« S’appareiller » dans la bibliothèque
Agnès Camus-Vigué, 2010

Plus d’un usager sur quatre vient désormais à la Bpi avec son ordinateur portable ; parmi eux, 7 sur 10 se connectent à Internet via le Wifi.

L’utilisation massive d’outils personnels a sans nul doute une forte incidence sur les pratiques qui se développent dans l’enceinte de l’institution. Sphère privée et sphère publique sont ainsi entrelacées et dans certains cas indifférenciées puisqu’on n’est jamais coupé de ses réseaux et de ce qui se passe hors de la bibliothèque (via le courriel, le chat, la messagerie instantanée).

Image ordinateur
© Centre Pompidou/ H. VERONESE

L’enquête met bien en évidence cette porosité de la frontière séparant l’espace privé de l’espace public. Cependant, la plupart des personnes interviewées conservent le principe d’une distribution de leurs activités entre la bibliothèque et leur domicile dans une optique d’efficacité. Même s’il est désormais possible de poursuivre dans les murs de l’institution de multiples activités qui relevaient traditionnellement de l’univers privé – courrier, visionnage de films, ou écoute de musique – les usagers ne se saisissent pas nécessairement de cette opportunité. On les voit au contraire s’imposer des contraintes, s’interdire par exemple l’accès aux sites de jeux ou de chat, mais aussi répartir en toute liberté leurs usages documentaires entre la bibliothèque et le domicile, l’ordinateur personnel leur offrant une grande latitude quant à la façon de procéder pour traiter les données, les traduire, les transporter, et enfin se les approprier.

En un clin d’oeil

Objectif de l’étude : Recueillir des données sur les modalités d’usages des ordinateurs portables personnels dans la bibliothèque. De quelle façon les usagers combinent-ils, ou non, le recours aux outils publics et l’utilisation de l’ordinateur personnel ? Utilisent-ils le wifi pour se connecter à des sites de loisirs ou se limitent-ils à l’étude ? Enfin, quels enseignements peut-on en tirer quant à la façon de travailler, de se documenter aujourd’hui ?
 
Rappel des données quantitatives disponibles (données : Mars – Novembre 2009)

  • 27% des usagers de la Bpi utilisent des ordinateurs portables personnels en novembre 2009, à savoir plus de deux fois plus qu’en 2006 (12%) et presque  fois plus qu’en 2003 (4%). Dans le même temps, la consultation des postes publics est en net recul 34% en 2009, pour 47% en 2006 et 51% en 2003.
  • Les jeunes, c’est-à-dire les moins de 26 ans sont plus nombreux à fréquenter la bibliothèque avec leur micro ordinateur (28% contre 22% pour les plus de 26 ans). Parmi ces jeunes, cependant, les lycéens ne sont que 11% à venir équipés, tandis que les étudiants sont 30%. Cet écart s’explique sans doute par le fait que lycéens et étudiants n’ont pas le même usage de la bibliothèque. La Bpi représente pour les premiers avant tout un espace collectif dont la fréquentation n’implique pas encore l’utilisation d’un micro-ordinateur à soi.

MéthodologieMéthodologie

  • Enquête par entretiens semi-directifs en deux vagues, la première en mai 2009, la seconde en janvier 2010. Au total 17 entretiens sur un échantillon qualitatif varié constitué d’étudiants, de lycéens, d’actifs et de retraités. 

Principaux résultatsPrincipaux résultats

  • L’ordinateur apparait comme un outil indispensable particulièrement chez les jeunes utilisateurs qui sont les plus nombreux à « s’appareiller » à la Bpi.
  •  La presque totalité des utilisateurs interrogés utilisent le wifi. Ils se connectent à internet à la Bibliothèque principalement dans le contexte de leur travail ou de leurs études, mais aussi pour se distraire, s’accordant parfois de courtes pauses  (consultation de blogs, de photographies, de sites de cinéma…et de leur messagerie personnelle qui constitue une zone intermédiaire entre le travail et le loisir). Mais ces pratiques sont strictement encadrées. La bibliothèque est avant tout le lieu d’un « surf studieux » qui est sans doute appelé à se développer. 
  •  Les utilisateurs apprécient le fait de pouvoir avoir accès à des données diverses sur le support unique que constitue leur écran d’ordinateur personnel. Deux raisons sont invoquées, d’une part, la plus évidente, les usagers évitent ainsi de se déplacer ; d’autre part, spécialement pour les jeunes générations, les usagers sont habitués à pratiquer les écrans de façon polyvalente à domicile (pour faire du chat, visualiser un film ou lire les nouvelles). A la Bpi, via leur ordinateur portable, ils apprécient le fait de passer d’une base de données à leur messagerie, sans changer de support. Ceci nous amène à formuler une recommandation, si l’on souhaite que les collections numériques soient d’avantage consultées, il semble de bonne politique (documentaire) de proposer un accès à la totalité de celles-ci depuis les postes ordinateurs portables personnels. 

Liens 

  • Pour accéder à l’étude dans son intégralité, cliquez ici.

Publié le 13/08/2014

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