Le Vénérable W
de Barbet Schroeder

Barbet Schroeder est né à Téhéran en 1941 d’une mère allemande et d’un père suisse d’origine allemande. Dans sa filmographie, comprenant fictions et documentaires tournés aux quatre coins du monde, un des thèmes récurrents est le mal. C’est notamment le cas pour ce que le cinéaste appelle sa Trilogie du mal initiée avec le portrait d’un dictateur africain, Général Idi Amin Dada (1974), poursuivie avec L’Avocat de la terreur (2007), qui retrace le parcours ambigu de Jacques Vergès, et qui se clôt avec ce dernier film, Le Vénérable W, qui sort en salles le 7 juin 2017.

L’avis du bibliothécaire

Le Vénérable W est le portrait du moine bouddhiste birman Ashin Wirathu, leader du parti racialiste Ma Ba Tha, qui fanatise ses disciples et les entraîne à harceler et détruire la minorité musulmane des Rohingyas installée notamment dans l’ouest du pays vers la frontière avec le Bangladesh. Barbet Schroeder est horrifié par les exactions commises au nom du bouddhisme, religion ou philosophie qui l’a influencé depuis longtemps au point d’effectuer à l’âge de vingt ans un long voyage en Inde jusqu’au Sri Lanka sur les traces de Bouddha.

Le film présente un mélange d’images de télévision, de vidéos filmées clandestinement et d’interviews de Wirathu, dont la mise en perspective a pour objectif de démonter les engrenages de la machine idéologique totalitaire construite par le moine bouddhiste. W peut faire également penser au livre de Georges Perec, W ou le souvenir d’enfance, dans lequel W est le nom d’une île dont l’idéal olympique apparaît comme une transposition romanesque de certains thèmes de l’idéologie nazie.W ou le souvenir d’enfance, dans lequel W est le nom d’une île dont l’idéal olympique apparaît comme une transposition romanesque de certains thèmes de l’idéologie nazie.

Dans une filmographie foisonnante comprenant beaucoup de fictions, le cinéaste aux racines allemandes nous offre ce documentaire dénonçant une dérive fascisante quelque part en Asie.

Rappel

Le Vénérable W, de Barbet Schroeder, production Les Films du Losange, 2017, 1 h 40 min
Film présentée en séance spéciale de la sélection officielle au Festival du film, Cannes, 2017

Distribué en salle par Les Films du Losange