Appartient au dossier : Voyage d’étude au Québec

Deux exemples de reconversion des lieux de culte en bibliothèque à Québec
par Virginie Rose, responsable du bassin de lecture Centre, Clermont-Ferrand

En France, le ré-emploi d’un bâtiment religieux pour y installer une bibliothèque ne va pas de soi. À y regarder de plus près, il existe pourtant des exemples sur le territoire français : on peut citer l’église Saint-Étienne de Dijon qui abrite depuis 2007 le musée Rude et la bibliothèque municipale de la ville ou l’ancienne chapelle du couvent des cordeliers fondé au 13e siècle devenue la médiathèque Loire-Forez à Montbrison. Les exemples ne sont toutefois pas si fréquents, alors que le Québec semble avoir une sorte de spécialité dans le domaine.

Avec une désaffection pour la religion allant croissant, de nombreux lieux de culte québécois ont été laissés à l’abandon ces dernières années. À Montréal par exemple, il y avait un millier d’églises au début du 20e siècle, il n’en reste aujourd’hui que 400 environ.

À Québec, nous avons pu visiter deux bibliothèques installées dans d’anciennes églises, la bibliothèque Claire-Martin et la maison de la littérature.

Leurs points communs

Pour 1$ symbolique…

La bibliothèque Claire-Martin est installée depuis 1979 dans l’ancienne église anglicane Saint-Matthew achetée par la ville au diocèse de Québec pour 1$ symbolique. Construite en 1849, elle est classée monument historique en 1976.

Le temple méthodiste Wesley,qui héberge la maison de la littérature, date de 1848 et a été désaffecté en 1931. Un sénateur l’avait acheté pour 1$ symbolique avant de le confier à l’Institut canadien de Québec en 1944.

Bibliothèque Claire-Martin © Bpi
Maison de la littérature (Québec) © Bpi

Une architecture chaleureuse

Après de nombreux travaux au fil des ans, la bibliothèque Claire-Martin connaît une dernière phase de travaux en 2016-2017, qui révèlent sa physionomie actuelle. Les murs et le mobilier essentiellement blancs viennent contraster avec les voûtes boisées. L’allée menant au chœur est bordée par des étagères dont la hauteur n’excède pas la base des vitraux, donnant ainsi une grande ampleur au bâtiment.

Bibliothèque Claire-Martin © Bpi
Bibliothèque Claire-Martin © Bpi

La maison de la littérature a, quant à elle, été inaugurée dans sa forme actuelle en 2015. L’espace précédent abritait, en plus d’une bibliothèque publique, une salle de spectacles et de conférences qui a accueilli de nombreux artistes de renom jusqu’à sa fermeture en 1999. Le bâtiment a été entièrement rénové et s’est vu adjoindre une annexe. Les travaux ont notamment consisté en un décloisonnement vertical qui assure un « effet waouh » à l’arrivée dans la partie bibliothèque, grâce à la luminosité et à la blancheur des murs. La maison de la littérature a reçu de nombreux prix, tant pour son architecture que pour sa richesse culturelle.

Maison de la littérature (Québec) © Bpi

Une fréquentation élevée

La bibliothèque Claire-Martin contient environ 25 000 documents, elle reçoit 150 000 visiteurs par an (60 000 prêts par an environ) et elle est ouverte 58 heures par semaine.

La maison de la littérature reçoit quant à elle environ 135 000 personnes par an et elle organise environ 250 spectacles chaque année. À la bibliothèque, qui compte 40 000 documents de littérature québécoise, on croise tout aussi bien des habitants du quartier (moins de 600 personnes vivent dans le quartier du Vieux-Québec, très touristique), des touristes que des étudiants. Il y a beaucoup de passage, mais relativement peu d’emprunts.

Les particularités de chacune

La bibliothèque Claire-Martin : toujours un lien avec la religion

Son chœur est resté intact et des offices peuvent théoriquement toujours s’y tenir. Des sonneurs viennent une fois par semaine pour s’exercer au carillon. Pour ajouter au contexte, la bibliothèque est située dans un parc public qui est un ancien cimetière (le premier non-catholique de Québec).

La maison de la littérature : un lieu hybride

Durant la période de travaux, des événements d’ampleur ont été lancés : un programme de résidences d’auteur dès 2005, le Festival première ovation (soutien d’artistes de 18 à 35 ans) dès 2009 et le Festival Québec en toutes lettres dès 2010.

La maison de la littérature se décline en plusieurs espaces :

  • au rez-de-chaussée : le boudoir, la scène littéraire, un espace d’exposition et une salle polyvalente ;
  • au 1er étage : la bibliothèque, une salle de réunion et la résidence d’écriture (pour des périodes d’une semaine à plusieurs mois) ;
  • au 2ème étage : trois cabinets d’écriture, un salon de quiétude et un studio de création (avec régie et personnel technique).

Il est à noter que les deux bibliothèques font partie du réseau de lecture publique de la Ville de Québec qui compte en tout 26 établissements.

Maison de la littérature (Québec) © Bpi
Maison de la littérature (Québec) © Bpi

Ces exemples d’aménagements ingénieux et inspirants viennent faire écho aux travaux engagés par Clermont Auvergne Métropole pour transformer l’ancien Hôtel-Dieu en bibliothèque de centre-ville, réunissant lecture publique et patrimoine.

Publié le 04/09/2024 - CC BY-SA 4.0

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