Interview

Appartient au dossier : Cinéma du réel 2019

Dans la toile de Kevin Jerome Everson

Arts - Cinéma

Photo by Sandy Williams III

Le plasticien et réalisateur Kevin Jerome Everson est l’invité d’honneur de l’édition 2019 du festival Cinéma du réel. Pour Balises, il évoque les artistes et les œuvres qui l’inspirent. Dans un entretien vidéo avec les étudiants de l’INAsup, il analyse ensuite la manière dont il construit ses films entre fiction, documentaire et arts visuels, et se pose la question de leur dimension politique.

Vous vous considérez d’avantage comme un plasticien que comme un réalisateur. Quels sont les premiers artistes que vous ayez découverts ?

Je viens d’une petite ville et je n’ai pas visité de musée avant d’aller à l’université. Là, j’ai découvert la peinture allemande abstraite de Gerhard Richter et Anselm Kiefer, ainsi que l’art de l’Américain Norman Lewis. Comme je pratiquais la photographie, je me suis aussi tourné rapidement vers Henri Cartier-Bresson, Lorna Simpson, ou encore Garry Winogrand.

Lorsque j’étais enfant, j’écoutais beaucoup de musique soul, et j’ai grandi en regardant des humoristes afro-américains comme Richard Pryor. C’est ce mélange hétéroclite d’influences culturelles qui a été important pour moi.

Quels artistes vous inspirent aujourd’hui encore ?

J’aime les artistes qui travaillent avec des objets du quotidien, comme Peter Fischli & David Weiss. Les peintres figuratifs contemporains comme Kerry James Marshall ou Kara Walker m’inspirent également. Cela dit, j’apprécie aussi Le Caravage ou Léonard de Vinci… Je crois qu’il suffit de déplacer un élément dans un environnement surprenant pour qu’il devienne abstrait.

En fait, je sélectionne les parties d’une œuvre que j’aime, comme un DJ extrait une piste, un instrument ou une pulsation d’un morceau de musique. Cela me rappelle les films de la Blaxploitation avec lesquels j’ai grandi : il y avait plein de problèmes sur les copies diffusées dans les cinémas, parfois le son sautait, parfois le montage n’était pas bon… et j’aimais ces erreurs. Ce qui m’intéressait n’était pas tant le film en lui-même que ce que la pellicule provoquait en tant que matériau.
D’ailleurs, en ce moment, je sculpte des objets du quotidien qui sont censés fonctionner, mais qui ne marchent pas. Je crois que l’art surgit quand il perturbe ce à quoi l’on s’attend.

Entretien vidéo réalisé par Lou Lemoine et Valentine Bonnaz, étudiantes à l’INAsup.

Publié le 18/03/2019 - CC BY-NC-SA 4.0

Rédiger un commentaire

Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires

Réagissez sur le sujet