment organisées en cinq univers, Deauville, Cheval, Spectacle, Art de vivre et jeunesse, les collections sont choisies et valorisées en fonction de leurs affinités (et non de leur support) et de leurs liens avec l’histoire culturelle de Deauville.

« L’idée est que l’on ne sache plus si l’on est au sein d’une bibliothèque ou dans les galeries d’un musée. Le contenu va régulièrement évoluer, avec des rotations tous les six mois qui permettront de dévoiler différents aspects des collections. Il y aura toujours quelque chose à découvrir » déclarait Gwenaëlle Lancelot, directrice de la médiathèque, dans le hors-série que le magazine Connaissance des arts a consacré aux Franciscaines.

En pratique, sont empruntables 80 000 imprimés, 2500 DVD, 2000 jeux, 7000 CD, 130 partitions et 11 180 revues. 16 000 photographies et 9 000 cartes postales complètent la collection mise à disposition dans tous les espaces du bâtiment, soit 6 500m2. 

Unique en son genre, le Fonds cheval, est composé d’un fonds exceptionnel de 100 000 documents (lithographies, imprimés, tableaux, journaux…) qui rappelle la passion pour le sport équestre des Deauvillais.  Pôle associé de la BnF, Les Franciscaines signait en 2018 une convention de coopération numérique avec l’institution parisienne afin de mettre à disposition du plus grand nombre cet impressionnant fonds patrimonial. 

Photographie de l'univers cheval dans les franciscaines à Deauville
© Bpi

Rappelant l’importance du numérique et des pratiques participatives dans la conception du projet, des écrans géants, disposés dans les galeries couvertes du couvent, diffusent en temps réel des expositions réalisées par les visiteurs à partir de l’ensemble des collections numérisées.

Photographie des écrans qui projettent les expositions choisies sur les tablettes par les usagers des Franciscaines à Deauville
© Bpi

Les Franciscaines est un lieu touristique autant qu’un lieu à vivre, à destination d’un public de passage, mais imaginé et aménagé pour le plus grand confort des Deauvillais. Seul bémol, le tarif d’abonnement annuel qui permet d’emprunter des documents et de profiter des expositions temporaires s’élève à… 60 euros par personne.

Soulignons, pour conclure cette visite, combien le personnel joue un rôle capital dans le succès des Franciscaines, en assurant des missions d’accueil envisagées en transversalité sur l’ensemble des collections : là non plus pas de barrières. Quelles sont d’ailleurs les qualités requises pour rejoindre cette équipe ? « Ouverture, curiosité d’esprit et intérêt du candidat pour le projet » répond Gwenaëlle Lancelot, étant entendu qu’« une formation en bibliothéconomie ou en histoire de l’art peuvent être un plus ».

Publié le 15/12/2021 - CC BY-SA 4.0

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