Fermeture, relogement et rénovation de la bibliothèque Maisonneuve de Montréal
par Julie Védie, chargée de communication à la Bpi

Pendant la rénovation, la bibliothèque s’est installée dans un bâtiment juste en face. Comment a été gérée la communication auprès des publics ? Trois questions à Marie-Ève Leprohon, directrice de la bibliothèque Maisonneuve.

Comment a-t-il été décidé d’installer la bibliothèque dans d’autres locaux pendant les travaux de réhabilitation du bâtiment originel ?

Lorsqu’il y a des projets de rénovation et de construction et d’agrandissement à la ville de Montréal, la relocalisation de la bibliothèque est toujours prévue si la bibliothèque doit fermer. La plupart des services de base sont relocalisés mais, souvent, les collections sont moindres car une partie est mise en boîte le temps des travaux. Les services offerts (collections, espaces dédiés) dépendent quant à eux beaucoup du local provisoire (dimensions, infrastructure, budget d’aménagement).

Quelles étaient les caractéristiques de ce lieu transitoire ? Comment a réagi le public ?

Nous étions vraiment bien installés dans un très beau local en face de la bibliothèque en travaux, au 4e étage. Néanmoins, je me rappelle que les usagers ont trouvé l’accès difficile (étages, entraves sur la route dues au travaux…). Ils nous ont reproché également le manque de communication. Pourtant, notre nouvelle adresse était inscrite sur toutes les barrières de chantier !

Pour la bibliothèque, ce lieu transitoire incluait :

• un salon de lecture (journaux, revues, etc.) ;
• un comptoir de prêts, retours, information ;
• un bureau de référence/information ;
• un espace pour les réservations et les nouveautés ;
• des postes internet (ceux que nous avions déjà) ;
• un espace jeunes, un espace ado et adulte ;
• un mini espace pour l’heure du conte ;
• des rayonnages pour les collections ado, adultes, jeunes et tout-petits (25% de notre collection à venir) ;
• une salle d’animation (le local trouvé nous permettait cette possibilité) ;
• des espaces administratifs : un bureau de bibliothécaires, un bureau gestionnaire, un grand espace pour les services techniques incluant 6 bureaux, et un grand espace pour les transits inter succursales.

Lorsque nous avons ouvert ce lieu, c’était en juillet 2020, en pleine pandémie. Tout était surréel. Les publics étaient généralement contents que la bibliothèque rouvre dans ces conditions.

À la réouverture de la bibliothèque, comment promouvoir la nouvelle bibliothèque et attirer de nouveaux publics ?

Honnêtement, la nouvelle bibliothèque a fait son effet ! Avant même l’ouverture en juin 2023, le sujet revenait souvent dans les discussions de regroupements citoyens sur les réseaux sociaux. Les gens voyaient la bibliothèque se terminer sous leurs yeux. L’excitation était palpable.

En outre, nous avons opté pour une campagne de communication qui ferait sens pour la communauté. Nous avons décliné cette campagne sur la thématique de la lutte au sens propre comme au sens figuré. Il faut savoir que la lutte, la vraie (avec des hommes et des femmes en costume), fait partie de l’ADN du quartier : il y a toujours eu des combats amateurs dans le quartier.

De plus, Hochelaga-Maisonneuve est un quartier pauvre et ouvrier qui a toujours lutté et revendiqué pour améliorer ses conditions. Nous nous sommes associés à ce discours, avec par exemple des slogans comme « la bibliothèque Maisonneuve, partenaires de vos luttes ». L’avantage de cette thématique, c’est que cela permettait aux gens natifs du quartier de continuer à se reconnaître et de ne pas présenter la nouvelle bibliothèque comme un lieu élitiste. Pour les nouveaux publics, on présentait une image osée, pimentée et un peu décalée. L’effet « waouh » était là.