The Five Obstructions de Lars von Trier et Jørgen Leth.
Ressortie en salles le mercredi 12 juillet.
sur une idée de Lars von Trier d’après The Perfect Human de Jørgen Leth, 1967
Le 51ème festival de La Rochelle (30 juin-9 juillet 2023) propose une rétrospective de 14 films de Lars von Trier en version restaurée avant une ressortie nationale en salles à partir du 12 juillet. Parmi les fictions qui vont de Element of Crime (1984) à The House That Jack Built (2018) en passant, entre autres, par Breaking the Waves (1996), Dancer in the Dark (2000) et Melancholia (2011), s’est glissé The Five Obstructions, sorte de détour du cinéaste danois dans une zone hybride entre film documentaire et film expérimental. Lars von Trier invite Jørgen Leth, réalisateur, producteur, poète et commentateur à la télévision danoise, à tourner cinq remakes de son court-métrage The Perfect Human (1967) en imposant à chaque projet de nouvelles « obstructions ». Ces contraintes forcent Leth à repenser l’histoire et les personnages de son film original.
L’avis de la bibliothécaire
Du cinéma et des contraintes
« Je tiens à ce que chacun de mes films comporte une part d’innovation technique »
Lars von Trier
Lars von Trier est un cinéaste inclassable. Il est certes connu pour son arrogance et quelques propos plus que déplacés mais aussi pour ses univers sombres, troubles, douloureux, anxieux, provoquants voire choquants où se mêlent tourments métaphysiques, visions allégoriques et images parfois très crues. Ses influences revendiquées sont les maîtres de l’école scandinave : Carl Theodor Dreyer et Ingmar Bergman ainsi que le réalisateur russe Andreï Tarkovski, dédicataire de Antichrist (2009), œuvre très controversée à la fois film d’horreur et drame psychologique hallucinatoire qui s’inspire des tableaux de Jérôme Bosch. Chaque film de Lars von Trier est une quête effrénée de cinéma qui s’articule autour d’un travail intense sur les techniques de l’image et du son et/ou sur une relecture personnelle en diable de genres cinématographiques très codifiés (le film noir, le mélodrame, la comédie musicale, le film d’anticipation, d’épouvante…). La part d’innovation, la virtuosité technique revendiquée et recherchée par le réalisateur s’inscrit dans les éclairages, les atmosphères, le travail sur la couleur (objet de soins maniaques) et son rapport avec le noir et blanc, le son (dissociation entre la prise de son et la prise de vue pour élaborer le paysage sonore en post-synchronisation), le cadrage et l’utilisation de la caméra portée. Afin de stratifier les niveaux de lecture, Trier disjoint le langage du corps et celui de la voix. Son approche et sa pratique du cinéma se fondent sur une appétence pour l’expérimentation et la recherche de nouvelles formes. Chaque film, toujours surprenant, tend à devenir un archétype. Cette sophistication technique fut d’abord récompensée au festival de Cannes par le Grand prix de la commission supérieure technique pour Element of Crime en 1984 et pour Europaen 1991 (qui obtint également le Prix du jury). La Palme d’or arriva avec Dancer in the Dark en 2000 précédé par le Grand prix du jury qui revint à Breaking the Wavesen 1996.
Dogma 95
Lars von Trier est un homme de déclarations intempestives et de manifestes. En 1995, pour les cent ans de l’invention du cinéma et peut-être dans une volonté d’autocritique à l’égard du maniérisme dont ses premiers films étaient emprunts, Lars von Trier va proclamer Dogma. C’est à Paris, lieu de naissance de la Nouvelle Vague, lors d’un colloque organisé au Théâtre de l’Odéon, qu’en mars 1995 le trublion danois lut le manifeste du groupe Dogma, un collectif alors uniquement composé de Thomas Vinterberg et de lui-même, auxquels s’adjoindront deux autres jeunes réalisateurs danois Kristian Levring et Søren Kragh-Jacobsen. Dogma se veut un mouvement d’avant-garde dont la doctrine rejette « une certaine tendance du cinéma d’aujourd’hui : superficielle, illusionniste, décadente, individualiste et bourgeoise ». Dénonçant le recours massif aux effets spéciaux et la recherche frénétique du spectaculaire qui étouffent voire détruisent l’âme du cinéma, une charte, Dogma 95, est établie. Dix préceptes (un peu comme un décalogue) président à l’attitude du cinéaste lors du tournage. Les cinéastes qui adhèrent à la charte font « vœu de chasteté » en observant les dix commandements suivants : 1- Tournage en milieu naturel. Proscription de décors et accessoires. 2- Production simultanée de l’image et du son. Interdiction de la musique sauf si elle est présente là où la scène est tournée. 3- La caméra doit être tenue à l’épaule. 4- Le film doit être tourné en couleur. Tout éclairage particulier est inacceptable. 5- Trucages et filtres sont interdits. 6- Aucune scène superficielle n’est acceptée. 7- Le film se déroule ici et maintenant. 8- Les films de genre sont inacceptables. 9- Le format du film doit être un 35 mm standard. 10- Le réalisateur ne doit pas être crédité au générique du film.
Ces contraintes très concrètes visent à revenir aux sources, à une virginité du cinéma, en épurant la mise en scène au maximum et en éliminant les effets d’écriture et les procédés de dramatisation artificiels dans « le but suprême de forcer la vérité à sortir des personnages et du cadre de l’action ».
Les dogmes sont faits pour être contournés et des arrangements sont possibles. En cas de manquement au vœu de chasteté, la rédemption et le repentir sont envisagés dans les statuts de Dogma. Il est intéressant de noter le recours à un vocabulaire religieux. La religion, le sacrifice, le miracle sont très présents dans l’œuvre de Lars von Trier qui, enfant unique de parents militants communistes, s’est converti au catholicisme en 1989 après que sa mère lui eut révélé sur son lit de mort que son père biologique n’était pas Ulf Trier, d’origine juive mais Fritz Michael Hartmann, un membre de la Résistance danoise aux origines allemandes. Trier, en se référant dans ses déclarations et dans ses films, à la vie des saints et au miracle, ne serait-il pas un lecteur assidu de La Légende dorée et autres martyrologes.
Le collectif Dogma eut dix ans d’existence (1995-2005) et produisit trente-cinq films dont Festen (Dogme # 1, 1998) de Thomas Vinterberg, prix du jury à Cannes en 1998 et Les Idiots (Dogme # 2, 1998) de Lars von Trier. Ce dernier eut tôt fait de revenir à des préoccupations esthétiques engageant l’image et le son dans leurs multiples possibilités et intrications ainsi qu’à sa lecture très subjective de deux genres : la comédie musicale et le mélodrame avec Dancer in the Dark en 2000. Que penser de Dogma 95 ? puérilité ? canular ? idée marketing ? voie tangente au modèle hollywoodien ? sobriété des financements comme de l’écriture cinématographiques ? vérité des situations et des personnages ?
« Pour beaucoup de gens, le Dogme ne représente qu’enfantillages, mais au moins avons-nous réussi à provoquer un débat, et j’en suis heureux. Cela faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu de débat sur les raisons de faire du cinéma ou sur la forme et le fond des films »
L.v Trier
The five obstructions : Lars von Trier aux manettes
Naissance du projet
Lars von Trier considère The Perfect Human de son compatriote Jørgen Leth comme un de ses films-culte. Court-métrage en noir et blanc de 13 mn, The Perfect Human est un film expérimental qui met en présence deux personnages, un homme et une femme, dans un décor blanc qui semble une boîte, effectuant des gestes banals de la vie quotidienne qu’une voix off interroge comme elle questionne leur relation et leur humanité.
« L’idée trouve son origine dans la fascination que j’ai pour le monde des films publicitaires. Je sentais que tous les éléments – personnages, objet, actions – seraient extrêmement distincts s’ils étaient isolés de leur environnement. Je voulais les sortir de tout cadre, de tout le désordre réaliste dans lequel, habituellement, évoluent les personnages. »
Jørgen Leth
Lars von Trier dit qu’il a vu plus d’une trentaine de fois The Perfect Human depuis sa création en 1967. L. von Trier, dont on a illustré le rapport obsessionnel à des défis techniques relevant parfois de l’impossible comme à des limites draconiennes, ne va pas s’imposer à lui-même des contraintes mais les fixer à J. Leth. Curieuse manière, quelque peu perverse, de rendre hommage. Entre manipulation et création Trier demande à Leth de déconstruire et de reconstruire son court métrage et ce cinq fois.
Le projet est né du désir de Lars de voir des variations autour d’un court métrage. Un échange de mails préliminaire, à l’initiative de Trier montre que, si victime il y a, elle est tout à fait consentante.
« Nous regarderons le film ensemble et nous en parlerons. Ensuite je fixerai des restrictions, ordres ou interdictions, ce qui signifie que tu devras refaire tout le film à nouveau. Et ceci cinq fois… d’où le titre. Je trouve naturel que nos conversations deviennent partie intégrante du film avec les six petits films, bien sûr. »
L. v. Trier à J. Leth, mail du 28/11/2000
« Je trouve le projet très attirant. J’imagine un développement intéressant entre le film 1 et le 6, la façon de contourner les obstacles, les conversations que nous aurons. Je suis certain que cette expérience sera probante. J’attends tes instructions. J’aime vraiment l’idée de devoir modifier, ajuster et perturber ma façon de faire selon les instructions données, bien sûr »
réponse par mail de J. Leth
Le ton est donné : Lars sera aux manettes. Dans la position d’un « director » (celui qui donne la direction, qui impose, celui qui valide ou invalide les résultats obtenus), il instaure une relation maître / élève. Les contraintes visent à éprouver la créativité de Jørgen (sa capacité d’adaptabilité aux instructions données) et son potentiel de création (le contenu nouveau, la variation des films réalisés par rapport au court-métrage initial).
Lars inverse-t-il les rôles en se jouant de la position d’autorité qu’aurait pu tenir Jørgen, plus âgé, professeur de cinéma au Danemark et aux États-Unis ? Non, Lars, qui depuis l’enfance est très conscient de sa valeur, a permis au cinéma danois de retrouver une place de choix dans la cinématographie mondiale et a, en 2000, obtenu la Palme d’or. Ne serait-il pas plutôt très flatteur pour l’ego de Leth, artiste bien moins connu et reconnu par le grand public que Lars, d’être « dirigé » par l’enfant terrible, le surdoué du cinéma devenu à l’âge adulte un cinéaste de renommée internationale ?
The Five obstruction : un O.F.N.I « objet filmique non identifié »
Lars von trier est travaillé par l’interdit depuis son enfance où, dit-il, il a été élevé sans aucune contrainte. Cette éducation permissive à l’extrême l’a amené très tôt à devoir s’imposer ses propres règles, à être l’éducateur de lui-même. Imposer des contraintes, entre contrôle et manipulation, est sans doute pour lui particulièrement jubilatoire et lui permet de vivre, adulte, une frustration aiguë de l’enfance.
L’expérience humaine et cinématographique de The Five Obstructions se déroule sur plus de trois années de novembre 2000 à mai 2003. Le film est à la fois un défi, un jeu aux contours éthiques parfois troubles et une expérimentation de travail collaboratif entre deux réalisateurs où circule le désir de cinéma de chacun d’eux. Chacun des deux hommes a d’ailleurs rédigé un manifeste. La mise en mots de théories du cinéma est bien l’affaire des deux compères. Trier explique la nécessité de « défocaliser » dans le but de retrouver « le vrai trésor de la vie » en excluant histoire, argument et thème…
« Le défi ultime du futur est de voir sans regarder : défocaliser ! Dans un monde où les médias se prosternent devant l’autel de la netteté, et ce faisant vident la vie de toute vie, le DÉFOCALISATEUR sera le communicateur de notre époque – ni plus, ni moins ! »
L. von Trier
Leth, lui, s’en remet au passage du temps, au hasard :
« Ce que je préfère dans un film, c’est de sentir le temps couler à travers une scène. Il devrait toujours y avoir de la place pour le temps. Un film doit respirer naturellement… Parfois on tombe sur un moment magique. C’est ce qu’on recherche, mais il ne faut pas être trop gourmand, ou trop sûr de soi… on se fie aux cadeaux illimités du hasard…. »
J. Leth
Que peut-il surgir de cet exercice collaboratif, de cette pratique partagée de la mise en scène avec un donneur d’ordres omnipotent, maître du jeu et de l’aventure, gardien des règles et juge, et un exécutant au taquet, excité par la remise en question de sa manière de filmer, qui joue le rôle d’acteur principal du projet diffracté selon les cinq obstructions ?
Cet OFNI, soit un objet filmique non identifié, à la forte originalité formelle, navigue entre le documentaire (relation entre les deux hommes, work in process, interrogation sur la création) et le film expérimental (les cinq variations). Le montage dynamique fait alterner des extraits du court-métrage original en noir et blanc, des scènes de tournage (sortes de saynètes de making of), des moments de doute où Leth s’exprime face camera, des entretiens entre les deux compères où Lars von Trier excelle dans les joutes verbales, des extraits des nouvelles versions. Les variations créées par Leth sont visionnées par les deux hommes soit à Zentropa (maison de production créée par Lars en 1992 dans les environs de Copenhague) soit, grâce aux possibilités d’ubiquité de l’internet, à Port-au-Prince en Haïti où Leth s’est installé depuis 1991. Lars, qui est un casanier dont la Wanderlust, la soif d’aventure, se déploie dans son imaginaire et sa création cinématographique, est aussi un grand phobique des voyages en avion, plus particulièrement. En revanche il n’hésite pas à envoyer Leth à Cuba, Bombay, Bruxelles, Austin, ce qui convient à Leth.
À la première obstruction très technique (pas de plans de plus de 12 images) s’agrègent deux autres contraintes : répondre aux questions en voix off posées dans The Perfect Human et aller tourner dans un lieu inconnu. Leth (amateur de cigare qui ne connaît pas la « perle des Caraïbes » se sort d’affaire assez adroitement en jouant sur des stéréotypes de « l’hombre cubano ». La deuxième obstruction est censée relever davantage de la morale. Leth doit aller tourner dans « l’endroit le plus sordide qu’il connaisse » une scène de repas, un banquet en solo (avec poisson, bouteille de chablis, verre à pied et autres mets gastronomiques) dont il sera l’acteur principal avec interdiction de montrer le lieu de tournage. La réponse de Leth (masquer la rue des prostituées de Bombay avec un écran translucide où apparaissent les habitants de ce quartier où la discrimination est à son comble) est rejetée par Lars qui le « punit » en lui proposant de refaire une variation à Bombay ou un nouveau court-métrage sans aucune directive (3ème obstruction). Leth, certes déstabilisé, trouvera la parade en utilisant le split screen dans des scènes tournées à Bruxelles avec deux acteurs confirmés (Patrick Bauchau et Alexandra Vandernoot). La quatrième obstruction est une contrainte esthétique : faire un film d’animation sachant que les deux réalisateurs méprisent de manière franche et radicale cette forme d’art. Grâce à l’aide d’un grand animateur américain, Bob Sabiston, Leth réalise un mini film noir graphique aux accents existentiels où les gestes et les pensées des personnages sont commentés en voix off. Quant à la 5ème obstruction, elle doit être réalisée par Lars puisque, dit-il, « j’ai été l’instigateur et le pédagogue du projet ». Obstruction ultime où Lars se pose en démiurge :
« – Tu ne feras rien du tout, mais tu auras le titre de réalisateur et tu liras un texte écrit par moi. C’est tout ce que tu devras faire. La matière dont j’ai besoin pour le film existe déjà. C’est ce que tu as tourné pour réaliser ces obstructions… Voilà, c’est ça l’idée. Tu n’y vois pas d’inconvénient ?
– Pas du tout. Je trouve ça formidable.
– Retombe tranquillement dans ta dépression haïtienne, la conscience en paix.
– D’accord Lars. »
Lars aime ici à jouer les directeurs de conscience. Ailleurs, il s’est voulu également maître d’œuvre d’une « thérapie » et promoteur d’une méthode fondée sur « l’auto-flagellation ». Les deux hommes ne seraient-ils pas unis (et friands tout à la fois) par un désir de relation sadomasochiste soft ? N’y-a-t-il pas chez Lars un comportement de toute puissance infantile ?
Leth s’exécute et lit en off une longue lettre écrite par Lars qui commence par « Mon cher idiot de Lars » sur des images montées par Camilla Skousen. Que dire de cette missive ? Jeu de miroirs entre Lars et Leth ? entre Lars et Lars ? constat d’échec ? Rhétorique entre le je et le tu qui aboutit à un discours quelque peu confus ? Ultime pied de nez du réalisateur, manipulateur sans doute écorché, devant les résultats de son désir de contrôle de l’autre ?
En mai 2011, pendant le Festival de Cannes, fut annoncé un projet de remake de The Five Obstructions où devaient s’affronter Lars von Trier (le converti) et Martin Scorsese (qui, adolescent, se destinait à la prêtrise et dont certains films mettent en scène quête spirituelle et rédemption). Il fut un temps question que la méthode des cinq obstructions s’appliquerait à Taxi Driver, Palme d’or 1976. Ce film (pour l’heure) n’est pas sorti. Serait-il resté à l’état de projet ? Scorsese ne serait-il pas un boxeur cinématographique peut-être trop coriace pour Lars von Trier ?
Obstruction # 2 et carton rouge
Lars von Trier et Jørgen Leth ont décidé d’employer intentionnellement le terme d’ « obstruction » et non celui d’ « instruction ».
« Obstructions est un terme issu de la terminologie footballistique. J’ai, autrefois, réalisé un film sur le grand joueur de football danois Michael Laudrup. C’était un virtuose aux mouvements imprévisibles. Il attirait les obstructions, il poussait à un jeu dur, mais toujours il évitait élégamment de tomber ou de se blesser. Michael Laudrup sera mon rôle modèle. » (Jørgen Leth)
Une obstruction au football peut se solder par un coup franc, un penalty, un carton jaune et un carton rouge. Dans ce dernier cas, le joueur est exclu immédiatement du terrain.
La réponse de Jorgen Leth à la deuxième obstruction pose problème. Un film documentaire se distingue d’un film de fiction par l’engagement éthique du réalisateur. On pourrait penser que montrer des femmes prostituées et des enfants dont la misère est aussi une extrême relégation sociale (le système des castes en Inde), tous pressés contre une paroi translucide, est une réponse éthique ambiguë. Selon moi, elle est inacceptable, d’autant plus inacceptable que Leth en smoking et nœud papillon est attablé pour jouir de son banquet où brillent le cristal, l’argenterie, le vin blanc millésimé. Cette séquence tend à rendre le spectateur complice de cette réponse obscène de Jørgen Leth dans le « lieu le plus sordide qu’il connaisse ». Les confessions de Leth, avant le tournage, dans sa chambre d’hôtel où il se présente étreint par l’angoisse jusqu’à un recours possible au valium ne changent rien à l’affaire. Bien au contraire, elles aggraveraient plutôt son cas. Le spectateur ne peut jouer les arbitres et exclure les deux réalisateurs / protagonistes d’un jeu par trop pervers à cette étape-là du film. En revanche le spectateur peut exercer son libre arbitre. Une réponse possible, correcte et décente du spectateur ne serait-elle pas, dans le respect de l’humain et de la condition humaine, ou d’éteindre l’appareil grâce auquel il voit le film ou de se lever de son siège et de sortir de la salle de cinéma ?
Isabelle Grimaud
Bande annonce
Rappel
The Five Obstructions – Réalisation : Lars von Trier et Jørgen Leth, sur une idée de Lars von Trier d’après The Perfect Human de Jørgen Leth – 1967 – 2003 – 1 h 37 min -Production : Zentropa Real, Wajnbrosse Productions, Panic Productions, Almaz Film Productions – Distribution : Les Films du Losange.
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