Objectif de l'action :
Permettre l’échange entre personnes de langues différentes, découvrir de nouvelles langues.
Description de l'action :
Le 30 septembre 2016, le Service Autoformation de la Bpi a organisé pour la première fois une rencontre autour des langues. Nous avons donné à cette rencontre le nom quelque peu aguicheur de « speed language dating ». Cette manifestation s’est déroulée pendant 4h, de 15h à 19h.
Elle se reproduit depuis tous les ans, avec deux sessions : une au printemps, l’autre à l’automne. En 2024, la périodicité passe à trois sessions par an. Sa durée est actuellement de 3h30, de 15h à 18h30.
L’idée de cette rencontre était de reprendre l’organisation d’un speed dating en créant la possibilité d’une rencontre dans un temps limité. Mais le mot « language » vient ici orienter la nature de la rencontre : est concerné davantage le projet d’apprendre une nouvelle langue que celui d’un projet amoureux (même si le plus souvent l’un n’empêche pas l’autre !)
Le principe était le suivant : des participants voulant découvrir une langue pouvaient rencontrer une personne qui la parlait, et dont c’était la langue maternelle. L’entretien durait 10 minutes. Un minuteur était donné à chaque fois qu’un « couple » se constituait. Libre à eux ensuite de communiquer dans la langue de leur choix : soit dans la langue cible si l’intéressé la connaissait et voulait la perfectionner, soit dans une langue de communication (le français ou l’anglais) pour parler à propos de la langue cible ou à propos du pays dans lequel cette langue était parlée.
Il est évident que le hasard ne peut pas bien faire les choses au point que l’offre réponde exactement à la demande ! Mais nous pensions – et nous n’avons pas été déçus – que les participants allaient jouer le jeu et s’intéresser à des langues pour lesquelles ils n’étaient pas forcément venus, mais pour lesquelles une possibilité de rencontre linguistique était offerte. Par exemple, le sarde, qui était la langue maternelle d’une personne présente de 15h à 17h, a attiré beaucoup de personnes qui connaissaient à peine l’existence de cette langue avant de venir. Certains venaient pour l’italien : une personne était également présente pour cette langue, mais si elle était déjà occupée avec une personne, il était naturel de se rabattre sur le sarde en attendant. Il était aussi tout naturel d’approfondir les langues italiennes en allant voir le sarde après un entretien avec la personne qui faisait l’italien. Enfin, comme la personne qui parlait sarde parlait aussi italien, certains entretiens ont pu être à propos des deux langues et de leurs interconnexions.
Certaines langues rares ont eu moins de succès : ainsi, une offre était longuement proposée en roumain et en indonésien et n’a donné que deux entretiens en roumain et un seul en indonésien. Parmi les langues rares représentées, il faut citer le catalan, l’ukrainien, le lingala, le fotouni (dialecte du Cameroun)… Concernant les grandes langues d’apprentissage que sont l’anglais et l’espagnol, elles ont, comme on pouvait s’y attendre, été très demandés : la plupart du temps, nous n’avions qu’une seule personne qui devait enchaîner les entretiens.
Le français a été aussi très demandé : nous avions en effet choisi d’organiser ce « speed language dating » un vendredi, jour où sont proposés des ateliers FLE auxquels participent nombre d’allophones désirant apprendre le français. Ceux-ci ont donc souvent enchaîné atelier et entretien en français et entretien à propos de leur langue maternelle dans le cadre du speed language dating. L’offre de français fut aisément constituée grâce à des collègues de la Bpi, mais quelques lecteurs français venus pour d’autres langues se prêtèrent également au jeu. Cependant, nous avons constaté que nous aurions dû demander à davantage de collègues de se tenir disponibles pour éviter les entretiens à flux tendu.
Il faut faire ici une mention spéciale pour une langue qui a eu un succès phénoménal. C’est d’autant plus intéressant qu’il s’agit d’une langue un peu à part : la langue des signes. Nous avions contacté l’association Visuel-LSF qui a répondu à notre appel avec enthousiasme : elle a dépêché sur place un volontaire qui est resté durant les 4 heures et qui a même été rejoint par deux autres collègues de l’association durant la dernière heure. Ces trois personnes ont enchaîné les entretiens sans discontinuer tellement la demande était forte. Il s’agissait d’ailleurs véritablement de dire ses premiers mots dans cette langue puisque les volontaires étaient sourds et avait choisi de ne pas se faire accompagner d’interprète : la communication avait donc lieu directement dans la langue cible et les 10 minutes constituaient ainsi une sorte d’initiation. Actuellement, la Bpi continue d’être en mesure de proposer des entretiens en LSF grâce à la participation de deux collègues signantes, une sourde et une entendante.
L’expérience a été renouvelée en septembre 2017, toujours à l’occasion de la Journée Européenne des langues. Le succès étant encore au rendez-vous, nous avons décidé de proposer des speed language dating désormais deux fois par an à l’automne et au printemps.
La langue qui a suscité le plus d’entretiens est le français (23 entretiens), devant l’espagnol (16 entretiens) et l’anglais (13 entretiens). Parmi les langues dont on entend un peu moins parler, il faut noter la bonne représentation de l’estonien (6 entretiens), du hongrois (5 entretiens), du berbère (5 entretiens) ou du swahili (3 entretiens). En tout c’est 19 langues qui étaient représentées dans un total de 104 entretiens.
La bonne représentativité d’une langue dépend à la fois de la présence de locuteurs prêts à présenter leur langue (l’offre) que de l’attrait qu’elle suscite chez les participants (la demande), même si cette dernière s’adapte assez aisément à la première. Pour se faire une idée de l’offre un peu avant la tenue du speed language dating, il était possible de s’inscrire sur le site de la Bpi en disant quelle langue (maternelle) on était prêt à proposer et sur quel créneau horaire. 17 personnes se sont ainsi proposées, dont 3 ont fait défaut le jour même.
De toutes les langue proposées lors du speed language dating, le français est un peu à part : pour les nombreuses personnes dont le français est la langue maternelle, cette langue n’est évidemment pas intéressante. La demande est donc exclusivement générée par les apprenants FLE qui sont nombreux à venir à la bibliothèque le vendredi, jour des ateliers FLE. Pour proposer une offre qui corresponde, nous avions pris les devants en lançant un appel à volontaires à la Bpi. 8 collègues étaient prêts à se relayer pour des entretiens, auxquels s’ajoutait une personne qui s’était inscrite sur le site. L’offre était donc à la mesure de la demande, ce qui explique le grand nombre d’entretiens en français.
Périodicité de l'action :
Première action en 2016, à l’occasion de la Journée Européenne des langues organisé par le Conseil de l’Europe, renouvelée en 2017. Elle a lieu deux fois par an depuis 2018, et trois fois par an en 2024.
Moyens humains et techniques :
3 vacataires de la Bpi.
5 à 8 bibliothécaires de la Bpi.
Plusieurs chronomètres.
Une mappemonde.
Un kakemono.
Résultat et perspective :
Au total, en 2016, 17 personnes sont venues spontanément proposer leur langue maternelle. Cette offre était renforcée par 3 vacataires (en espagnol, portugais et roumain) et par environ 5 collègues de la bibliothèque pour le français. Il faut noter que la plupart de ces personnes en ont aussi profité pour découvrir une langue qui les intéressait et ont joué ainsi les deux rôles. On peut estimer qu’une quinzaine de personnes est venue sans proposer de langue, ce qui élève la participation totale à plus d’une trentaine (hors personnel de la bibliothèque). Cet événement a donc permis des échanges riches et variés : entre français et étrangers, entre lecteurs et bibliothécaires, et entre personnes en situation d’apprendre ou de découvrir une langue et personnes prêtes à expliquer la leur…
En 2017, 14 personnes étaient volontaires pour converser dans leur langue maternelle.
En 2024, l’action est toujours appréciée par ceux qui y participent, qu’ils soient venu à la Bpi dans ce but ou qu’ils l’aient découverte le jour-même.
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