Appartient au dossier : Projets de sémantisation et cartographie des collections

Cartographie interactive de la Bpi

Le site de cartographie interactive permet d’aider les usagers à s’orienter dans les nouveaux espaces de la Bpi au Lumière, tout en étant un outil de découvrabilité des collections. Le présent article décrit ce nouveau service innovant, ses fonctionnalités, la façon dont elles ont été pensées, ainsi que leur intérêt pour les usagers.

Représenter la bibliothèque

Une carte est une représentation graphique d’un espace, plus ou moins détaillée et complexe. Cela implique dès lors de se poser des questions sur le choix des éléments à représenter, en accord avec les services que l’on souhaite offrir à son utilisateur.

Le site de cartographie n’est pas un simple plan informatif. Il se définit aussi comme un outil de découverte de la bibliothèque, de ses services et de ses collections. Ces usages ont orienté le choix d’une représentation 3D de la bibliothèque entièrement navigable : un usager peut zoomer, dézoomer (à l’échelle de Paris), déplacer et positionner la caméra comme il le souhaite. Cette exploration libre des espaces est adaptée aux usages de chacun. Tous les éléments de mobiliers sont par ailleurs suffisamment détaillés pour être identifiables et reproduisent fidèlement l’organisation spatiale de la bibliothèque.


La cartographie zoomée sur l’espace langue et littérature.

Ce choix de la 3D implique aussi des contraintes : contrairement à un plan fixe 2D, il est plus difficile de donner une vue d’ensemble de la bibliothèque. De nombreux éléments n’apparaissent que lorsque l’usager a zoomé sur un espace, comme les postes informatiques visibles sur la capture d’écran ci-dessus. Mais cet aspect dynamique permet toutefois d’indiquer de nombreuses informations sur la cartographie, sans la surcharger ni perdre en lisibilité.

Par ailleurs, chaque information présentée sur la carte a son équivalent dans les menus associés. Un usager recherchant une information précise peut ainsi accéder directement à celle-ci, grâce à plusieurs choix d’utilisation en fonction des habitudes de chacun. L’usager souhaite accéder à la cafétéria, trouver un poste informatique ou repérer l’emplacement des ateliers : des filtres permettent de mettre en surbrillance les services et de centrer la carte sur chaque élément choisi. Il souhaite se renseigner sur l’espace histoire-géographie : le menu de gauche présente la liste de chaque espace, en offre une description ainsi que la liste des principales thématiques. Si l’usager cherche des livres sur une thématique, une recherche à partir de la classification permet de localiser précisément l’étagère où ils se trouvent.

Enfin, le site de cartographie a été pensé pour être le plus modulable et paramétrable possible. Dans la limite des modèles existants, il est possible d’ajouter ou déplacer du mobilier via un logiciel de type SIG (système d’information géographique), sans que cela ne nécessite une prise en main compliquée. Concernant l’ensemble des libellés (noms des espaces, des filtres, des services, titre des menus, etc.), la cartographie interroge un fichier externe entièrement modifiable, qui permet une mise à jour du site en temps réel. De même, le fait qu’elle repose sur des fichiers entièrement paramétrables et une base logicielle open source la rend, pour une grande partie de ses fonctionnalités, facilement adaptable, tant en prévision du retour de la Bpi au Centre Pompidou en 2030 que pour permettre à d’autres établissements de mettre en œuvre ce service.

Localiser les collections

Dans le SIGB (système intégré de gestion de bibliothèque) de la Bpi, et a fortiori dans l’interface publique du catalogue, les données de localisation se limitent à l’étage, au secteur et à la cote. Ces dernières sont cependant difficilement compréhensibles par l’usager, et nécessitent souvent l’aide d’un bibliothécaire pour localiser un document en rayon. Le pari de départ de l’application de cartographie était de s’appuyer sur les données sémantisées de la classification, qui servent à la construction des cotes, pour offrir une localisation fine des collections de la bibliothèque.

L’absence de données existantes suffisamment précises dans le SIGB a d’abord nécessité un travail de relevé, pour constituer un tableau de cotes par étagère. Un script, développé par le prestataire qui gère le site de cartographie, permet de transformer les données de ce fichier Excel en RDF, le format de données de la classification sémantisée, pour créer un lien direct entre chaque étagère et les indices qu’elles comportent.

L’usager peut ainsi, en cliquant sur une étagère, afficher l’ensemble des indices correspondants aux cotes des ouvrages présents sur celle-ci. L’objectif est d’offrir à l’usager une vue fidèle de l’étagère. De même, l’usager a la possibilité de rechercher des thématiques issues de la classification dans un module de recherche. Lorsqu’il choisit un indice, l’emplacement de toutes les étagères comportant des ouvrages associés à l’indice, ou à des indices qui lui sont hiérarchiquement subordonnés, s’affiche en surbrillance sur la carte. Ce choix part du principe qu’un lecteur qui chercherait « Musique » souhaiterait obtenir tous les documents sur la musique, et non les quelques ouvrages généraux qui portent précisément l’indice « Musique ».

En proposant une localisation à partir d’un résultat de recherche dans la classification ou directement par une interaction sur la carte, la cartographie constitue une véritable photographie du plan d’implantation des collections de la bibliothèque.

L’interface de recherche de la classification

Le site de cartographie ne remplace pas le catalogue public, la recherche est donc uniquement thématique, à partir de la liste d’environ 40 000 indices de la classification, sans possibilité de recherche de titres ou d’auteurs (à l’exception de certaines disciplines où il existe des indices de corpus rassemblant les ouvrages d’un auteur avec les études portant sur ses ouvrages). Il ne s’agit pas non plus d’un moteur de recherche qui affiche une liste de résultats : une autocomplétion, fonctionnalité qui propose des mots à l’utilisateur à partir des premiers caractères saisis, apparaît dans un menu temporaire à mesure que le lecteur entre ses termes de recherche.


Un exemple d’autocomplétion dans la recherche de la cartographie

Le système de classification explique la mise en place de ce type de recherche. En effet, les règles de construction des indices impliquent des formes de langage non-naturelles et difficiles à retrouver pour un non-spécialiste. En prenant l’exemple de l’urbanisme présenté dans l’image ci-dessus, il ne va pas de soi qu’il faille chercher « Urbanisme. Histoire » et que « l’histoire de l’urbanisme » ne comporte aucun résultat. L’autocomplétion évite ainsi la frustration de n’obtenir aucun résultat à la recherche, et permet d’orienter vers certaines constructions d’indices dès le premier mot-clé entré par l’usager.

Une fois la recherche effectuée, une interface de navigation dans la classification s’ouvre alors dans un menu. À partir de l’indice recherché, l’usager peut rebondir via le menu sur de nombreux liens : sous-indices thématiques, indices construits avec subdivisions géographiques, chronologiques, de forme et corpus d’auteurs. La cartographie exploite ainsi les données sémantisées de la classification pour favoriser la découvrabilité des collections et s’inscrit dans les politiques d’exploitation des données portées par le ministère de la Culture

Par exemple, en cherchant « Anthropologie », un usager voit s’afficher l’indice dans un entête, ses formes rejetées ainsi qu’un renvoi vers l’ensemble des documents associés au catalogue de la bibliothèque. Des listes déroulantes lui permettent d’accéder à d’autres informations : les sous-indices (anthropologie religieuse, linguistique etc.), les corpus d’auteurs, l’anthropologie par zones géographiques, et enfin les types de documents génériques (dictionnaires, bibliographies, périodiques).


Capture d’écran présentant les multiples rebonds rendus possibles par la cartographie.

Pour compléter ce système et éviter que l’usager ne se perde dans une recherche thématique issue d’un système de classification très spécialisé, le choix a été fait de se baser sur l’organisation spatiale pour associer à chaque grand espace visible sur la carte une liste d’une dizaine d’indices représentatifs des thématiques présentes en rayon. L’usager voit donc s’afficher en page d’accueil la liste des espaces représentés sur la carte, qui peuvent être sélectionnés pour afficher une courte description, et la liste de thématiques sélectionnées.

Conclusion

L’application de cartographie interactive offre un accès simplifié à de nombreuses informations. Si elle peut être utilisée en toute autonomie par un usager, elle s’inscrit également dans l’écosystème numérique de la Bpi, en complémentarité avec l’ensemble des services et informations en ligne. 

La cartographie donne en effet des informations à la fois sur l’organisation spatiale de la bibliothèque, son offre de service et sur les collections. Dans la mesure où chaque élément de la cartographie est doté d’une URL, il est aussi très facile de faire un lien depuis un site extérieur vers un élément précis de la cartographie pour y apporter un élément d’information supplémentaire. Ainsi, toutes les manifestations culturelles et ateliers de la Bpi pourront être dotés d’un lien renvoyant vers la cartographie, afin de les situer dans les espaces. Les sélections thématiques pourront renvoyer vers l’emplacement du salon de valorisation et complétées par des renvois vers les indices portant sur la thématique correspondante. Les différentes pages d’informations pratiques du site internet pourront y faire un renvoi.

Enfin, la cartographie est un projet amené à évoluer. Parmi les évolutions envisagées : des liens depuis les résultats du catalogue vers la cartographie pour localiser les collections, l’affichage de l’agenda par API sur la cartographie afin de connaître en direct les prochains événements, et enfin, un chatbot permettant d’interroger en direct la cartographie sur des informations pratiques.

Publié le 07/05/2025 - CC BY-SA 4.0

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