« La bibliothèque vaut-elle le coût »? : retour d’expérience d’une fourmi ouvrière
par Nolwenn Bouric, chargée de mission, Bibliothèque Départementale du Val d'Oise

La Bibliothèque Départementale du Val d’Oise, en partenariat avec la Bibliothèque Publique d’Information (Bpi), le Ministère de la Culture, le MotIF (Région Île de France), la DRAC Île-de-France et l’Association des Bibliothécaires Français (ABF), a conduit sur le territoire du département une étude sur les impacts sociaux, économiques, éducatifs et culturels des bibliothèques de septembre 2015 à mars 2017. 

L’objectif de cette étude est de mesurer et d’évaluer les répercussions de la politique de lecture publique. Cette démarche est innovante sur plusieurs aspects. Tout d’abord, il s’agit de questionner le service public tant dans son principe que dans sa pertinence. Concernant les bibliothèques, la question de l’impact n’est pas une question habituelle loin de là. C’est bien tout le sel de cette étude que de partir du postulat qu’il n’y a aucune évidence à ce que la bibliothèque en tant que service public ait un sens. Par-delà le sens de la bibliothèque en tant que service public, nous nous sommes également intéressés à ce que la bibliothèque apporte aux citoyens, aux territoires. Concrètement, dans quelle mesure la bibliothèque participe-t-elle à l’attractivité du territoire ? Comment le fait-elle ? La bibliothèque est-elle, pour les usagers, un facteur de qualité de vie ? Participe-t-elle à faire de la commune un endroit où il fait bon vivre ?  

Visuel de l'étude © Solar

Interroger les raisons d’être des bibliothèques publiques et leurs activités pour pouvoir argumenter que le service rendu aux usagers vaut l’investissement consenti par la collectivité est un défi stimulant à l’heure de la contrainte de la dépense publique. En tant que juriste de formation, j’ai un goût pour l’argumentation et je ne pouvais donc passer à côté d’une telle plaidoirie.
 
Mon goût pour l’argumentation et mes facultés d’analyse auraient pesé bien peu dans la balance de l’évaluation sans le réseau de partenaires de terrain que nous avons sollicité. Nous avons sélectionnés un panel de treize bibliothèques ayant des caractéristiques représentatives des réalités du Val d’Oise. Le personnel de ces équipements, professionnel comme bénévole, a interrogé, collecté toute la matière dont cette étude est faite. Les référents des territoires de la Bibliothèque départementale ont également beaucoup contribué à cette collecte de données, relançant, explicitant, accompagnant chaque fois que cela était nécessaire les bibliothèques. La fourmi ouvrière que je fus sur ce projet a ainsi pu mobiliser une quantité d’informations tant qualitatives que quantitatives qui ont presque eu raison de mon cerveau (de fourmi !). Heureusement, j’ai pu compter sur le soutien de fourmis plus expérimentées appartenant à d’autres services de la fourmilière (la Direction du Territoire et de l’Habitat, la Mission Innovation, la Bibliothèque Publique d’Information). J’invite donc à mes condisciples à se lancer dans l’aventure avec des réserves de temps (et de café) !
 
L’avantage de ce projet d’ampleur est de confronter, dans l’analyse des données, différentes spécialités comme l’économie ou la sociologie et donc d’envisager le service public sous différents angles. Outre la curiosité intellectuelle, cette confrontation permet de replacer le service public dans sa globalité et de ne plus envisager les politiques dites culturelles uniquement du point de vue de la culture. Cette approche engendre une interdisciplinarité qui, de mon point de vue de fourmi, concourt à la qualité de la fourmilière. 

Publié le 01/06/2017 - CC BY-SA 4.0

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