​Journées BIBAS : animer un atelier de conversation et valoriser une ressource numérique de cinéma documentaire
Par Farida Chikar, chargée de médiation en autoformation à la Bpi, et Aurélie Solle, chargée de la ressource Les yeux doc

Fin janvier 2019, deux journées organisées par d’anciennes lauréates du concours de bibliothécaire assistant spécialisé (BIBAS) et Mediadix ont permis aux lauréats 2017 et 2018 de se rencontrer et d’échanger.

Le programme de ces deux journées consistait en des visites de bibliothèques et des ateliers thématiques. Dans ce cadre, nous avons proposé deux interventions. L’une pour sensibiliser aux ateliers de conversation et l’autre pour amener les stagiaires à réfléchir sur la valorisation d’une offre numérique telle que Les yeux doc.

Atelier de conversation : se mettre dans la peau de l’apprenant

Initialement destinés aux personnes ne parlant pas ou peu le français pour améliorer leur pratique, les ateliers de conversation existent à la Bibliothèque publique d’information depuis 2010 et sont désormais proposés dans de nombreuses bibliothèques à travers la France. Ainsi, pendant 1h30, 12 stagiaires ont participé à un atelier de conversation animé en première partie par Arthur Henaff, bibliothécaire à la BU de Saint-Denis et, en seconde partie, par Farida Chikar, chargée de médiation en autoformation à la Bpi. Après une présentation très concrète du déroulé d’un atelier de conversation et une démonstration de jeux pouvant être mis en place, Farida a proposé un atelier Premiers pas en néerlandais sans utiliser un mot de français. L’objectif était de faire prendre conscience aux participants de la difficulté d’apprendre une langue étrangère pour laquelle ils n’ont aucune notion en se mettant dans la peau d’un allophone qui souhaite apprendre le français.

Les stagiaires se sont groupés par deux et chaque duo a reçu des cartes du jeu Memory représentant divers objets de la vie quotidienne. Sur chaque carte, une image et sa désignation en néerlandais. L’objectif était de mémoriser les noms puis de les prononcer en piochant des cartes identiques mais privées du mot. Cette mise en situation a créé une véritable interaction et permis aux stagiaires d’être acteurs de l’atelier. Ils ont pu comprendre, par le biais de l’expérimentation, en quoi l’utilisation de consignes courtes et la simplification du discours étaient des préalables importants. Une des stagiaires s’est placée en observatrice et a été chargée de traduire ce moment par des sketchnotes. Ses dessins ont servi de supports pour la restitution de l’atelier à l’ensemble des groupes en fin de journée.

Valoriser une ressource numérique : et si on remixait ?

En parallèle, s’est tenu un atelier mini-remix animé par Aurélie Solle en charge à la Bpi de la ressource Les yeux doc, plateforme numérique du Catalogue national de films documentaires. L’idée de cet atelier était avant tout de mettre l’accent sur la coopération et l’existence d’outils pour réfléchir collectivement à une problématique donnée. En effet, la présence du numérique en bibliothèque pose des questions qui agitent et bouleversent les habitudes sur le terrain, ce que constate chaque jour Aurélie, en tant qu’animatrice d’un réseau national constitué de bibliothèques de tailles et typologies très différentes. 

Atelier de travail en groupe
Pendant l’atelier… © Bpi

Une réflexion en plusieurs étapes

Après une présentation générale de la plateforme et du Catalogue national (processus de sélection des films, moyens mis à disposition pour la médiation, etc.), les stagiaires ont listé les différentes problématiques inhérentes aux offres dématérialisées : comment les faire exister dans les espaces de la médiathèque, en ligne, sur les réseaux sociaux ? Quels types d’actions proposer ? Comment permettre aux collègues de s’approprier la ressource ? De courtes vidéos définissant le remix et des endroits qui l’ont expérimenté ont permis aux stagiaires de cerner l’outil proposé. Il ne s’agissait, bien sûr, que d’effleurer le concept en l’expérimentant sur un format très court. En 1h30, cet atelier très rythmé a permis, cependant, de faire émerger des solutions concrètes.

Les participants se sont répartis autour de trois tables équipées de cartes, crayons, pâte à modeler, ciseaux, colle, papier, briquettes de couleur… Chaque table avait une problématique à « résoudre », l’une concernait la médiation numérique, l’autre la médiation dans les espaces et enfin la re-matérialisation. Une feuille de route, remise à chacun, expliquait le contexte et les quatre principes de base : s’approprier, analyser, prototyper, restituer. Les cartes mises à disposition proposaient des exemples concrets de pratiques menées partout dans le monde. Un petit air d’harmonica signalait le passage à l’étape suivante.

Les stagiaires ont beaucoup échangé entre eux, se sont vraiment impliqués et ont fait preuve d’inventivité. Un court temps de restitution a permis aux groupes de montrer aux autres le résultat de leur prototypage (dessins, maquettes, etc.) et de justifier leurs choix en précisant pourquoi ils n’étaient pas allés vers certaines solutions. Ils ont conclu à la nécessité de mettre en place une veille sur ce qui se fait ailleurs, sans distinction de typologie ou de taille d’établissements : les bonnes idées sont partout et peuvent être adaptées en fonction des besoins.

Les dessins produits pendant l'atelier
Les dessins produits pendant l’atelier © Bpi

Au cœur du processus : partage et expérimentation

Ces moments d’échange ont suscité beaucoup de questions. Que ce soit sur les ateliers de conversation avec des demandes très concrètes (est-ce que la Bpi forme ? Est-ce qu’on peut assister à des ateliers ?) ou sur la façon dont le cinéma documentaire pouvait être diffusé en bibliothèque. Concernant les ateliers de conversation, il y avait la satisfaction de les faire connaître davantage, notamment en BU, car Saint-Denis est l’une des rares universités à avoir mis en place des moments d’accueil et d’échange avec des primo-arrivants et que la Bpi forme principalement des collègues en poste dans des bibliothèques municipales.

Quant à la méthode remix, peu ou mal connue des stagiaires, son utilisation leur a montré qu’il était possible de donner une place aux usagers dans le processus de réflexion en les impliquant dans des reconfigurations par exemple. C’était aussi un moyen de regarder avec curiosité ce qui se fait ailleurs, échanger, faire émerger des réflexes de coopération et d’expérimentation car, dans ce type d’ateliers interactifs, l’échange et le partage d’expérience sont au cœur du processus. Cette journée, passée avec des stagiaires nouvellement entrés en fonction et confrontés à de nombreux défis autour du numérique et de l’accueil de publics allophones, a donc été riche pour les formateurs et, nous l’espérons, pour les lauréats.

Ressources :

Trois courtes vidéos sur le mini-remix :
https://www.youtube.com/watch?v=qQTG3Eip0Kc
https://www.youtube.com/watch?v=HrFMQRaPef0#action=share
https://www.youtube.com/watch?v=SOmntd0yKgc

Les yeux doc sur Bpi Pro

> Les ateliers de langue proposés par la Bpi

> Formation aux ateliers de conversation

Merci à Mediadix et à Catherine Auzoux en particulier, aux organisatrices et bien sûr à l’ensemble des stagiaires.
 

Publié le 26/11/2019 - CC BY-SA 4.0

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