Étaient présent·es : Jérôme Belmon (SLL), Sylvie Bonnel (CLL), Yoann Bourion (Bordeaux), Soizic Cadio (Bpi), Christine Carrier (Bpi), Éléonore Clavreul (Bpi), Lucie Daudin (SLL), Agnès Demé (Bpi), Bertille Detrie (Strasbourg), Aude Etrillard (Rennes), Laurence Favreau (BD Val d’Oise), Sophie Geffrotin (Marseille), Cécile Hauser de Bisschop (CLL), Delphine Henry (Fill), Pascale Issartel (SLL), Bénédicte Jarry (Brest), Jean-Marc Laithier (Reims), Floriane Laurichesse (Bpi), Sylvie Lemaire (Bpi), Mélanie Le Torrec (Lyon), Lola Mirabail (Nantes), Nathalie Nosny (Bpi), Emilie Richard (BD du Calvados / ABD), Isabelle Rindzunski (Ville de Paris), Florence Salanouve (Enssib), Mélanie Villenet-Hamel (Clermont-Ferrand)

Fréquentations et inscriptions

Les bibliothèques du Conseil de coopération confirment une nette tendance à la hausse des chiffres de fréquentation, d’inscription et de prêt dans leurs établissements en 2024. Les chiffres de 2019 sont largement rattrapés voire dépassés. 

La Bibliothèque municipale de Lyon fait état d’une hausse de fréquentation de 7% par rapport à 2023, et d’une forte hausse de consultation de ses ressources numériques. 

Les Champs Libres à Rennes connaissent aussi une hausse des prêts, avec 1,5 millions de prêts par an et une fidélisation des inscrits. 

À Brest, si le niveau d’activité de 2019 a été très vite retrouvé dans les bibliothèques de quartier, c’est désormais le cas pour la bibliothèque centrale, avec 1,3 millions de prêts et 800 000 entrées en 2023 dans l’ensemble des bibliothèques. 

Les bibliothèques de Nantes ont connu une hausse spectaculaire de leur fréquentation, avec plus 55% en deux ans et plus 15% de prêts entre 2019 et 2024.

À Marseille, les bibliothèques comptent 60 000 inscrits, et l’Alcazar connaît un énorme succès de fréquentation, suite à une hausse de ses heures d’ouverture, attirant de nombreux étudiants (et créant de fait quelques conflits d’usage).

À Reims, la hausse du nombre d’inscrits est ininterrompue depuis 18 mois, fruit de la gratuité mise en place juste avant le Covid.

Strasbourg a également connu une très forte hausse de sa fréquentation avec 500 000 visiteurs en plus en 2024, année où la ville était Capitale mondiale de la culture.

Contexte budgétaire

Malgré ces chiffres enthousiasmants, le contexte budgétaire l’est moins et, à tous les niveaux, transparaît une inquiétude.

Pour le Service du Livre et de la Lecture, la priorité reste le soutien aux départements avec la poursuite des contrats départementaux (volonté de couvrir tous les départements d’ici deux ans).

L’intervention des DRAC dans certains projets pourrait être remise en question. 

Les bibliothèques départementales connaissent, pour un certain nombre d’entre elles, une situation très préoccupante qui aura un impact à de multiples niveaux sur leur fonctionnement et leurs activités. Certains départements, comme le Calvados, sont encore épargnés.

Les grandes villes, bien que dans une situation moins critique, connaissent également un contexte de tension budgétaire, avec des baisses de budgets de fonctionnement observés à plusieurs endroits (Rennes, Clermont-Ferrand), ou d’investissement (Brest), avec parfois certains projets mis à l’arrêt.

Strasbourg a bénéficié du statut porteur de Capitale européenne de la culture, qui a donné beaucoup de visibilité aux médiathèques, et commence cette année avec un nouveau PCSES pour capitaliser sur cette dynamique, mais n’est pas exempte de réductions budgétaires.

Politiques documentaires et réseaux de lecture publique

La mobilité des collections entre bibliothèques d’un même réseau a été mise en place dans un certain nombre de villes avec le Covid et s’est poursuivie ensuite, répondant à un véritable besoin des populations. 

À Brest par exemple, 100 000 documents font l’objet de réservations dans ce cadre. La possibilité de réserver des documents en rayon a parfois été instaurée en même temps, connaissant un grand succès, comme à Clermont-Ferrand, où l’usager peut aussi rendre ses documents dans n’importe quelle bibliothèque (mais pas encore faire venir ses documents d’une autre bibliothèque, un projet en développement). Marseille vient de démarrer la réservation indifférenciée sur trois bibliothèques.

À Nantes, il est possible de réserver et de rendre ses documents dans n’importe quelle bibliothèque. Il s’agit donc d’une seule et même collection et une réorganisation des acquisitions est prévue afin que celles-ci se fassent à l’échelle du réseau et non de chaque bibliothèque. Un service Développement des collections a été créé, avec des sections thématiques, auquel sont rattachés tous les acquéreurs, même s’ils continuent à travailler dans leur bibliothèque.

Ce sujet pose de nombreuses questions et suscite le débat : gestion logistique, risques socio-professionnels, statut de la mission d’acquéreur, question des fonds flottants…

Pluralisme et esprit critique

Les questions de pluralisme et d’esprit critique se posent de manière aiguë dans plusieurs réseaux.

À Rennes, un travail interne est en cours sur le débat citoyen et l’esprit critique : l’idée est, pour les agents, en difficulté sur certains sujets ou segments de collection, de construire ensemble un socle commun à partir de l’existant (cadre juridique, etc). Une charte documentaire commune entre les Champs Libres et les bibliothèques municipales de Rennes va être signée début 2025.

Pour Strasbourg aussi, le pluralisme est un gros enjeu, avec des interpellations constantes d’usagers dans un contexte hyper polarisé qui met en difficulté les équipes.

La Bpi et la Ville de Paris co-organisent, avec l’ABF et l’IGESR, une journée d’étude sur ce sujet le 8 avril 2025.

Situation de crise

Dans plusieurs métropoles, plusieurs bibliothèques de quartier sont confrontées à des situations de crise.

À Rennes, la bibliothèque Maurepas est fermée jusqu’à nouvel ordre car un point de deal s’est installé à l’entrée de la bibliothèque et une fusillade a eu lieu aux abords.

À Lyon, une bibliothèque a fermé récemment pour cause de trafics.

Rennes est en train d’élaborer un document de procédure de gestion de crise, fruit d’un travail commun avec les services de la municipalité.

Constructions, déménagements…

Brest va ouvrir un chantier de 6 mois pour la rénovation d’une médiathèque de quartier, deux médiathèques à Marseille vont être réaménagées, Reims prévoit l’ouverture de « Bibliothèques de poche » dans des maisons de quartier et Strasbourg projette la construction d’une nouvelle médiathèque dédiée aux adolescents dans un quartier Politique de la Ville, sur le modèle de la bibliothèque Tøyen en Norvège.

Le gros œuvre de la future bibliothèque de l’Hôtel-Dieu à Clermont-Ferrand est quasiment terminé. Les acquisitions ont démarré, les horaires sont calés et le nouvel organigramme vient d’être présenté, fruit de l’important travail de préfiguration mené en amont avec les équipes.

La Bpi fermera le 2 mars 2025 à 22h pour réouvrir au Lumière le 25 août 2025.

Le projet a nécessité 4 millions d’euros de travaux. 

Un partenariat avec la Ville de Paris et d’autres institutions a été mise en place pour la période de fermeture et après.

Point européen

La Méthode ouverte de coordination (MOC)

Numéro du BBF en 2024 sur les dimensions internationales des bibliothèques, avec un article de Sylvie Bonnel sur la MOC.

Le dernier programme du Conseil de l’Europe pour la culture (2023-2026) comporte un volet sur les bibliothèques. Sylvie Bonnel, Conseillère Livre et Lecture Île-de-France, représente la France dans la MOC, Méthode ouverte de coordination, qui réunit des experts des 27 pays de l’UE pour produire un rapport, en 2025, sous forme de recommandations visant à inspirer les politiques publiques européennes.

Ce travail est complémentaire au travail d’advocacy porté par des associations (Eblida…) mais n’a aucun caractère contraignant pour l’UE.

Le groupe de travail est co-présidé par 2 représentants de l’Irlande et des Pays-Bas. Il se compose de 3 sous-groupes de travail chargés de répondre à diverses préoccupations : 

• état des lieux à travers les 27 pays (cadre institutionnel, législatif, recueils de statistiques, etc.) ;
• identification de bonnes pratiques dans 9 thématiques (cohésion sociale, numérique, développement économique, etc.) pour illustrer le rôle des bibliothèques et parler aux politiques ;
• expression du besoin des bibliothèques et des bibliothécaires pour pouvoir endosser ces dimensions : moyens humains et financiers mais surtout exemples concrets dont pourront s’emparer les décideurs, locaux ou européens, pour contribuer à une vision plus homogène des bibliothèques.

Le groupe de travail s’appuie sur la Bpi, la BnF, l’ABF, l’ABD, l’Association des Conseillers Livre et Lecture, etc.

La MOC a déjà mis en avant de grandes différences de représentation : le maillage territorial en France est extrêmement riche par exemple, par rapport à d’autres pays.

Projet TELL

En 2023 est promulguée une recommandation du Conseil des ministres aux États membres sur la politique régissant les bibliothèques en Europe, ciblant plusieurs domaines thématiques comme l’IA, la place des bibliothèques dans les pays en situation de guerre ou de crise écologique, l’accès à l’information, etc.

La Bpi a été sollicitée dans ce cadre par Giuseppe Vitiello pour un projet Erasmus + en coopération avec 8 partenaires de 7 pays différents, qui s’appuie sur cette recommandation.

Ce projet vise aussi à accompagner les bibliothèques pour bénéficier de fonds européens.

Erasmus + 

La Bpi vient d’obtenir une accréditation à Erasmus + mobilité pour envoyer des collègues à l’étranger en stage d’observation et inviter des experts dans ses journées d’étude.

Voyage d’étude

Le voyage d’étude annuel organisé par la Bpi aura lieu en Belgique, du 12 au 14 mai 2025, et sera suivi d’une journée d’étude le 15 mai 2025 à Arras sur les fonds européens.