Les espaces de travail internes des bibliothèques du Calvados, entre continuité et innovation
par Clotilde Deparday, directrice des départements de la bibliothèque de La Part-Dieu (Lyon)

Le « comme à la maison » qui guide les réflexions sur l’accueil des publics concerne-t-il aussi les espaces de travail des professionnels ou faut-il considérer désormais que le télétravail répond à cette aspiration ?

Réfléchir, rêver, imaginer, se réunir, échanger, se détendre… Favoriser des usages multiples et permettre leur cohabitation est un enjeu majeur pour tout projet de construction, d’aménagement ou de réaménagement de bibliothèques. Luminosité, ambiance sonore, atmosphère visuelle, ergonomie du mobilier, rien n’est laissé au hasard dans l’expérience proposée au public. Mais qu’en est-il des espaces internes ? Quid de ces lieux où bouillonne l’intelligence collective, où s’inventent les nouveaux services, où l’on se concentre et se décentre, où l’on porte des cartons, pousse des chariots, où s’échangent les joies et les peines du quotidien, les rires et les engueulades ? Le sujet n’encombre pas la littérature professionnelle et c’est tout l’intérêt d’un voyage d’étude que d’esquisser des réponses in situ

Situés à l’étage, les espaces internes de la médiathèque des 7 lieux de Bayeux sont conçus pour favoriser l’échange tout autant qu’un travail studieux. Les bureaux y sont distribués autour d’une grande salle modulable où les membres de l’équipe sont amenés à se croiser à tout moment de la journée.

Photographie des bureaux du personnel avec canapés et tableau blanc
© C. Deparday

Table ou canapé, salle à manger ou salon, le choix est possible pour organiser les réunions ou les moments de détente. Une cuisine, donnant sur une terrasse, permet de s’isoler davantage. Spacieux et lumineux, ces espaces soulignent l’attention particulière portée à l’utilisateur, qu’il soit public ou professionnel, dans l’écriture du programme de la médiathèque.

Radical dans son parti pris concernant les espaces publics, la Bibliothèque Alexis de Tocqueville de Caen imaginée par l’Office for Metropolitan Architecture de Rem Kolhaas l’est tout autant dans ses espaces internes. Au décloisonnement total des uns répond l’entière transparence des autres. Répartis en deux ailes, au deuxième étage du bâtiment, les bureaux et les salles de réunion y sont desservis par de longs couloirs intégralement vitrés. Élégants et épurés, ces espaces de travail laissent peu de place à l’intimité.

Photographie des bureaux vitrés du personnel de la Bibliothèque Alexis de Tocqueville à Caen
© Bpi

Est-ce étonnant lorsque l’on sait que les néerlandais vivent sans rideaux et que jeter un coup d’œil à l’intérieur des maisons n’a rien d’indiscret ? Il semble également que s’y concentrer soit parfois difficile. Prendre l’air peut donc s’avérer nécessaire. Pour cela, les équipes ont à leur disposition un patio, vitré lui aussi et suspendu au-dessus des espaces publics, dont la forme en escalier fait écho aux gradins intérieurs. Voir et être vus, nul n’y échappe …

Photographie du patio du personnel à la bibliothèque Alexis de Tocqueville à Caen
© C. Deparday

Un choix que l’on retrouve au Quai des mondes à Mondeville où les bureaux sont rassemblés dans un open space unique. 

Photographie de l'open space de la médiathèque Quai des Mondes à Mondeville
© C. Deparday

Des différentes bibliothèques visitées, c’est à la BU de santé Madeleine Brès que le contraste apparaît le plus fortement entre les espaces de travail et les espaces publics. Si tout y a été pensé pour le bien-être des étudiants qui séjournent de longues heures durant à la bibliothèque, les espaces internes apparaissent quant à eux principalement fonctionnels.

Photographie de la salle de lecture de la BU Madeleine Brès vue depuis la galerie des bureaux du personnel
© C. Deparday

Situés sur une galerie dominant une grande salle d’études chaleureuse, ils se caractérisent surtout par leur sobriété et l’absence de lumière naturelle.

Photographie des bureaux du personnel de la BU Madeleine Brès
© C. Deparday

Cela ne nuit visiblement pas à la créativité de nos collègues qui proposent aux étudiants des cocons de sieste… dont ils peuvent bénéficier également.

Photographie des cocons de sieste de la BU Madeleine Brès à Caen
© Bpi

Preuve qu’on n’arrête pas l’imagination des bibliothécaires. À quand les Biblio Remix pour concevoir les espaces internes de demain ?

Publié le 15/12/2021 - CC BY-SA 4.0

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