L’accompagnement des personnes en situation de déficience visuelle à la Bpi : la question de la formation des bibliothécaires

Retour sur la journée d’échange de Réseau Carel du 11 octobre 2022 par Delphine Quentin, référente des loges du service Lecture et handicap de la Bpi.

Delphine Quentin ©Bpi

Quel est le point fort que vous avez retenu de la journée d’échanges de Réseau Carel ?

J’ai été particulièrement marquée par les retours d’expériences des trois bibliothèques territoriales qui ont apporté un aspect pratique et ont enrichi les interventions plus théoriques de la matinée.

L’intervention d’Hélène Kudzia, responsable du pôle « Lire autrement » de la Médiathèque Marguerite Duras a ainsi très bien illustré les limites qui demeurent malgré les avancées juridiques et techniques liées à l’accessibilité numérique qui nous avaient été exposées le matin même. En renversant pendant quelques instants les postures, elle a mis le spectateur dans la peau d’une personne en situation de handicap visuel. Elle a permis de mieux se rendre compte des barrières souvent rencontrées par une personne mal ou non-voyante dans la pratique de lecture numérique.

Que développez-vous en lien avec ce point fort dans vos activités à la Bpi ?

La démonstration d’Hélène Kudzia fait écho aux problématiques constatées à la Bpi, notamment concernant l’inaccessibilité à de nombreuses bases de données pour des personnes non-voyantes car incompatibles avec les logiciels de lecture d’écran (de type Jaws ou NVDA). L’application de la directive européenne sur l’accessibilité aux produits et aux services à l’horizon 2025 devrait contribuer à rendre possible la consultation de ressources numériques pour les personnes déficientes visuelles.

Ce constat souligne aussi l’importance de proposer des outils informatiques et d’adaptation pour faciliter l’accès à la lecture aux personnes en situation de handicap. Dans ce but, le service des loges de la Bpi se renouvelle avec un réaménagement des espaces et l’acquisition progressive de matériels adaptés supplémentaires (vidéo-agrandisseur, lecteur Daisy, plage braille…).

De plus, dans le cadre de l’exception handicap au droit d’auteur, la Bpi est habilitée à communiquer des œuvres sous droit par le biais de la plateforme PLATON. Afin d’offrir une complémentarité à ces services, une médiation est proposée pour diffuser des collections numériques adaptées de bibliothèques numériques extérieures, telle qu’Eole, en partenariat avec la Médiathèque Valentin Haüy.
L’accompagnement des usagers vers l’autonomie est un point fort de nos activités et pour en assurer la continuité nous développons la formation de collègues « correspondants loges » à l’ensemble de l’offre.

Quelles difficultés rencontrez-vous dans le cadre de ces activités en lien avec cette thématique ?

Des questions se posent par rapport au périmètre d’action des bibliothécaires. Quelles limites dans l’accompagnement des usagers ? La médiation envers les personnes en situation de déficience visuelle va au-delà de l’aide à la recherche documentaire, mais va aussi de pair avec l’utilisation des logiciels et outils de lecture adaptés. Celle-ci nécessite une compétence professionnelle spécifique.

Ainsi, indépendamment de la connaissance des fonctions de base des logiciels et matériels d’aide à la lecture pour les personnes en situation de handicap, la question d’une maîtrise plus grande de ces outils de lecture adaptée demeure : jusqu’où aller dans la formation des agents ? Une majorité des usagers mal ou non-voyants sont autonomes car formés par ailleurs et ont l’habitude d’utiliser quasi quotidiennement certains matériels d’aide à la lecture. Cependant, nombre de ces publics sont en demande d’un accompagnement plus poussé.

Quels seraient les projets ou les pistes d’évolution en lien avec cette thématique ?

Une piste est de renforcer les partenariats avec des acteurs extérieurs pour acquérir une meilleure maîtrise de ces outils. Par exemple, avec l’association Valentin Haüy ou la Fédération des Aveugles de France.
En revanche, si elles ne sont pas régulièrement mises en pratique, ces connaissances se perdent vite. Il semble donc essentiel de rafraîchir les formations auprès des agents en service public qui donnent accès aux loges par des « recyclages » réguliers.

Des actions de médiation sont également envisagées sous forme de présentations thématiques ou d’ateliers autour d’applications et outils nomades comme des tablettes numériques.

Publié le 20/02/2023 - CC BY-SA 4.0

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