Compte-rendu de la réunion du Conseil de coopération du 8 janvier 2019
Le Conseil de coopération s'est réuni le 8 janvier 2019 à la Bpi.

Présents :
Laurine Arnould (SLL), Sophie Astier (Marseille), Mélanie Archambaud (Bordeaux), Emmanuel Aziza (Paris), Isabelle Bastian (Bpi), Julien Barlier (Limoges), Annie Brigant (Bpi), Christine Carrier (Bpi) Thierry Claerr (SLL), Eléonore Clavreul (Bpi), Xavier Coutau (ABD), Nathalie Daigne (Bpi), Gilles Eboli (Lyon), Thierry Fouillet (Rennes), Delphine Henry (FILL), Marie Herbet (enssib), Bénédicte Jarry (Brest), Mélanie Le Torrec (Lyon), Juliette Lenoir (Nancy), Fabrice Menneteau (Val d’Oise), Adrien Moniot (INET), Julia Morineau (enssib), Cécile Queffélec (SLL), Delphine Quereux-Sbaï (Reims, ADBGV), Patricia Rémy (Troyes), Valérie Robin (Bpi), Mélanie Villenet-Hamel (Clermont-Ferrand), Isabelle Westeel (Grenoble)
 
Excusés :

Laurie Araguas (Toulouse), Marion Clamens (FILL), Xavier Galaup (ABF), Gilles Gudin de Vallerin (Montpellier), Anna Marcuzzi (Strasbourg), Sophie Perusson (Réseau Carel)
 

Accueil par Christine Carrier, directrice de la Bpi

  • Vœux et tour de table 
  • Actualité des travaux à la Bpi

Les travaux commenceront en octobre 2019. Malgré les difficultés liées à la structure du Centre Pompidou, la fermeture totale de la bibliothèque ne devrait durer que 4 mois (sur les 2 ans et demi de travaux au total). Une réouverture partielle est donc programmée au premier trimestre 2020.
Dans ce contexte, la Bpi fait face à 2 problématiques particulières : l’accueil du public et les conditions de travail des agents sur le plateau pendant les travaux.
Pour les agents, plusieurs dispositifs seront mis en place : stages, formations collectives, télétravail et modification ponctuelle des horaires de travail.

  • Exposition Riad Sattouf
    La visibilité des expositions de la Bpi est très satisfaisante. Cela s’explique par les particularités liées à Paris et à l’implantation dans le Centre Pompidou, mais aussi au travail d’un attaché de presse. Les expositions de la Bpi atteignent le niveau de visibilité des musées.
  • Mission autour du cinéma documentaire
    La Bpi joue le rôle de vitrine parisienne du cinéma documentaire, avec 350 séances à plus de 40 spectateurs par séance (à comparer à une moyenne nationale de 20 spectateurs, fiction incluse, établie par le CNC).
  • Développement de l’EAC 

L’éducation aux médias et à l’information (EMI) par Thierry Claerr et Laurine Arnould, du service du Livre et de la Lecture du ministère de la Culture et de la Communication

L’EMI est bien présente dans les programmes scolaires depuis 2013, mais moins en bibliothèques, alors qu’elles ont clairement un rôle à jouer dans ce domaine, car elles sont largement ouvertes à tous les profils d’usagers et bénéficient d’un fort lien de confiance avec eux. Un plan EMI a donc été lancé par le ministère en 2018, afin d’accompagner tous les publics, notamment les jeunes.
Le ministère de la Culture consacre des crédits à cette mission pour soutenir des associations et des initiatives locales, par l’intermédiaire des conseillers livre et lecture et action culturelle en DRAC.
Il organise également un rendez-vous annuel (plus de 400 professionnels des champs culturel et éducatif ont été accueillis le 18 octobre 2018 à la Maison de la Radio).

L’EMI en bibliothèque est associée aux enjeux de l’EAC et de l’inclusion numérique, et doit répondre aux problématiques du rapport Orsenna (diversification des missions, élargissement des partenariats et développement des pratiques participatives). Néanmoins, cette action doit rester visible et clairement identifiée.

Les actions peuvent prendre des formes variées : ateliers Info/Intox, conférences, débats, expositions, accueil de journalistes en résidence, etc. Elles peuvent être construites à l’aide d’un vaste réseau de partenaires, tels que les CLEMI, des journalistes, des organes de presse, des EPN, des associations, les universités, des organismes de formation professionnelle (CRFCB, etc.), les services régionaux du livre ou l’Éducation nationale.

En bibliothèques, de nombreux profils d’agents peuvent être concernés : médiateurs numériques, responsables de fonds documentaires, responsables jeunesse, responsables de l’accueil des publics, etc.
Il y a un donc un enjeu de sensibilisation et de formation des professionnels : il y a, à ce sujet, des échanges avec le CNFPT, tandis que la Bpi aurait vocation à l’accompagner, en raison de sa compétence dans ce champ. Elle a, au reste, récemment organisé une journée d’étude sur le sujet, le 27 novembre 2018, qui a suscité un grand intérêt. Parallèlement, la BnF s’engage dans le cadre de l’organisation d’un colloque le 20 mars 2019 et de la conception d’une exposition qui sera mise à disposition des bibliothèques territoriales. La DGMIC lance également un programme de formation de 2 jours, gratuit, y compris pour les fonctionnaires territoriaux, dont la première session aura lieu en janvier 2019.

Par ailleurs, il existe un dispositif spécifique dans le cadre du service civique. Il est déjà mis en œuvre dans certains services (Lyon, Grenoble, Valence, le Val d’Oise, par exemple). Au niveau de l’État, ce sont les DRAC qui sont chargées de son déploiement dans les territoires. L’accueil de volontaires peut se faire en agrément direct ou par le biais d’opérateurs associatifs, notamment l’AFEV et Unis-Cité. L’objectif est d’atteindre 200 volontaires, et la participation est gratuite pour les services accueillants, qui s’engagent néanmoins à encadrer les volontaires, qui travaillent en binôme. Chaque territoire participant a vocation à accueillir 12 volontaires, qui sont présents 2 jours par semaine.

Fabrice Menneteau explique que, dans le Val d’Oise, le dispositif vient de démarrer. La BDP coordonne l’action, elle a identifié les bibliothèques et a formé les bibliothécaires référents. La formation des volontaires est assurée par Unis-Cité.

Thierry Claerr rappelle que les profils des volontaires sont très divers : ceux d’Unis-Cité sont plutôt des décrocheurs, et ceux de l’AFEV des étudiants. Pour l’heure, ils se positionnent plutôt comme des stagiaires qui découvrent un nouvel environnement professionnel.

Mélanie Villenet-Hamel : le réseau de Clermont accueille 4 volontaires sur des structures très différentes. L’EMI étant bien implantée dans le service, l’accompagnement se fait bien.

L’EMI et la Bpi par Nathalie Daigne et Valérie Robin, du département des Publics de la Bpi

Bien que la Bpi ne soit pas un organisme de formation, elle est en mesure de jouer un rôle d’accompagnement, car elle a déjà du recul et de l’expérience dans ce domaine, notamment en lien avec les établissements scolaires.

Des dispositifs ont été mis en place dès 2015, dans la continuité des actions mises en place à destination des lycéens.

La proposition d’un atelier par mois a été améliorée et la fréquence atteint un atelier par semaine. Le succès est très largement au rendez-vous. La Bpi accueille ainsi 600 élèves par an. Ces ateliers ont lieu sur place, afin d’avoir toutes les ressources à disposition et de faire venir les jeunes à la bibliothèque. Ces ateliers sont réservés aux collégiens et aux lycéens, mais il existe une offre tous publics sur les temps d’ouverture. Quant aux écoles primaires, elles sont plutôt en demande d’éducation à l’image. Par ailleurs, il reste à creuser la question des activités périscolaires et la spécificité de certains publics fragiles, à l’instar des migrants, fortement exposés à l’information.

Il existe des partenariats avec Mediaeducation.fr (journalistes volontaires) et Topo (actualité en BD).

Il s’agit de travailler sur le fonctionnement des médias, le métier de journaliste et des notions telles que le point de vue, l’opinion, la subjectivité, etc. (atelier « Construire son opinion », avec un journaliste, par exemple).

À l’occasion de la Semaine de la presse et des médias, la Bpi s’est associée au CLEMI et à Wikipédia pour organiser une journée de contribution à l’encyclopédie en ligne.

Par ailleurs, le site professionnel diffuse des outils (retours d’expériences, fiches pratiques, listes de ressources et de partenaires, etc.), sur un espace dédié lancé à l’issue de la journée d’étude de novembre, qui a été un succès et sera sans doute renouvelée tous les deux ans, en alternance avec un séminaire de travail en groupe plus réduit, qui accueillerait des référents EMI issus de bibliothèques partenaires (des propositions en vue de construire un réseau seront bientôt faites).
 
 

Le déploiement du « Facile à lire » en bibliothèques par Delphine Henry, déléguée générale de la Fill (Fédération interrégionale du livre et de la lecture)

Il s’agit d’une initiative lancée par l’ARL Bretagne, qui fait désormais l’objet d’un déploiement au niveau national. Il s’agit d’offrir un nombre suffisant de documents (au moins 50) faciles à lire, présentés de face dans un espace visible et identifié. En effet, il s’agit de valoriser une collection et des services pour capter un public, et clairement pas d’un nivellement par le bas. La démarche peut inclure la question du handicap (notamment la dyslexie), mais elle est moins exigeante que celle de l’accessibilité (qui peut impliquer des aspects techniques, pour le braille, par exemple).

L’inscription dans le dispositif se fait à l’aide d’un formulaire accessible sur le site de la FILL, qui permet de préciser son projet et les partenariats impliqués (la question des partenariats est centrale). Le comité de pilotage (FILL, SLL, ABF) se prononce alors sur son adéquation, en vue de l’établissement d’une charte d’engagement signée avec la collectivité ; en effet, le logo agit comme une sorte de label, garantissant un certain niveau d’exigence.
L’initiative, présentée le 21 janvier aux ARL, connaît déjà un grand succès, et suscite également l’intérêt des bibliothèques d’hôpitaux.
Le mobilier et le choix de l’emplacement doivent être bien pensés, car il faut prendre garde à ne pas stigmatiser le public ciblé et car la visibilité est un élément-clef du dispositif. Néanmoins, les retours d’expériences sont d’ores et déjà très positifs et très encourageants.
 

Démarche de révision de la typologie des bibliothèques entreprise par l’ABD et le SLL par Xavier Coutau, co-président de l’ABD (Association des bibliothèques départementales)

Cette démarche vise à améliorer l’actuelle typologie des bibliothèques, qui ne prend en compte que les moyens et qui ignore donc des éléments tels que l’action culturelle ou les questions numériques. Or, pour le SLL, cette typologie est un outil de dialogue important avec les BDP ; la base de données doit notamment permettre de distinguer les bibliothèques des lieux de dépôt.

Cette typologie a vocation à prescrire (ce qui est partiellement possible avec l’outil actuel, même si les BDP ont pris des libertés depuis plusieurs années) et à évaluer (ce qui est devenu difficile).

Quarante BDP vont évaluer subjectivement une cinquantaine de bibliothèques de leur réseau. Le résultat de cette évaluation sera ensuite confronté à une liste de critères dégagés par l’ABD à partir d’éléments du rapport annuel, afin d’élaborer une grille. Cette évaluation commencera en mars 2019, pour aboutir à un livrable en été.

Cette typologie va cibler certains éléments et donc réduire le nombre d’indicateurs à prendre en compte, facilitant ainsi les comparaisons, y compris pour les bibliothèques de villes. Un travail de révision de la typologie des bibliothèques des villes de plus de 10 000 habitants restera néanmoins à envisager. De même, l’offre intercommunale reste, pour l’heure, difficile à apprécier ; la question de la prise en compte des bassins de vie reste, elle aussi, à appréhender.

Certains éléments restent néanmoins difficiles à évaluer, car ils sont moins chiffrables, dans le cadre de l’action culturelle, par exemple. Par ailleurs, la nouvelle typologie s’appuyant toujours sur le rapport annuel, il faut que celui-ci soit rempli correctement, sous peine de fausser les résultats. Il faut aussi prendre en compte la diversité croissante de l’offre de lecture publique ainsi que les particularités locales de plus en plus nombreuses. Une révision de la modélisation pour obtenir des données plus fines est donc à l’ordre du jour au niveau de l’Observatoire de la lecture publique. Elle devra également prendre en compte les attentes des élus en matière d’évaluation des équipements.
 
 

Le projet de Clermont-Ferrand par Mélanie Villenet-Hamel, cheffe de projet grande bibliothèque (Clermont Auvergne Métropole)

Un premier projet impliquant la BM et la BU avait été envisagé dès 2005, suite à la prise par la communauté d’agglomération de la compétence lecture publique. En conséquence d’une découverte archéologique, le projet avait été arrêté.

Un second projet a vu le jour en 2012, autour de la restauration de l’Hôtel Dieu, bâtiment inscrit ISMH (inventaire supplémentaire des monuments historiques), qui a également échoué.

Le projet actuel est prévu sur le même site, qui fait l’objet d’une réhabilitation globale. La nouvelle bibliothèque viendra enrichir un réseau de 16 bibliothèques et 3 annexes, auquel manque une grande centrale adaptée à la taille de la ville. Les élus et la population sont très en demande.
Il s’agit de reprendre le projet de 2012. Les négociations ont commencé avec les architectes des bâtiments de France dès 2016. Le projet inclue un amphithéâtre, un café, des espaces pour accueillir de start-ups qui participeraient à la co-conception d’un fab-lab… pour un total de 9535 m² dont 2500 m² en interne.

95 candidats ont déposé des dossiers en vue d’un concours à 5 candidats (les résultats seront connus en juillet). Les candidatures sont complexes, car elles impliquent des expertises très diverses, notamment patrimoniale et paysagère. Un marché a également été lancé pour les fouilles d’archéologie préventive.

L’inauguration est prévue pour 2023.

Le projet permettra également la création de 25 postes environ (soit une croissance des effectifs de 40 %), et l’État soutient fortement ce projet par la mise à disposition d’un conservateur supplémentaire et un appui financier lié à l’extension des horaires et au projet de construction ambitieux.

Le projet est largement soutenu par la population, qui est impliquée non seulement par des réunions publiques, mais aussi par un travail de collecte des mémoires du site de l’Hôtel Dieu organisé par la bibliothèque.
La prochaine réunion du Conseil sera l’occasion pour le SLL de faire le point sur les grands projets récents et à venir.

 Retour sur le voyage d’étude Belgique et Pays-Bas, octobre 2018 par Thierry Fouillet (bibliothèque municipale de Rennes), Juliette Lenoir (directrice des bibliothèques de Nancy) et Fabrice Menetteau (directeur adjoint de la bibliothèque départementale du Val d’Oise)

– Gand : La bibliothèque se situe dans un quartier en réhabilitation. Le bâtiment accueille également une radio de jeunes, un centre de vulgarisation scientifique, des laboratoires universitaires et des start-ups du secteur numérique. Les écrans sont très présents, notamment dans l’espace jeunesse où ils facilitent la recherche documentaire par thématiques des enfants ; ils rendent également accessibles les statistiques de prêt au public.

– Delft : La bibliothèque se situe dans le centre-ville commerçant, dans un espace très resserré. Elle accueille une cafétéria ; un soir par semaine, les cuisines en sont, au reste, confiées à un cuisinier amateur, temps fort symbolique d’un projet culinaire interculturel. Elle a, de plus, absorbé le conservatoire, si bien qu’il y a de nombreux espaces musicaux et des salles de cours (musique, danse, arts plastiques). Le mobilier a été, en partie, chiné dans des brocantes.

– Amsterdam : La bibliothèque principale est située sur un polder, au centre-ville. L’intérieur du bâtiment a été réhabilité au cours des dix dernières années. Les collections reflètent également les origines géographiques des habitants, tandis que les collections cinéma ont été retirées au profit de l’accueil du fonds de l’Alliance française et d’un projet de fab-lab. Des places sont également aménagées pour les loisirs créatifs, avec mise à disposition de matériel. Le bâtiment, aménagé suite à une enquête auprès des publics, met à disposition des cellules de travail en silence.

Une bibliothèque de quartier (au nord) se trouve dans un bâtiment moderne multifonction auquel on accède par un bac.

Une autre (au sud) est située sur le site d’un crash d’avion. Elle est cogérée par une association qui mène des actions d’histoire locale, d’anthropologie, des consultations sur la transformation du quartier, des collectes de témoignages et des rencontres entre les habitants.

– Lille : L’ancien bâtiment de la BU a été étendu au niveau du rez-de-chaussée, et l’intérieur a été refait, proposant notamment 40 salles de travail en groupe très populaires parmi les étudiants.
Ce voyage d’étude fait l’objet de comptes rendus publiés sur le site pro de la Bpi. Le prochain devrait permettre de visiter en 2019 la bibliothèque d’Helsinki.
 

Questions-réponses sur La Nuit des séries, partenariat Bibliothèques-Télérama avec Isabelle Bastian-Dupleix, programmatrice à la Bpi

Suite à deux colloques organisés en 2016 et 2018, Télérama propose de faire de la publication de son palmarès annuel des séries un événement national, qui inclurait notamment des diffusions d’épisodes, pour lesquelles des négociations sont en cours en vue d’une gratuité (au titre de la diffusion promotionnelle) ou de mécénats.

Télérama souhaiterait pour cet événement, qui aura lieu en novembre 2019, un rayonnement sur l’ensemble du territoire, soit pour commencer 5 bibliothèques, qui proposeraient donc non seulement des diffusions, mais aussi des débats, master class, etc. Plusieurs villes ont déjà manifesté leur intérêt ; il reste donc à préciser le modèle économique et le cadre du programme, qui sera très libre, et qui bénéficiera de l’expertise et du rayonnement de Télérama.

À terme, le dispositif pourra s’étendre à d’autres villes, sous réserve d’un équipement technique convenable et d’une programmation adaptée.
 
 
La séance se termine sur :

  • une brève présentation par Marie Herbet de son travail sur les réseaux de lecture publique dans le processus de métropolisation ;
  • une synthèse rapide du questionnaire d’évaluation du Conseil de coopération ;
  • et l’annonce de 2 journées d’étude, l’une sur les BCD/CDI et la lecture publique, l’autre sur le handicap et la dyslexie en bibliothèque. 

Publié le 24/09/2019

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