Appartient au dossier : Comptes rendus du séminaire « EMI en bibliothèques »

Séminaire EMI en bibliothèques : atelier « La formation à l’EMI »
par Laurine Arnould (SLL) et Florence Charbonnel (BM Limoges)

Cet atelier a été animé par Laurine Arnould (ministère de la Culture). Y ont participé :  Florence Charbonnel (Limoges), Claire Gaudois (Val d’Oise), Cécile Hauser-de Bisschop (DRAC Ile-de-France), Julia Morineau-Eboli (Enssib), Jean-Christophe Théobalt (ministère de la Culture).

Photographie d'élèves travaillant sur la Une de journaux
©Bpi


À qui doit s’adresser la formation ?

La réponse est unanime : à tout le monde ! L’EMI ne constitue pas une spécialité isolée et concerne l’ensemble du personnel. La formation à l’EMI doit donc bénéficier à tous les agents, toutes catégories et fonctions confondues.
La thématique de l’EMI doit intervenir à différents moments de la carrière des agents. Elle doit ainsi être prise en compte dès la formation initiale et proposée dans le cadre de la formation continue. 
En parallèle d’un socle commun pour tous sur l’EMI, des formations spécifiques peuvent être pensées pour des référents ou coordinateurs EMI. Ces formations sont destinées à renforcer la légitimité du référent par l’approfondissement de certains contenus et la formation à l’animation de réseau.
Il peut être intéressant de mixer les publics dans des formations sur l’EMI :

  • Bibliothécaires ;
  • Bénévoles ;
  • Animateurs ;
  • Médiateurs numériques ;
  • Enseignants ;
  • Professeurs documentalistes ;
  • Volontaires en services civiques ;
  • Acteurs sociaux.

Mixer les publics permet de faire émerger des regards croisés mais surtout de favoriser la connaissance mutuelle des acteurs au sein des territoires.

Quelles sont les besoins et les attentes identifiés en matière de formation à l’EMI ?

Le premier besoin identifié est celui de la réassurance : les agents ont besoin d’être rassurés sur leur capacité à s’investir et à être des acteurs de l’EMI. Il s’agit de rappeler quels sont les savoirs et connaissances que l’on possède déjà et qui vont pouvoir être remobilisés en matière d’EMI. Il faut aussi pouvoir faire le lien entre l’EMI et les missions des bibliothécaires afin de légitimer le rôle qu’ils peuvent jouer dans ce domaine : une mise en contexte générale permet de rappeler les enjeux de l’EMI et la place des bibliothèques au sein de cet environnement. Il s’agit donc bien de réassurer pour légitimer les personnes à former : oui, en tant que bibliothécaires, nous avons un rôle à jouer et nous avons les savoirs pour le faire. Il est utile de montrer qu’un certain nombre d’actions déjà mises en place en bibliothèque se réclament déjà de l’EMI ou peuvent être déclinées pour faire de l’EMI.
Les personnes à former attendent aussi qu’on définisse plus clairement ce qu’est l’EMI en bibliothèque :

  • Quels sont les objectifs poursuivis ?
  • Quels sont les référentiels de compétences ? Quelles compétences sont nécessaires ?

Clarifier ce qu’on entend par EMI en bibliothèque permet aussi de montrer qu’il s’agit d’une composante fondamentale du métier de bibliothécaire.
Les attendus en matière de contenus portent à la fois sur la dimension théorique et sur la dimension pratique de l’EMI en bibliothèque :

  • Partie théorique : décryptage de l’information, compréhension du paysage des médias, connaissance de la fabrique de l’information et de l’écriture journalistique, analyse de l’image, biais cognitifs, citoyenneté, maîtrise de l’environnement web, questions de protection des données… ;
  • Partie pratique : repérage d’outils et de ressources professionnelles, partenariats, exemples et retours d’expérience, ateliers de conception d’animations… ;

Les attentes sont différentes en fonction de la situation de la personne à former :

  • Agent déjà familiarisé à l’EMI ou ayant déjà une expérience de mise en place d’actions : besoin d’approfondissement avec la possibilité de s’appuyer sur cette expérience ;
  • Agent en situation de monter rapidement des actions d’EMI sans que la thématique lui soit familière : besoin de compétences de bases et de réponses pratiques ;
  • Agent intéressé mais sans nécessité de remobiliser tout de suite ses compétences : besoin moins pressant lié au développement d’une culture professionnelle dans son ensemble.

Si les attentes varient en fonction du parcours de la personne à former, il est indispensable de proposer un socle commun, ce qui rejoint la question du référentiel de compétences.
En parallèle de compétences et savoirs propres à l’EMI, il faut aussi noter un fort besoin de formation sur le numérique en général. Encourager le développement de compétences et usages chez les bibliothécaires est essentiel pour ensuite pouvoir former plus spécifiquement à l’EMI qui peut ainsi faire partie d’un cycle de formation sur la culture numérique.
Enfin, les besoins portent aussi sur la question des postures vis-à-vis des publics : en matière d’EMI, il faut pouvoir glisser du rôle de prescripteur à celui d’accompagnateur. Il s’agit aussi parfois d’accepter de sortir de la posture du sachant et d’aller vers des modes de dialogues et d’échanges plus horizontaux. Ce travail sur les postures est particulièrement attendu lorsqu’on parle d’une matière aussi sensible que l’EMI : les positions, les attitudes et les réflexions de certains publics peuvent être déstabilisantes et il est important de savoir comment réagir et quelle posture adopter.

Comment concevoir un plan de formation et identifier des intervenants ?

La conception d’une formation à l’EMI doit s’envisager dès la formation initiale. Elle se base sur un socle généraliste en complément duquel des parcours thématiques peuvent s’ articuler. Si une simple sensibilisation peut être considérée comme un début pour amener les personnels à suivre une formation plus poussée, elle ne constitue pas une offre satisfaisante sur l’EMI et il est nécessaire d’aller plus loin. La mise en place de parcours thématiques avec des intitulés pro-actifs (« piloter », « créer ») peut permettre de mobiliser davantage les apprenants dans leur parcours de formation.
Les contenus identifiés pour une formation à l’EMI portent sur :

  • L’acquisition de savoirs et connaissances : enjeux de l’EMI, paysage des médias et monde de l’information, usages et pratiques… ;
  • Le développement de savoirs être/faire (travail sur les postures) : animer et gérer un débat, partir des pratiques des usagers, développement de méthodes horizontales… ;
  • La familiarisation avec des capsules d’actions adaptables et la présentation d’outils clé en main : atelier de création de fiches-projets, présentation d’outils en ligne et manipulations…

La formation est l’occasion de :

  • Faire le lien avec des partenaires potentiels ;
  • Mettre en avant des outils ;
  • Partir des pratiques des bibliothécaires.

De manière générale, des formats en présentiels sont à privilégier et les MOOC (ou autre format à distance) doivent être utilisés en complément d’autres formats. Il est d’ailleurs intéressant de pouvoir diversifier et mixer les formats dans une offre de formation sur l’EMI. Exemples :

  • Formats participatifs (horizontalité) : ce type de format a le bénéfice de mobiliser les personnes formées, de les faire partir de leurs propres connaissances/expériences ;
  • Formats scolaires : un format plus classique et vertical peut être utilisé pour rassurer les participants à la formation ;
  • Temps en équipe (par coordinateur EMI) : il est important de pouvoir aussi mener des  formations en intra. Sur cette question, des temps d’échanges animés par le référent EMI peuvent être intéressants pour permettre  notamment aux équipes de s’interroger sur une thématique dont elles ne sont pas nécessairement familières ;
  • Même si des formats en présentiel et avec un contact interpersonnel semblent à privilégier des formats à distance peuvent être utiles, notamment sur la partie théorique.

L’EMI offre un panel d’intervenants riche et varié : journalistes, universitaire, associations, bibliothécaires… Dans la mesure du possible, il est pertinent de solliciter des acteurs du tissu local afin que les participants puissent les connaître et prévoir d’éventuels partenariats. Il semble également important de faire intervenir des bibliothécaires afin de légitimer là encore leur place dans l’EMI. La formation à l’EMI a vocation à faire partie intégrante du projet de service et des missions identifiées pour la bibliothèque.

Publié le 16/06/2020 - CC BY-SA 4.0

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