Série

Appartient au dossier : Georges Demenÿ, pionnier du sport et du cinéma

Georges Demenÿ : Anatomie d’un athlète

Cette photo n’est pas floue : il s’agit de plusieurs clichés en surimpression d’un homme en train de respirer.
Pour accompagner la rétrospective que la Cinémathèque du documentaire consacre, à l’automne 2019, aux documentaires sportifs, Balises analyse cinq images réalisées par Georges Demenÿ. Au début du vingtième siècle, ce théoricien de la gymnastique développe la chronophotographie afin d’analyser les gestes des athlètes, jusqu’à inventer les premières caméras utilisées par Gaumont.

Un homme assis de profil en train de respirer.
Photographie composite du mouvement respiratoire du moniteur Majoufre en position assise © Georges Demenÿ / INSEP iconothèque

Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

La biomécanique étudiée par Georges Demenÿ est destinée à optimiser tous les gestes techniques effectués par les sportifs, dont le plus essentiel : la respiration.
Afin de décomposer visuellement le processus respiratoire, Demenÿ utilise un dispositif nommé « photographie composite ». Il s’agit d’une superposition d’images sur une même plaque de verre, matérialisant les changements de position d’un sujet. Sur l’image ci-dessus, le moniteur Majoufre, de l’école de Joinville, effectue une inspiration puis une expiration forcées.

La technique utilisée donne du corps et de ses gestes une représentation différente des chronophotographies et de la méthode graphique. D’abord, il ne s’agit pas de décomposer les étapes d’un geste mais d’en apprécier l’ampleur, en fixant sur l’image uniquement les positions extrêmes.
Ensuite, contrairement à la photographie graphique qui mécanise le corps humain en le représentant en segments matérialisés par des lignes (les membres) et des points (les articulations), le corps est ici considéré comme une entité globale. La photographie est prise en plan moyen sans qu’aucune partie ne soit dissimulée. L’étude du mouvement respiratoire s’applique à l’ensemble du corps : non seulement à la poitrine, mais aussi à la tête par exemple.
D’ailleurs, les photographies composites du moniteur Majoufre et d’autres sujets sont effectuées de profil, mais aussi de dos pour apprécier les mouvements des épaules de haut en bas ; assis, mais aussi debout et allongé pour étudier la variabilité de la respiration en fonction des positions.

Cette technique photographique permet en premier lieu de localiser précisément la respiration, plutôt costale ou ventrale. Mais son intérêt réside surtout dans la visualisation de tous les éléments anatomiques que la colonne d’air en circulation dans le corps fait bouger. La photographie composite est idéale pour étudier ce type d’activité minimale, sans déplacement dans l’espace. Elle rappelle en outre que la machine humaine, même au repos, reste en mouvement perpétuel.

Retrouvez le programme complet du cycle « Plus vite, plus haut, plus fort. Filmer le sport » sur cinemathequedudocumentairebpi.fr

Publié le 16/10/2019 - CC BY-NC-SA 4.0

Rédiger un commentaire

Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires

Réagissez sur le sujet