La grande bibliothèque du SCD de Nanterre, Paris – Nanterre : le fonds de sociologie, présentation des lieux
par Laura Gili-Thébaudeau, chargée de collections et médiation en sociologie et démographie au Service Civilisations, sciences et sociétés de la Bpi

Laura Gili-Thébaudeau a effectué un stage d’une semaine à la « grande BU » de Nanterre et a ainsi pu découvrir les collections, les formations et les actions culturelles en direction des étudiant·es universitaires du Campus Nanterre.

Installée dans le Campus Nanterre qui s’étend sur 32 hectares, la grande bibliothèque est construite entre 1963 et 1971 et ouvre au public en 1972.

André Malraux, alors ministre d’État chargé des Affaires culturelles pendant le gouvernement Georges Pompidou, confie à Édouard Albert, architecte du premier gratte-ciel de Paris dans le 13^e arrondissement, du gril et de la tour Zamansky, à la Faculté des Sciences de Jussieu – Sorbonne Université, le projet de cette bibliothèque universitaire constituée d’une grande tour dite « tour des livres » et de quatre bâtiments adjacents. La grande bibliothèque fait partie du service commun de la documentation (SCD).

Un SCD, c’est quoi ?

Un service commun de la documentation est un réseau de plusieurs bibliothèques universitaires. Le SCD de Nanterre est constitué de la grande bibliothèque (BU) et de 14 bibliothèques spécialisées rattachées aux Unités de formation et de recherche (UFR) : 10 d’entre elles sont des bibliothèques associées, c’est-à-dire qu’elles participent à la politique documentaire de l’établissement, notamment en mutualisant le signalement, mais leur budget dépend de l’UFR auquel elles sont rattachées, et 4 y sont intégrées (leurs crédits et leur personnel relèvent directement du SCD).

Ces bibliothèques, qu’elles soient associées ou intégrées, se trouvent soit sur le Campus (12), soit dans les villes voisines.

Parmi les bibliothèques sur le campus, pour n’en citer que quelques-unes, se trouvent la bibliothèque intégrée LCE (Langues et cultures étrangères),la bibliothèque « SEGMI » (Sciences de l’économie, gestion, management et informatique), qui contient un fonds de sociologie, et la bibliothèque de l’AES-sociologie, située  dans le bâtiment Rouch, à l’architecture très caractéristique.

Dans les villes voisines se trouvent deux bibliothèques : la bibliothèque intégrée Sciences de l’Ingénieur (IUT Ville d’Avray) et la bibliothèque du Pôle métiers du livre à Médiadix, Centre régional de formation aux carrières de bibliothécaire de l’Île-de-France, à Saint-Cloud.

Installée au PULV (Pôle universitaire Léonard de Vinci pour les concours administratifs) jusqu’en juin 2025, la bibliothèque intégrée Concours administratifs IPAG La Défense, qui apparaît comme quinzième BUFR sur le site de l’Université Paris Nanterre, a fermé ses portes et ses collections vont désormais être intégrées à celles de la grande BU au fil de l’eau.

Le Pixel : un lieu d’échange et de partage très confortable

La BU abrite le Pixel, un lieu de rencontre, de travail, de conférences et de convivialité. Ouvert en 2021, il s’agit d’un cadre innovant dans lequel les étudiant·es, mais aussi le personnel de l’université, peuvent prendre un moment de repos ou échanger ensemble. Dans ce lieu feutré, le public est autorisé à parler avec un ton de voix normal, mais, finalement, tout le monde préfère chuchoter comme dans les autres salles de la grande BU (ou comme dans n’importe quelle autre bibliothèque).

On note l’absence de livres ou de supports documentaires. Les seuls ouvrages exposés le sont dans le cadre des valorisations thématiques. Des salles pour le travail en groupe ponctuent ce très grand espace aux tons apaisants. Et il comprend aussi un espace modulable rempli des tables roulantes prêtes à être dégagées en cas de rencontres, conférences ou performances d’artistes organisées par la BU.

La sociologie à la BU

Le fonds de sociologie de la BU – Nanterre est riche de 17 000 titres. Il comprend les sciences sociales, la sociologie proprement dite et les sciences sociales.

Actualité de la recherche et dialogue avec les enseignant·es

Les études universitaires en sociologie suivent de très près les changements de la société. L’activité éditoriale dans cette discipline est très dynamique et demande une actualisation du fonds, aussi en ce qui concerne les nouvelles thématiques. Il en résulte une mise à jour des indices du fonds, la création de nouveaux indices et un traitement matériel des collections (recotation, catalogage, rondage, etc.). L’un des derniers exemples est la création de l’indice 302.1, « sociologie visuelle » au sein de la bibliothèque AES-sociologie. Bien implantée dans le monde anglo-saxon, ce type de sociologie permet d’explorer « ce que regarder veut dire » [GUCHT, 2017], pour paraphraser le titre du livre de Pierre Bourdieu : « Ce que parler veut dire ».

Les suggestions des enseignant·es universitaires constituent un appui considérable pour les acquisitions. Le dialogue entre les professionnels est donc très fructueux pour l’ensemble de la communauté universitaire.

D’autres bibliothèques du SCD profitent pleinement, de ces échanges entre les chargé·es de collections et le corps enseignant, plus particulièrement la bibliothèque de l’UFR de socio.

Les ressources électroniques dans le département des collections en Sciences humaines et sociales (SHS)

La plupart des ressources électroniques en SHS consistent en des abonnements à de grandes bases généralistes (CAIRN, JSTOR, OpenEdition freemium for Journals, etc.). Quelques abonnements à des bases spécialisées et à des titres isolés de revues viennent compléter la couverture disciplinaire : SocIndex en sociologie, Sportdiscus en STAPS, plusieurs bouquets d’ebooks chez Scholarvox, etc. Depuis plusieurs années, l’achat au titre à titre d’ebooks se développe afin qu’un meilleur ajustement des supports permette de mieux répondre aux usages et besoins des lecteurs (notamment pour les enseignements à distance).

La souscription au service Nouveautés d’OpenEdition est un des axes de ce travail autour d’une meilleure articulation entre papier et électronique et participe, dans ce domaine, au soutien à la science ouverte. Les suggestions d’acquisition des enseignants passent la plupart du temps par des envois de bibliographies ou des demandes isolées. Afin de mieux inclure les enseignants dans le développement et la valoriation des ressources électroniques, deux evidence based acquisitions ont été souscrits ces dernières années, donnant lieu à des achats selon les consultations des collections ouvertes et après recueil d’avis éventuels. Des formations ont aussi été développées à destination tant des enseignants que des étudiants. Un travail particulier est effectué autour de l’analyse des statistiques de consultation (mise en place d’EzCounter, communication aux chargées de collection des rapports, prise en compte dans les Plans de développement des collections et les rapports d’activités des départements, etc.). Ces statistiques confirment la part croissante des ressources électroniques dans l’activité des lecteurs (61% des licences sont déjà usagers de la documentation en ligne, chiffre en forte progression par rapport à 2023).

La Contemporaine, dont le budget dépend de l’université et non du SCD, participe financièrement, elle aussi, à l’acquisition des ressources électroniques avec le SCD.

Cela va sans dire que la formation du corps enseignant et celle des étudiant·es sur ces ressources, mais aussi sur les sources imprimées, est très importante. Compte tenu de l’usage de ces ressources, la formation du corps enseignant et des étudiant·es est donc cruciale.

Les formations universitaires en SHS : le jeu au service de la formation

À la grande BU, un service dédié à la formation offre un large panel de formations dans toutes les disciplines et niveaux. Certaines formations sont classiques et d’autres sont plus innovantes. Il revient alors aux chargé·es de collections de choisir les formats qui paraissent les plus adéquats au regard des publics auxquels ils s’adressent.

Pour les formations aux étudiant·es, les bibliothécaires peuvent utiliser des logiciels en ligne, comme MIRO et KAHOOT ou encore Genially. Avant de les proposer aux publics de la BU, les formateurices testent ces jeux pour éventuellement adapter leur contenu.