Focus sur la bibliothèque Gabrielle Roy à Québec
par Kamilia Abdani, administratrice du catalogue public, Bpi

Construite en 1983 et située dans le quartier Saint-Roch, la biblothèque Gabrielle Roy doit son nom à l’auteure et romancière franco-manitobaine. Elle fait partie d’un réseau de 26 bibliothèques dont la gestion dépend du service municipal Bibliothèque de Québec, en collaboration avec l’Institut canadien de Québec, qui assure la gestion et la programmation culturelle.

Une réflexion autour de l’expérience usager

Le projet de rénovation et de modernisation de la bibliothèque Gabrielle Roy a débuté en 2015. Les travaux ont commencé en 2019 et la bibliothèque a réouvert ses portes en février 2024. L’objectif de ce projet, en plus de concevoir une architecture intérieure inspirée des bibliothèques des pays nordiques, était de proposer des services et des expériences centrés sur l’utilisateur.

Une salle de spectacle, située directement à l’entrée de la bibliothèque, offre une capacité de 187 places, avec des gradins rétractables, tandis qu’une salle de projection plus petite est disponible pour des séances de cinéma destinées à tous les publics.

Les espaces sont divisés en dix foyers thématiques (Cuisine, Vie citoyenne, Jeunesse, Bande dessinée, Langues et littératures, Voyage, Musique et cinéma, Création, Culture et société, Nature, sciences et technologies). Ils sont animés, en partie, par des organismes locaux qui répondent chaque année à des appels à candidature et font office d’incubateur créatif. Les espaces sont très ouverts pour permettre une circulation fluide, le mobilier et la couleur permettent de donner à chaque espace une identité propre.

En plus des 200 000 documents, sont proposés des équipements et des installations originaux, comme un espace de pratique musicale, des instruments en prêt ou encore une « joujouthèque » pour les plus petits. Mais l’espace le plus surprenant est peut-être la cuisine professionnelle conçue pour de la médiation culturelle et éducative.

Une grande place consacrée à l’art

En parcourant toute la bibliothèque, nous découvrons plusieurs œuvres d’art permanentes dont la pièce principale est « Il me semble y avoir comme une pluie d’or » de Micheline Beauchemin, située au centre de l’atrium et acquise avec la politique du 1% artistique liée à la construction du bâtiment, selon le même dispositif qu’en France.

Au premier étage de la bibliothèque se trouve la sculpture de Gaëtan Libertiaux et Gaël Bertrand, « Fleuves », cadeau de la ville de Namur, qui représente la rencontre des fleuves Saint-Laurent et Meuse.

En plus des cinq œuvres d’art permanentes, plusieurs œuvres éphémères sont exposées, comme les quatre stations sensorielles situées à chaque niveau de la bibliothèque. Avec « Ce qui brille dans le noir », Ariane Plante nous invite à utiliser notre imagination en écoutant des sons et de la musique.

Pour compléter cette collection, une artothèque est mise à disposition du public.

Un service centralisé unique pour toutes les bibliothèques du territoire

En plus de ses collections fixes, la bibliothèque Gabrielle Roy gère également un fonds flottant à destination des 26 bibliothèques de la ville de Québec. De l’acquisition à « l’élagage » (désherbage), toute la politique documentaire est pensée en réseau. Une navette passe trois fois par semaine dans toutes les bibliothèques, mais cette pratique est aujourd’hui questionnée pour des raisons écologiques.

Cette bibliothèque compte plus d’une centaine d’employés (pour 10 500 m²) sur les 320 que compte le réseau. Elle est ouverte 81 heures par semaine, contre une moyenne de 52 heures pour les autres bibliothèques. Tête de réseau, elle travaille avec les autres bibliothèques via des correspondants dans chacun des cinq « bassins de lecture » de la ville. Inspirée par l’exemple de Drummondville, elle expérimente l’embauche d’un travailleur social (supervisé par le service social de la ville) qui va à la rencontre du public le plus précaire dans la bibliothèque mais également dans ses environs. Sa mission est de « tisser des liens, créer des relations avec les usagers et devenir une figure de confiance dans la bibliothèque ». La bibliothèque Gabrielle Roy est en effet située dans le quartier Saint-Roch qui, comme le centre-ville de Québec, connaît des problématiques de toxicomanie, d’errance et de santé mentale, notamment depuis la pandémie.

La bibliothèque Gabrielle Roy est un espace à la fois agréable et bien aménagé, toutefois, notre visite ayant eu lieu pendant une grève du personnel, l’absence du public a quelque peu limité notre expérience du lieu.