Défi lecture : lire pour réduire sa peine

Objectif de l'action :

  • Permettre aux personnes détenues d’agir pour l’octroi de jours de remises de peine supplémentaires
  • Inciter à la lecture pour favoriser la réinsertion
  • Lutter contre l’illettrisme
  • Valoriser les personnes en diffusant leur travail de présentation de lecture
Dessin d'un crâne fumant la pipe
« Explosion cervicale Skiso » réalisé par Jeremy B.
inspiré par Les mots sont des fenêtres de Marshall B Rosenberg

Description de l'action :

Les personnes détenues participantes relèvent le défi de lire un livre et d’en faire sa présentation. Cette présentation peut prendre différentes formes (écrite, dessinée, etc.). Elle pourra ensuite être soumise au juge d’application des peines pour appuyer leur demande de jours de remises de peines supplémentaires (RPS). Elle sera également diffusée à l’intérieur de l’établissement (coup de cœur sur les livres à la bibliothèque, magazine interne, etc.).

Christophe L. au sujet de “Patient” de Grand Corps Malade :

Lorsque nous sommes enfermés quelque soit la raison, nous regardons passer le temps.

Le temps qu’il fait dehors en s’imaginant ce que l’on fera à l’instant T, regarder les saisons passer, regarder le changement de la nature. Ou bien regarder le temps d’une tout autre manière, juste le temps que nous propose une montre, compter le temps qu’il nous reste pour retrouver la vie. Il faut juste accepter et se battre pour que ce moment arrive le plus tôt possible. A force de courage et de volonté, nous savons que la vie sera différente ensuite, à nous d’en tirer la leçon.

Je voudrais juste remercier Grand cœur corps malade pour ce si beau récit ! Une personne humble et respectueuse comme quoi ne pas se morfondre et penser à un futur meilleur permet d’avancer et d’accepter. Merci

 

Périodicité de l'action :

Tout au long de l’année.

Moyens humains et techniques :

  • Implication des conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation (CPIP) et du juge d’application des peines (JAP). 
  • Accompagnement (selon les besoins) du bibliothécaire de la Maison d’arrêt, dont une partie des heures sont rémunérées (2 heures par semaine), pour le travail de présentation.
  • Accompagnement du référent de la Bibliothèque départementale à la mise en place et à l’élaboration des outils de communication. 
  • Outils de communication sur le Défi lecture et son fonctionnement (affiches, flyers, marque-pages).
  • Afin de tenir compte des difficultés de chacun face à l’écriture, plusieurs types de rendus doivent pouvoir être proposés. Du petit matériel doit être disponible : papier, stylos, crayons de couleur, dictaphone, etc. Une captation vidéo réalisée par l’association travaillant au Canal vidéo interne est aussi envisageable. 

Partenaires : 

La direction de l’établissement pénitentiaire, le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation, le juge d’application des peines, la bibliothèque, l’association responsable du programme vidéo interne et la Bibliothèque départementale. Ce dispositif pourrait également impliquer l’équipe enseignante de l’établissement. 

Mise en oeuvre :

Les personnes détenues sont informées du dispositif par les outils de communication, le bibliothécaire et par les CPIP qui ciblent les participants potentiels. 

Après avis favorable du CPIP, la personne inscrite au Défi lecture choisit un livre dans le fonds disponible à la bibliothèque et le lit. Le bibliothécaire peut l’orienter dans son choix, mais à priori aucun type de livre n’est proscrit.

La personne détenue fait ensuite une présentation libre de sa lecture, en expliquant sa démarche, son choix d’ouvrage, ce que celui-ci lui a apporté, ce qu’elle en retient, les réflexions et les questionnements que le livre a suscités, etc. L’idée est de ne pas imposer la rédaction d’une « fiche de lecture » à proprement parler, exercice scolaire qui en rebuterait plus d’un. 

À la demande de la personne détenue, le bibliothécaire peut éventuellement l’accompagner dans la réalisation de sa présentation. 

Ce rendu est ensuite présenté au bibliothécaire, puis au CPIP qui évalue l’effort fourni en fonction du niveau de lecture et d’écriture de la personne participante. Il ne s’agit pas de faire des résumés de livres trop faciles. Il est attendu un véritable travail de réflexion. Le conseiller soumettra ensuite le rendu au juge d’application des peines afin d’appuyer la demande de jours de remises de peine supplémentaires (RPS) pour la personne détenue qui a relevé le défi. 

La mise en place de ce dispositif n’a pas nécessité de formalisation, seulement des échanges entre le SPIP et les JAP qui ont accepté de prendre en compte la participation au défi au moment de l’octroi de jours de remises de peine supplémentaires. Dans leur rapport pour l’examen des RPS, les CPIP mentionnent cette participation qui constitue un réel bonus. 

Si la personne détenue l’accepte, sa présentation sera valorisée sous divers supports, comme le magazine interne de la programmation culturelle de l’établissement pénitentiaire.

Exemples dans le CVI MAGAZINE. 

Résultat et perspective :

Ce dispositif a été mis en place à l’été 2021. Six mois après, huit défis ont été présentés et validés. Certains ont pu contribuer, en partie, à l’octroi de remises de peine supplémentaires (RPS), sachant qu’à ce jour, les RPS de tous les participants n’ont pas forcément encore été examinées en CAP (commission d’application des peines) par le juge.

Les livres choisis étaient : Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) de Marshall B Rosenberg, Il n’est si longue nuit de Béatrice Nicodème, A nous la liberté de Christophe André, Matthieu Ricard, Alexandre Jollien, A history of Modern India, Patient de Grand Corps malade, L’homme à l’envers de Fred Vargas, Lanfeust des étoiles tome 1 à 4 et Saga volume 1 à 9.

Outre l’attrait d’une remise de peine supplémentaire pour les détenus, ce projet instaure un autre type de relation entre les détenus et le bibliothécaire, en permettant notamment à ce dernier de mieux cerner leurs besoins et attentes en matière de lecture. En effet, trois rendez-vous sont nécessaires en moyenne pour aboutir à une fiche finalisée. Du point de vue des CPIP, ce projet permet aussi d’aborder d’autres sujets que le projet de sortie, la vie en détention et le rapport aux faits commis. Les échanges entre le conseiller et la personne détenue sont enrichis ce qui ne peut être que bénéfique pour le conseiller dans son évaluation et accompagnement de la personne détenue. 

La valorisation via le magazine du Canal Vidéo Interne est aussi une source de satisfaction pour les détenus. Une présentation vidéo pourrait être imaginée par la suite.

 

Publié le 07/02/2022 - CC BY-SA 4.0