Dunkerque, Waiting for the next bus
De Yannick Delva, Lucile Mikaelian et Quentin Boyer-Villet

Sortie en salles le mercredi 6 février 2019

 

Quelles traces de l’Opération Dynamo trouve-t-on encore sur les plages de
Dunkerque et dans la mémoire de ses habitants ?
Le tournage-événement de « Dunkirk » de Christopher Nolan a permis à Yannick
Delva, Lucile Mikaelian et Quentin Boyer-Villet de partir à la rencontre des
Dunkerquois.
Témoins directs, jeunes élèves, historiens, figurants, maire, chercheurs
d’épaves : chaque génération se réapproprie le passé de sa ville en partageant
anecdotes personnelles, récits familiaux et trésors enfouis depuis plus de 70
ans.

L’épave-Dunkerque©Pebroc Prod

  L’Avis de la bibliothécaire

« Je me souviens des yeux de ceux qui s’embarquèrent
Qui pourraient oublier son amour à Dunkerque
Les soldats ont creusé des trous grandeur nature
Et semblent essayer l’ombre des sépultures.
Les parfums du printemps le sable les ignore.Voici mourir le Mai dans les dunes du Nord »
 
La caméra glisse sur les plages immenses de Dunkerque sous un ciel gris sombre et une voix grave dit ces vers de Louis Aragon (La Nuit de Dunkerque, 1942). Puis, nous nous trouvons dans une classe de CM1/CM2 où de jeunes élèves disent avec leurs mots d’enfants, naïfs et touchants, ce qu’ils savent de l’Opération Dynamo qui se passa à Dunkerque en 1940.

 Un peu d’histoire

En mai 1940, les troupes britanniques, belges et françaises sont encerclées par les troupes de la Wehrmacht et sont obligées de se replier sur Dunkerque, dernier port aux mains des Alliés. Près de 400 000 soldats sont pris au piège. Sur une erreur du commandement allemand, les blindés d’Hitler reçoivent l’ordre de s’arrêter à 25 km de Dunkerque.
Du 26 mai au 4 juin 1940, « l’opération Dynamo » va consister à rembarquer vers l’Angleterre près de 338 226 soldats sous le feu de l’aviation allemande. Les plus gros navires ainsi que d’innombrables « little ships » sont réquisitionnés pour faire traverser les soldats jusqu’à Douvres, le port anglais le plus proche. Près de 200 000 britanniques et presque 140 000 français et autres alliés parviennent en Angleterre. La ville de Dunkerque et son port sont presque entièrement détruits sous les bombardements allemands.
35 000 soldats français sont faits prisonniers. On dénombre environ 20 000 morts du côté des troupes Alliées, notamment noyés lors des opérations d’embarquement. Succès pour les Anglais, défaite pour le régime de Vichy, amertume pour les Français qui se sont sacrifiés pour sauver les Alliés de l’avancée allemande, l’Opération Dynamo ressentie plutôt comme une défaite du côté de la France est un épisode oublié des livres d’histoire.  

 Mémoire et transmission

 Il aura fallu le tournage de la superproduction de Christopher Nolan, « Dunkirk » en 2016 pour faire ressurgir et s’exprimer les souvenirs de cet événement parmi la population.
Les réalisateurs dunkerquois Yannick Delva, Lucile Mikaelian et Quentin Boyer-Villet avaient le projet initial de s’intéresser au film de Nolan, dont l’ampleur de la logistique mise en place  était hors du commun pour une ville comme Dunkerque. Puis s’intéressant de plus près au sujet du film, ils ont découvert, à travers les documents de l’époque, ce que l’on a nommé « The spirit of Dunkirk », l’esprit de Dunkerque,  l’espoir de résistance et de délivrance.
Le témoignage d’André Pauwels est particulièrement émouvant. Agé de 20 ans en 1940, il a vu les Anglais arriver sur les plages de Dunkerque et tenter de grimper dans les bateaux surchargés, il en a vu beaucoup se noyer. Marie-Ange, née en 1940, a été trouvée dans un champ par un militaire. C’était un bébé de 3 mois, sans doute abandonnée par ses parents fuyant les Allemands. Christiane raconte fièrement à son fils Philippe, coupures de journaux de l’époque à l’appui, comment sa mère, alors une jeune fille, a sauvé 11 marins français sous les bombardements. De jeunes figurants dunkerquois du film de Nolan expriment leur prise de conscience de la réalité de cet événement suite à leur expérience du tournage. Ils pensent que le film de Nolan permettra de faire le lien entre les générations.
Deux historiens dunkerquois interviennent pour expliquer et mettre en perspective certaines interprétations de l’histoire.  L’un d’eux explique que lorsqu’un soldat cherchait à s’embarquer sur un bateau anglais déjà chargé, on le repoussait en lui disant « wait for the next bus ».
Chercheurs d’épaves, d’objets perdus dans la mer, le maire de Dunkerque sont autant d’acteurs de cette recherche du passé.
Alternant témoignages et entretiens avec des images survolant les plages vides ou la ville de Dunkerque, le film laisse au spectateur le temps d’imaginer les scènes de sauvetage de ces centaines de milliers de soldats pendant les 9 jours intenses de l’Opération Dynamo.
« Les films çà sert aussi à ne pas oublier l’Histoire… » dit un des enfants. Ce film n’est pas un documentaire historique, c’est un travail sur la mémoire collective, la transmission entre les générations d’un épisode de la Seconde Guerre mondiale dont on ne parlait plus beaucoup même à Dunkerque.
 

Rappel

Dunkerque, Waiting for the next bus
De Yannick Delva, Lucile Mikaelian et Quentin Boyer-Villet
Durée 52′- France – 2018 – Production : Pebroc Prod
Distribution : Ligne 7


Bande annonce de Dunkerque, Waiting for the next bus – Pebroc Prod