Thématiques : Collections - Handicap

Bibliothèque de livres vivants

Public cible : Public en situation de handicap - Tout public

Objectif de l'action :

La Bibliothèque vivante ou humaine est une idée « neuve » et simple qui a pour leitmotiv une lutte contre les stéréotypes et préjugés en favorisant le dialogue :

  • déstigmatiser les questions de santé mentale, objectif de la Semaine d’information sur la santé mentale (26ème édition en 2015) dans le cadre de laquelle cette animation : Bibliothèque de livres vivants s’inscrit ;
  • par la rencontre et le dialogue, faire tomber un certain nombre de préjugés concernant la maladie mentale ;
  • parler de la santé mentale dans un lieu autre que les lieux de santé ;
  • faire « mieux comprendre et mieux connaître la santé mentale pour mieux accepter » selon Christine Cordonnier qui porte le projet depuis sa 1ère édition ;
  • faire connaître l’espace Vie du citoyen de la bibliothèque afin qu’il soit repéré comme un lieu d’échanges sur des questions de société.

Description de l'action :

La bibliothèque a été sollicitée par le Centre Ressources « familles et troubles psychotiques », service hors les murs du CHGR (Centre Hospitalier Guillaume Régnier), rencontré lors d’une réunion d’organisation, avec tous les partenaires rennais, de la Semaine d’information sur la santé mentale. La bibliothèque Les Champs libres, dans le cadre de cette Semaine, n’organisait jusqu’alors qu’une conférence sur le sujet de la santé mentale. Le Centre Ressources ayant découvert le concept de bibliothèque vivante souhaitait parler de santé mentale par ce biais, dans un lieu public ouvert à tous.
La bibliothèque a immédiatement répondu de façon favorable à cette proposition.

La Bibliothèque vivante ou humaine est une idée « neuve » et simple qui a pour leitmotiv une lutte contre les stéréotypes et préjugés en favorisant le dialogue. Elle prône une large ouverture d’esprit et vise à un renforcement de la cohésion sociale entre les individus. Elle fonctionne de la même façon qu’une bibliothèque traditionnelle où des lecteurs viennent emprunter des livres, à la différence que les « livres » sont des personnes qui témoignent. Depuis sa naissance en Europe du nord, au Danemark plus précisément (au tout début des années 2000), la Bibliothèque vivante a gagné en popularité. Au départ, c’est une animation qui n’a pas été pensée pour la bibliothèque, cependant elle devient de plus en plus légitime dans les murs des bibliothèques et ces dernières sont actuellement le lieu majoritaire où se déroulent les bibliothèques vivantes.

Cette médiation a eu lieu trois fois aux Champs libres, dans le cadre de la Semaine d’information sur la santé mentale qui, à Rennes, se déroule sur deux semaines. L’édition 2013 avait pour thème : « Ville et santé mentale ». Celle de 2014 portait sur : « Information et santé mentale ». Enfin, l’édition 2015 s’intéressait à : « Etre adolescent aujourd’hui ».

La médiation Bibliothèque de livres vivants consiste à réunir en un même lieu, dans un face-à-face de 20 minutes, des personnes « livres vivants », empruntables, rigoureusement sélectionnées par des professionnels de la santé, car on ne s’improvise pas « comme ça » livre vivant, et des emprunteurs-lecteurs pour échanger, partager le vécu quotidien de ces livres vivants qui, de près, ont été ou sont confrontés à des problématiques de santé mentale.
Neuf personnes, des soignants du monde psychiatrique et éducatif, des proches de patients, des usagers des services de psychiatrie viennent témoigner de leur expérience à propos de la santé mentale. Les rencontres ont lieu dans un espace commun où des fauteuils sont installés par paires. Cette organisation permet aux emprunteurs d’être à la fois isolés et tous ensemble. Une telle configuration est bien perçue par les usagers, qui se sentent moins seuls avec les questions qui les préoccupent, mais dans le même temps, leur intimité, dans cette ambiance feutrée d’échange, est également préservée. Une attention particulière a été déployée pour créer un cadre propice à la discussion, un espace rassurant où des questions délicates peuvent être discutées.
Pour chaque édition, la bibliothèque des Champs libres édite un catalogue des livres vivants avec un titre qui résume le sujet dont ils parleront comme « La santé mentale : des troubles et des maladies qui n’arrivent qu’aux autres ? » ou « Avoir un frère psychotique », et une présentation façon 4ème de couverture. Les lecteurs peuvent consulter ce catalogue pour « réserver » leur livre vivant.
L’animation se déploie sur 4 lieux et en 4 phases. Le hall et l’espace Vie du citoyen font office de pôle d’accueil. On y présente aux futurs emprunteurs le catalogue des livres vivants et on leur (ré)explique que le livre qu’ils vont emprunter est une personne. Le règlement intérieur de la Bibliothèque vivante leur est aussi transmis. Les « bibliothécaires-soignants » inscrivent les lecteurs, à l’aide d’un tableau par livre et par créneau horaire. L’espace de discussion, au sein de la bibliothèque, où se déroule l’action, outre les duos de fauteuils accueillant le livre et son emprunteur, propose aussi un salon de lecture sur la thématique de la santé mentale. Enfin, à l’issue de l’entretien, en un 4ème lieu, un questionnaire est proposé à l’emprunteur afin d’évaluer sa perception de l’expérience qu’il vient de vivre. Des bibliothécaires classiques ainsi que des « bibliothécaires-soignants » répondent également aux questions que les lecteurs peuvent se poser et les orientent, le cas échéant, vers des structures extérieures pouvant leur être utiles.
Tout au long de la médiation, les bibliothécaires des Champs libres accompagnent l’action et les « bibliothécaires » du monde psychiatrique veillent à ce que tout se passe bien, en conformité avec les consignes répertoriées dans le règlement intérieur de la Bibliothèque vivante.

Périodicité de l'action :

Une fois par an, un jour durant 4 heures, dans le cadre de la quinzaine d’information sur la santé mentale, qui a lieu en mars.

Moyens humains et techniques :

Moyens humains

  • côté bibliothèque : un bibliothécaire pour la conception du projet : la responsable de l’action culturelle aux Champs libres. Le jour J : 2 agents de la bibliothèque.
  • personnes extérieures à la bibliothèque : 9 livres vivants et 8 « bibliothécaires-soignants » répartis sur les divers espaces qui, en amont de l’action, préparent de façon très précise les livres vivants à l’action qu’ils vont animer.

Le rôle de la bibliothèque se limite à tout ce qui est logistique et communication pour bien faire comprendre l’action. La bibliothèque ne se prononce pas sur le fond, sur la question de la santé mentale dans cette circonstance, elle n’a en effet pas compétence en la matière.

Outils de communication

Les canaux de communication sont multiples, notamment parce que ce projet est porté par plusieurs partenaires. La programmation culturelle des Champs libres annonce l’événement (dans le mensuel Les Champs libres, par voie d’affiches, de plaquettes de présentation…), en parallèle de la communication réalisée par la ville de Rennes sur la santé mentale. Ce croisement bénéfique des canaux de communication contribue incontestablement au succès de l’animation.
Le jour de l’action, au sein même de l’établissement, toute une signalétique est mise en place dès le hall des Champs libres (affichage, fléchage…).

Partenaires impliqués
La bibliothèque vivante de Rennes est le fruit d’un partenariat sans lequel elle ne pourrait exister. La notion de partenariat est en effet tout à fait essentielle. Partenariat entre la bibliothèque, les professionnels du monde psychiatrique et les familles, par l’entremise du Centre Ressources « familles et troubles psychotiques », ainsi que la ville de Rennes qui finance une partie des actions et qui réalise la plaquette de présentation. La Maison Associative de la Santé est également un partenaire essentiel en cela qu’elle coordonne cette Semaine d’information sur la santé mentale.
Ce projet est donc porté par différents acteurs, et fait l’objet d’une véritable collaboration.

Résultat et perspective :

Cette action est, au fil des années, toujours perçue comme étonnante, surprenante, voire déstabilisante. Elle suscite discussions et requiert par là même éclaircissements et explications. Une fois la découverte réalisée : les livres vivants sont des personnes, la réaction des usagers est globalement très positive. Néanmoins, cette médiation, très spécifique, suppose de bien faire comprendre la démarche et donc de communiquer de façon efficace dessus. En particulier, le flyer qui invite au rendez-vous doit être clair et sans ambiguïté.
En 2014, 57 emprunts de livres ont eu lieu, tous les créneaux horaires ont été couverts. Il en fut de même en 2015, sans parler des gens qui se sont arrêtés dans l’espace Vie du citoyen, qui ont discuté, sans emprunter néanmoins.
Quant aux emprunteurs, 60% sont touchés par la maladie psychique qui, le plus souvent, concerne un proche, et beaucoup plus rarement le participant lui-même individuellement ; 40% viennent par curiosité mais ils connaissent presque toujours quelqu’un ou ont en tête quelqu’un qu’ils connaissent plus ou moins (un cousin, un voisin, le fils d’un copain…) et qui est touché par la maladie psychique.

Difficultés rencontrées
Pour la première année : convaincre les collègues de la pertinence d’organiser un tel rendez-vous au sein de la bibliothèque.
Côté communication : expliquer en termes clairs cette proposition.

Réussites enregistrées
Retours très positifs des participants lecteurs, mais aussi des livres. Les termes suivants ressortent particulièrement du questionnaire soumis aux lecteurs ayant participé à l’action : « convivialité, authenticité, richesse des thèmes, originalité, espace d’échange privilégié, intéressant, démystifier ». Et, concernant les sentiments des emprunteurs : « ému, proche du livre, étonnant, bizarre, dans l’inconnu puis plaisir à discuter et écouter, confiance ».
Les livres et les lecteurs souhaitent un renouvellement de l’expérience. Tous les participants partagent la même impression : celle d’agir vraiment sur la déstigmatisation  des questions de santé mentale, de faire avancer les choses sur  une question de société forte.
Les retours étant très positifs et la fréquentation ne faiblissant pas, la médiathèque envisage de poursuivre, voire d’élargir l’action livres vivants à d’autres sujets tels que l’immigration.

Bilan chiffré
2013 : 50 livres empruntés
2014 : 57 livres empruntés
2015 : 62 livres empruntés

Publié le 30/09/2015

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