Vivent les bibliothèques inclusives et accessibles !
par Gwendoline Coipeault

Comment rendre nos bibliothèques plus accueillantes et attractives aux publics éloignés ou empêchés ? La rencontre « Public Libraries’ Perspective on Inclusive library services », lors du congrès 2023 de l’IFLA, a permis de nourrir la réflexion.

Dans une perspective d’amélioration continue des services offerts à la population, les bibliothèques et médiathèques du monde entier se questionnent : qu’offre-t-on, et dans quelles conditions, à nos publics ?

La réponse se trouve d’elle-même pour les publics les plus sensibilisés à la lecture, pour celles et ceux qui poussent sans l’ombre d’une hésitation la porte des maisons communes que sont les médiathèques et bibliothèques.

Néanmoins, cela reste plus complexe pour tous les autres : les publics qui ne viennent pas ou qui ne peuvent pas venir. L’IFLA, fédération internationale des bibliothèques et centres d’archives, réunie à Rotterdam à l’occasion de son congrès annuel, apporte quelques éléments de réflexion.

« Une bibliothèque sans obstacle »

Le premier point à l’ordre du jour sera celui de la terminologie. Que désigne-t-on précisément par les adjectifs « accessibles » ou « inclusives » quand on parle de nos médiathèques ? Le terme d’accessibilité est un peu connoté : il renvoie souvent principalement à la question de l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap.

Il est juste de dire que les conditions d’accès aux équipements publics, et notamment aux médiathèques, est hautement perfectible pour la majorité des personnes en situation de handicap. Néanmoins, l’IFLA ouvre la réflexion à un champ plus large. La section qui aborde les sujets de l’accessibilité et de l’inclusion en bibliothèque travaille ainsi sur des recommandations pour les bibliothèques en prison, pour l’accueil des personnes hospitalisées, déplacées, isolées…

Karin Larsson, référente accessibilité des bibliothèques de Malmö, l’exprime simplement : « une bibliothèque inclusive, c’est une bibliothèque sans obstacle ». En fait, sans obstacle pour quiconque, y compris tout groupe de personnes physiquement et socialement empêchées de passer les portes d’un équipement de lecture publique.

La passivité ne doit pas être une option

Si les obstacles sont nombreux, ils ne disparaissent pas par la simple force de l’esprit. Les collègues du monde entier qui se sont penchés sur l’accessibilité et l’inclusion en bibliothèque sont unanimes : la passivité n’est pas une option. Il est illusoire de penser que les usagers potentiels mais empêchés de venir viendront nous solliciter en nous expliquant précisément leurs besoins de sorte que nous ayons à faire l’effort minimal. De fait, la passivité exclut et nous empêche d’atteindre la qualité de service nécessaire à la desserte de la population la plus large possible.

Au contraire, les outils sont nombreux et nous permettent d’être proactifs dans la construction de médiathèques réellement accessibles pour toutes et tous. Les 7 principes du design universel, par exemple, sont des repères dans la conception des équipements et leur ameublement. Les solutions techniques pour améliorer l’accessibilité de nos collections, telles que les livres audio, les documents en gros caractères ou en Facile à Lire (FAL) ou à comprendre (FALC), les lecteurs adaptés ou les documents en langue des signes sont également des outils exploitables pour les publics en situation de handicap. Néanmoins, ces outils ne reflètent pas, à eux seuls, l’étendue du champ des possibles.

Et si on se lançait ensemble ?

Là encore, les collègues de la section Library Services to People with Special Needs (services de bibliothèques pour les personnes avec des besoins spécifiques, dont le nom va changer prochainement) sont très clairs : la solution la plus efficace reste encore le partenariat.

Il existe des associations de personnes concernées et de leurs proches, des structures institutionnelles ou privées, des groupes professionnels… Bref, déjà une multitude d’acteurs investis auprès de populations vulnérables, marginalisées ou tout simplement exclues – à commencer par les premiers et premières concernées. Il ne s’agit donc pas pour nous, bibliothécaires, de partir de zéro mais bien de contribuer à améliorer l’accessibilité globale des services publics en faisant le lien et en renforçant l’existant.

Gwendoline Coipeault est directrice de pôle pour les médiathèques d’Epinay-sur-Seine, L’Île-Saint-Denis, Villetaneuse et Pierrefitte au sein du réseau de lecture publique de Plaine Commune.

Publié le 11/09/2023 - CC BY-SA 4.0

Pour aller plus loin

Logo de l'IFLA

Guide pour l'accessibilité en bibliothèque (en anglais)

Ce guide, conçu par la section Library Services to People with Special Needs Section (LSN), en coopération avec la section Libraries Serving People With Print Disabilities, a été mis à jour au printemps 2023.

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