Kristina Košič Humar, bibliothécaire en Slovénie
Kristina Košič Humar est bibliothécaire en Slovénie à a Bibliothèque municipale de Ljubljana. Elle a fait son stage « Résidence culture » à la Bpi du 1er juin au 14 juillet 2024.
Peux-tu présenter ta bibliothèque et ton rôle au sein de ta structure ?

Je viens de la Bibliothèque municipale de Ljubljana. C’est la plus grande bibliothèque publique en Slovénie. Créée en 2008, elle réunit 5 bibliothèques de district et 33 bibliothèques de réseau, complétées par les 47 arrêts de bibliobus.
Bien qu’elle soit généraliste, elle englobe deux centres spécialisés : la Bibliothèque pionnière – Centre de littérature et de bibliothéconomie jeunesse, et la Bibliothèque slave – Centre d’études locales et de collections spécialisées en sciences humaines et langues slaves. C’est là que je travaille depuis 25 ans.
Le catalogage m’accompagne depuis le début de ma carrière : du travail bibliographique à l’indexation, des cotations à la création des liens entre les notices bibliographiques et les documents accessibles en ligne.
Le catalogage m’a toujours permis de bien saisir et comprendre l’organisation d’une bibliothèque et des informations destinées aux usagers.
Tout au long de ma carrière, j’ai pu m’impliquer dans le marketing et la promotion de la bibliothèque, ainsi que dans le mentorat et la formation du personnel, les programmes éducatifs pour les étudiants, élèves et lycéens dans différents domaines (visites guidées, recherche documentaire, promotion des documents du patrimoine et de l’histoire locale de Ljubljana).
La Bibliothèque slave est spécialisée sur les études locales et les fonds patrimoniaux, je participe donc également à la rédaction des articles, aux expositions et à la conservation des fonds précieux. Mais les services au public que je fournis comprennent aussi la communication habituelle avec les usagers : le prêt et les informations.
Quels étaient le contenu et les objectifs de ton stage ?
Je suis arrivée en France avant tout curieuse et ouverte à de nouvelles expériences, y compris celles auxquelles je ne m’attendais pas. Dans le cadre de mon travail, je me suis intéressée surtout à la formation des publics dans le domaine des compétences numériques , notamment à la recherche d’informations et, à un niveau plus élevé, à la vérification de sources d’informations fiables.
Pour mon stage, la Bpi m’avait proposé trois thèmes : l’éducation aux médias et à l’information, les formations et les besoins des usagers, ainsi que le développement des publics.
De même, j’étais assez curieuse de voir l’évolution de la Bpi, que j’avais découverte pour la première fois lors d’une semaine en 2003 sur « les services aux publics dans une bibliothèque du 21e siècle ».
Que retiendras-tu de cette expérience ?
Il est difficile de résumer les six semaines de cette « immersion professionnelle » en quelques phrases, mais il faut d’abord dire que c’était une expérience très précieuse et une opportunité unique de séjourner six semaines au sein des bibliothèques françaises, tout en tenant compte du rôle que joue la Bpi dans la lecture publique en France.
Après ma première visite professionnelle en 2003, j’avais gardé l’image de la Bpi comme une bibliothèque qui, à l’égard des usagers, voulait jouer un rôle pionnier dans les approches des nouvelles exigences de l’ère de l’information.
Cette fois, en 2024, je perçois que l’axe de l’action a évolué plutôt vers la dimension sociale , en faveur de la médiation, de l’intégration ainsi que de l’inclusion des publics – des lycéens aux étudiants, des personnes étrangères aux citoyens de tous âges et de tous les besoins d’information.
Je trouve que cette évolution correspond entièrement à la Bpi qui, depuis ses débuts, observe et étudie ses publics pour pouvoir s’adapter et répondre à leurs besoins, tout en accomplissant ses missions fondamentales de bibliothèque conçue selon les principes démocratiques : elle est gratuite, ouverte à tous, offrant des informations et de la matière utiles et actuelles, ainsi qu’ une multitude de propositions culturelles.
Je pense à toutes ces médiations qui contribuent à la formation culturelle, à la santé publique, à la sécurité sociale ou juridique pour tous, sans exception. Je pense à tous ces ateliers qui encouragent la créativité, la connaissance des langues mondiales, et qui créent des liens entre les gens…
Je n’oublierai pas la grande diversité d’offres pour l’apprentissage du FLE (français langue étrangère) : niveau débutant, intermédiaire, conversations, y compris en ligne, animées par les bibliothécaires, le français au musée, au cinéma, au théâtre, les ateliers d’écriture…
J’ai eu l’occasion de participer à quelques ateliers de conversation et je suis également très contente qu’on nous ait proposé d’assister aux journées d’étude, dont la première portait sur le FLE.
Les ressources partagées pourraient servir d’exemples dans les bibliothèques slovènes pour le slovène-langue étrangère.
De même, les autres journées professionnelles représentent d’excellents points de repère pour aller plus loin dans les services aux personnes handicapées, les études sociologiques sur les bibliothèques, les jeunes lecteurs, les réflexions sur la musique, la désinformation et bien d’autres…
Les visites à la Bibliothèque nationale de France et à la Bibliothèque des Sciences et de l’Industrie m’ ont ouvert de nouvelles perspectives sur les méthodes de travail avec les usagers concernant la formation et le développement des publics, ainsi que l’éducation aux médias et à l’information.
Je ne peux absolument pas passer à côté des visites aux bibliothèques parisiennes : Médiathèque Françoise Sagan, Médiathèque Marguerite Yourcenar, Bibliothèque Robert Sabatier, Bibliothèque Louise Michel, Bibliothèque de Montreuil, Bibliothèque Assia Djebar.
J’ai découvert le concept de la bibliothèque comme « oasis » (métropolitaine) qui, en plus de ses missions traditionnelles d’accès à l’information et à la connaissance, offre des espaces de repos, de tranquillité, de concentration, mais aussi de divertissement, de création, de rencontres, d’échanges et d’enrichissements mutuels ?
J’ai été très intéressée par la collaboration des bibliothèques avec de nombreux acteurs extérieurs, institutions, écoles, société civile – diverses associations, clubs…
J’apprécie énormément le travail des bibliothécaires français, notamment concernant le lien social.
Publié le 08/04/2025 - CC BY-SA 4.0