Les bibliothèques européennes et les fonds structurels de l’UE : un levier méconnu

Le projet TELL – TRANS-EUROPEAN LEARNING LIBRARIES, auquel participe la Bibliothèque publique d’information (Bpi), a mené une étude pilote en Estonie, Italie et Pologne pour analyser le recours à ces fonds. Les résultats mettent en lumière des initiatives exemplaires, mais aussi des freins persistants à surmonter pour mieux intégrer les bibliothèques dans la politique de cohésion européenne.

Les fonds structurels européens : un atout pour les bibliothèques

Les fonds structurels européens (FESI) sont des instruments essentiels de la politique de cohésion de l’Union européenne, visant à financer des projets de développement économique, social et environnemental. Bien que souvent associés aux infrastructures et à l’innovation, leur potentiel pour le développement des bibliothèques reste largement sous-exploité.

Dans le cadre du projet TELL, dont la Bpi est partenaire, une étude pilote s’est penchée sur l’utilisation des FESI en Estonie, Italie et Pologne. Les résultats montrent que ces fonds ont permis de moderniser les infrastructures, de développer le numérique et de renforcer l’inclusion sociale au sein des bibliothèques.

Quels financements pour quels projets ?

Les bibliothèques de ces trois pays ont bénéficié des financements des deux principaux instruments financiers de la politique de cohésion : le Fonds européen de développement régional (FEDER) et le Fonds social européen (FSE+).

Alors que la Pologne s’est concentrée sur le numérique, l’Italie a misé sur la cohésion sociale et l’Estonie sur la mutualisation des services à l’échelle nationale, démontrant les possibilités multiples offertes par les fonds européens de la politique de cohésion. Au total, ces trois pays ont mobilisé plus de 280 millions d’euros de fonds européens pour le développement de leurs bibliothèques.

Un faible recours aux fonds européens

Malgré leur potentiel, les FESI restent peu mobilisés par les bibliothèques en Europe. La gestion décentralisée des fonds, souvent au niveau régional, complique l’accès aux financements. En effet, chaque programme régional répond à des objectifs spécifiques, rendant le partage de conseils communs clairs et transparents plus complexe. De plus, les bibliothécaires manquent d’information et de formation sur ces opportunités. Contrairement aux programmes comme Erasmus+ ou Europe Créative, qui ont une forte visibilité, les FESI, de par leur approche régionalisée, semblent parfois moins accessibles. Il semble nécessaire et prioritaire d’identifier les autorités de gestion en charge des fonds sur le territoire de chaque bibliothèque.

Contrairement à ce que l’on pense souvent, les bibliothèques de régions développées sont également bénéficiaires des FESI. En réalité, ce sont les priorités politiques régionales, plus que le niveau de développement, qui ouvrent ou ferment l’accès aux fonds.

Mieux intégrer les bibliothèques dans la programmation européenne

La prochaine période de programmation des fonds européens (cadre financier pluriannuel 2028-2034) constitue une fenêtre stratégique pour mieux intégrer les bibliothèques dans les priorités de la politique de cohésion. L’étude souligne l’importance de les inscrire pleinement dans les accords de partenariat entre les États membres et la Commission européenne, afin qu’elles bénéficient d’un accès renforcé aux fonds structurels.

Cette intégration doit s’appuyer sur des cadres de référence clairs, tels que le Socle européen des droits sociaux, l’Agenda 2030 des Nations unies, ou encore les indicateurs de l’UNESCO pour la culture et le développement durable. 

Enfin, le rapport du Conseil de l’Union européenne (groupes d’experts de la Méthode ouverte de coordination) prévu pour 2026 et intitulé « Construire des ponts : renforcer les rôles multiples des bibliothèques en tant que passerelles et diffuseurs d’œuvres culturelles, d’expertise et de valeurs européennes » pourrait également fournir de nouvelles orientations politiques, en valorisant le rôle des bibliothèques comme espaces de cohésion sociale.

Pour en savoir plus, retrouvez l’étude complète ici ou en pièce jointe de cet article.