L’École de la vie (Los Niños)
de Maite Alberdi

Sortie en salles le mercredi 15 novembre 2017
 
 

Un petit groupe d’adultes trisomiques, Anita, Rita, Ricardo et Andrés fréquente la même école au Chili depuis 40 ans. Ils travaillent dans l’atelier de pâtisserie de l’établissement. Agés de plus de 40 ans, ils rêvent de vivre comme tout le monde, de gagner de l’argent, de se marier, de fonder une famille, d’être autonomes et ne plus être considérés comme des enfants. La réalisatrice Maité Alberdi filme avec empathie et humour le quotidien de ces personnes vivant à l’écart de la société.  
 

L’École de la vie ©Docks 66

L’avis de la bibliothécaire

Le contexte

Au Chili comme partout, l‘espérance de vie des trisomiques s’est fortement accrue ces vingt dernières années et atteint souvent 65-70 ans. Il existe peu de structures adaptées. La plupart du temps ce sont les familles qui s’en occupent. Mais lorsque les parents viennent à disparaître se pose la question de la prise en charge des personnes trisomiques vieillissantes.

L’école

La caméra de Maite Alberdi filme au plus près ces adultes dans leur vie quotidienne dans l’école spécialisée qui les accueille pour la journée.
Les premières scènes montrent les « élèves » arrivant le matin à l’école pour commencer leur journée de travail. Les gros plans sur les pâtisseries en train de se faire sont accompagnés de la voix off des personnages qui expriment leurs aspirations à plus d’autonomie. Anita et Andrès sont amoureux et voudraient vivre ensemble, Rita rêve d’une poupée Barbie, Ricardo cumule deux emplois, espérant un jour avoir son propre logement. Ils perçoivent une rétribution symbolique pour leur travail alors que leurs familles paient cette école privée.
 
La réalisatrice a passé une année auprès d’eux pour gagner leur confiance et qu’ils s’habituent à la présence de la caméra. Les personnages sont filmés en gros plan tandis que le personnel de l’école et les familles sont floutés ou même hors champ. Ce procédé donne l’impression au spectateur de faire partie du groupe et permet de voir la diversité des caractères de chacun.

L’humour

Tout au long du film, l’humour est présent naturellement chez les personnages. La réalisatrice  montre les difficultés de leur situation en passant par les émotions, et comme dans la vie, le drame et l’humour se côtoient.
« Je travaille un film à partir de l’émotion et de l’empathie, et non pas de la rationalité du sujet comme on peut le faire dans un certain type de documentaire traditionnel » Maite Alberdi. (Mediapart, entretien, 25/08/2017)

Un reflet de la société

On retrouve dans la vie de ce groupe des traits de la société chilienne : machisme, lorsqu’Andrès demande du café, pas de vie de couple en dehors du mariage, la corruption lors des campagnes électorales, la campagne de Ricardo qui achète les voix de ses camarades.

L’enfermement et la liberté sous contrôle

L’école est à la fois un lieu fermé, isolé du monde et, paradoxalement, elle propose à ses élèves des ateliers « Adultes conscients » qui leur enseignent leurs droits universels, sexuels et idéologiques au risque de créer des frustrations chez ces personnes trisomiques, qui se heurtent également au conservatisme de leurs familles.
 
Maite Alberti : «Mon objectif n’était pas de faire un documentaire militant traditionnel qui exposerait une thèse mais de faire un film politique qui montre la frustration de mes personnages. En donnant à ressentir leur liberté entravée, à travers leur relation à la société, les aspects politiques ressortent des situations du quotidien. » (Entretien avec la réalisatrice, dossier de presse du film)
 

Rappel

L’École de la vie, (Los Niños) de Maite Alberdi, 2016, 82’
Coproduction Micromundo Producciones (Chili), Voyla Films (Pays-Bas), Mandra Films (France)

Distribué en salles par Docks 66

Site du film : https://l-ecole-de-la-vie.com/
 
 

Publié le 14/11/2017 - CC BY-SA 4.0

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