Les ateliers de conversation FLE en ligne : une nouvelle formule à la Bpi !

Avant la réouverture de la Bpi, Cécile Denier, chef du service Autoformation de la Bpi, et Marie Vautier, chargée des médiations en langues à la Bpi, ont mis en place des ateliers de conversation FLE en ligne.

Cet entretien, esquisse à mi-parcours de l’ expérimentation, a eu lieu à la mi-juillet 2020. Depuis, la Bpi a organisé d’autres ateliers de conversation en ligne.

Bibliothécaire face à son écran pour animer un atelier de conversation
©Bpi

Comment avez-vous eu l’idée de lancer des ateliers FLE en ligne ?

L’idée est venue assez rapidement mais nous hésitions à lancer de tels ateliers pendant le confinement. Nous avons préféré attendre de pouvoir revenir dans nos bureaux pour les organiser.
Nous avons été inspirées par des exemples d’universités américaines qui proposaient des cours de langues en ligne. C’est ce qui nous a donné l’idée.

Au total, combien d’ateliers ont eu lieu en ligne? Quelle organisation avez-vous mise en place ?

Le premier atelier s’est tenu le 19 juin et, jusqu’au 28 août, nous en avons organisé onze.
Du côté des animateurs, trois collègues qui animent déjà les ateliers en présentiel nous ont aidées à assurer certains ateliers en ligne. Pour la préparation, c’était peu ou prou la même chose que pour nos ateliers classiques. Il a seulement fallu prendre un peu de temps au début pour tester les différentes plateformes disponibles, en choisir une (Jitsi) puis prendre en main les outils.
Pour éviter de perdre trop d’usagers, nous avons conservé le créneau horaire de l’atelier en présentiel, à savoir le vendredi de 14h à 15h.
Bien sûr, nous étions conscientes que nous risquions de ne pas toucher une partie de notre public habituel, en particulier les personnes ne disposant pas d’un équipement numérique pour se connecter en ligne. 

Les participants ont-ils été moins nombreux ? Sont-ils revenus plusieurs fois ?

Pour ces ateliers en ligne, nous avons réduit le nombre de participants, et de fait, ils sont moins nombreux que lors des séances dans la Bpi, de huit contre quinze en présentiel.
Parmi les participants, certains sont revenus à deux ou trois ateliers. Une personne s’est même inscrite à tous les ateliers de juillet.
La majorité de nos participants assistait aux ateliers pour la première fois.
Si les participants résidaient principalement en France, en revanche, tous n’habitaient pas à Paris ou la région parisienne, contrairement aux participants des ateliers en présentiel. 
Nous avons aussi eu la bonne surprise d’avoir quelques participants venus du monde entier :  du Brésil,  des États-Unis, de République tchèque,  de Colombie… et qui y participaient de chez eux. 

Quelles différences y a-t-il entre les ateliers en ligne et les ateliers classiques ?

Par nature, l’atelier en ligne implique que chacun est seul, derrière son écran. Cela se ressent un peu sur la prise de parole. Elle est souvent moins spontanée, les discussions sont plus lentes à venir, il y a souvent un moment de flottement après que l’animateur a posé la question.
En ligne, chacun hésite à prendre la parole, soit qu’il ne sente pas concerné, soit par peur de se retrouver à être deux à parler en même temps, ce qui ne simplifie pas la discussion.
Enfin, si préparer un seul thème à aborder peut suffire pour un atelier en présentiel, c’est moins le cas lorsque l’on est en ligne. Il ne faut donc pas hésiter à prévoir un deuxième thème, un plan B.

En étant en ligne, il semble aussi que l’on perde une partie des interactions qui existent quand on est les uns à côté des autres…

Rien ne remplace les interactions entre des personnes qui se voient directement !
De façon générale, le fait d’être en ligne et non pas ensemble dans un même espace empêche de se reposer sur le paraverbal d’une discussion : les regards, la proximité, l’interpellation entre les participants. Même s’ils restent à l’écoute les uns des autres, ils attendent beaucoup plus que l’animateur conduise les échanges. Cela entraîne, de fait, plus de travail et de concentration pour lui. Par exemple, l’animateur doit, encore plus que d’habitude, veiller à interpeller chaque participant par son prénom. En effet, comme chacun regarde son écran, il est difficile de faire savoir qui s’adresse à qui… Reste ensuite la difficulté de faire comprendre aux participants la nécessité d’inscrire leur prénom pour qu’il apparaisse à l’écran et de ne pas oublier de répéter la consigne aux derniers connectés, sans quoi ils risquent d’être à l’écart des échanges.
Enfin, il arrive que les soucis de connexion déforment la prononciation du prénom : alors la personne ne comprend pas que c’est à elle que l’on s’adresse.

A l’inverse, quels sont les avantages des ateliers en ligne par rapport à ceux en présentiel ?

Le fait d’être déjà sur un ordinateur facilite l’utilisation de supports externes. On peut diffuser des images, des liens Youtube,… Avec le partage d’écran que propose l’outil Jitsi que nous avons utilisé, tous les participants peuvent les voir simultanément. En présentiel, nous utilisons moins ce type de documents.
La fenêtre de chat est aussi un autre point fort de l’outil. Il permet de noter des mots pour l’ensemble des participants, comme des termes compliqués qu’ils n’ont pas compris. Mais c’est utile aussi pour que les participants eux-mêmes inscrivent leurs propres mots. Avec un atelier autour des mots ou expression préférés, par exemple, chacun a pu indiquer celui qui lui plaisait. On a vu aussi une participante chercher spontanément sur Internet des images pour illustrer les propos des uns et des autres puis les partager sur la plateforme.
Finalement, on est moins dans le magistral et le scolaire, c’est davantage participatif, chacun peut facilement s’emparer de la discussion.

Avez-vous des exemples de participants qui vous ont marqués ?

Oui, on pourrait citer le cas d’un Brésilien : il avait connu la Bpi lorsqu’il était en France et, de retour au Brésil, il s’est connecté aux ateliers pour maintenir son niveau en français. 
Et surtout, l’exemple le plus inattendu pour nous, au départ, est celui de cet Italien qui travaillait en France depuis 4 mois pour une entreprise italienne : il avait eu l’accord de son patron pour participer aux ateliers  pendant sa journée de travail afin de progresser en français. Son employeur lui a octroyé une heure pour le faire. Pour des personnes dans sa situation, il apparaît utile de maintenir cette version en ligne des ateliers. Elles ne pourraient pas les suivre en présentiel.

Alors, quel est votre sentiment après cette expérimentation : les ateliers en ligne, stop ou encore ?

La principale limite des ateliers en ligne est la nécessité de posséder du matériel informatique et de savoir l’utiliser. Ce serait donc vraiment dommage de ne proposer que cette formule en ligne qui risque d’exclure une partie de nos publics habituels. C’est pourquoi dans l’idéal nous souhaiterions pouvoir continuer les deux formats d’ateliers. Mais rien n’est encore décidé, c’est une réflexion que nous menons pour la suite, dans ce contexte si particulier.

Bibliothécaire animant un atelier en ligne : échanges avec les participants via l'écran
©Bpi

Publié le 28/09/2020 - CC BY-SA 4.0

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