Cette journée d’études s’inscrit dans la continuité du séminaire « La démocratisation culturelle au fil de l’histoire contemporaine » qui s’est déroulé pendant deux années successives à l’initiative du Comité d’histoire, en partenariat avec le Centre d’histoire de Sciences Po. Elle a pour objet d’interroger ce que le champ du livre et de la lecture peut apporter à l’éclairage de l’histoire des politiques de démocratisation culturelle ; de confronter des approches qui se situent au croisement de l’histoire culturelle (représentations, pratiques, discours et débats publics) et de celle des politiques culturelles ; de réunir spécialistes confirmés et jeunes chercheurs.
Contexte problématique de la journée d’études
Au regard de l’ensemble des activités de production de biens culturels (artisanales ou industrielles), des marchés et des champs professionnels spécifiques qui les organisent, la place du livre et de la lecture est originale : les logiques industrielles et commerciales de la diffusion de l’imprimé sont, et de loin, antérieures à la problématique plus récente des « industries culturelles ».
Par ailleurs, tout un pan de l’histoire culturelle du livre et de la lecture s’est joué en dehors des politiques publiques. En vrac, pour la période récente : Le Club du Livre, France Loisirs, le Livre de poche, le livre et l’édition à la télévision (émissions littéraires mais aussi présence du livre et des écrivains dans des émissions grand public) ; multiplication des jury littéraires « populaires » : (Prix du livre Inter, des lectrices de Elle, Goncourt des lycées) ; « festivisation » et prolifération des salons et fêtes du livre ; retour de la « lecture » au théâtre, à la radio, ou par le biais des livres-CD…
La place du livre et de la lecture est tout aussi particulière dans l’ordre de l’action publique : elle constitue le socle des politiques d’alphabétisation et de développement de la scolarisation et imposerait, en toute rigueur, d’approfondir l’histoire des formes et de la culture scolaires. En vrac : corpus respectifs du primaire et du secondaire, lecture à haute voix et silencieuse, passage de l’explicitation de texte au commentaire, de la dissertation au résumé, lecture d’œuvres intégrales, étude d’œuvres contemporaines, légitimation par l’institution scolaire de genres considérés auparavant comme « mineurs »…
Comment l’entreprise scolaire républicaine s’est-elle prolongée dans des actions en direction de publics plus larges ? (cf. Discours sur la lecture et Des bibliothèques populaires à la lecture publique et autres travaux de la même veine).
La lecture occupe, enfin, une place spécifique dans les problématiques de démocratisation culturelle particulièrement perceptible lors des constats récurrents sur « baisse de la lecture » dont ceux objectivés par les enquêtes Pratiques culturelles des français, (baisse considérée comme bien plus grave que celle de la fréquentation des théâtres ou des salles de concerts).
Au-delà des généralisations apocalyptiques (qui culminent avec la question de l’illettrisme) il est souhaitable d’analyser plus finement la réception contrastée des résultats de ces enquêtes dans le débat public, au sein des leaders d’opinion, dans le monde intellectuel et celui les professionnels du livre et de la lecture publique.
Direction scientifique : Christophe Evans (Bpi), Thierry Ermakoff (Enssib), Jean-Claude Pompougnac (Comité d’histoire).
Programme
9h – 9h30 : Accueil.
9h30 – 10h : Ouverture de la journée.
Christine Carrier, directrice de la Bibliothèque publique d’information.
Yves Alix, directeur de l’Enssib.
Jean-Sébastien Dupuit, inspecteur général des affaires culturelles, vice-président du Comité d’histoire du ministère de la Culture et de la Communication.
10h-12h30 : La lecture publique dans son contexte.
- Livres, lecteurs et politiques culturelles à l’école au tournant du 19e siècle, par Max Butlen, maitre de conférences honoraire, université de Cergy-Pontoise, ESPE Versailles, Agora.
- Lecture publique et éducation populaire, rencontres et défis communs, par Guy Saez, directeur de recherche émérite au CNRS, Pacte, Grenoble et membre du Comité d’histoire du ministère de la Culture et de la Communication.
- Présentation, animation : Jean-Claude Pompougnac, correspondant du Comité d’histoire du ministère de la Culture et de la Communication.
Travaux récents.
- Denis Merklen, sociologue, professeur des universités, Université Sorbonne Nouvelle.
- Le plaisir, outil de démocratisation culturelle ?, par Charlotte Perrot-Dessaux, doctorante à l’université Paris 7 Denis Diderot.
- Les pratiques adolescentes de la lecture vues à partir des bibliothèques, par Cécile Rabot, maître de conférences à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense au pôle Métiers du livre de Saint-Cloud.
- Présentation, animation : Thierry Ermakoff, responsable du département des services aux bibliothèques, Enssib.
12h30 : Déjeuner.
14h-16h : Politiques publiques, démocratisation culturelle et « baisse de la lecture » ?
« Rhétorique de l’échec » et réception des études sur les pratiques culturelles par les professionnels de la lecture publique, par Gwenaëlle Cousin-Rossignol, directrice adjointe de la bibliothèque municipale de Versailles.
Retour sur un moment charnière : le tournant des années 90, par Olivier Donnat, sociologue au département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS) du ministère de la Culture et de la Communication.
Présentation, animation : Christophe Evans, sociologue, chef du service Études et recherche à la Bpi.
16h-17h : Une bibliothèque démocratique : hommage à Jean-Pierre Seguin.
Publié le 19/10/2015
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Bibliographie
Quelles sont les pratiques, les attentes et les appréciations des Français vis-à-vis des bibliothèques publiques ? Synthèses d’une enquête réalisée par la Sofres en 1996 auprès des publics des bibliothèques municipales et d’une enquête qualitative consacrée aux usagers non-inscrits.
Un bilan détaillé des actions conduites dans le domaine de la lecture par les acteurs associatifs, professionnels et institutionnels. Cette enquête s’interroge sur les spécificités et les raisons de l’effervescence autour de la lecture dans les deux dernières décennies du XXe siècle.
La pérennité de la démocratisation comme objectif social et politique est questionnée aujourd’hui en bibliothèque, sans être totalement remis en cause car cet idéal n’a pas encore trouvé de remplaçant suffisamment légitime.
Cette enquête présente les profondes mutations culturelles connues par les Français notamment avec l’essor d’Internet. Conduite auprès de 5000 personnes, l’étude revient sur la fréquentation des salles de cinéma, de théâtre, sur la pratique de la lecture ou d’une activité artistique, sur l’attrait de la télévision, de la musique…
Enquête nationale dans le cadre d’un programme de recherches portant sur les représentations des inégalités dans la société française.
Malgré la difficulté à définir la notion de « milieux populaires », ces derniers recouvrent bien une réalité sociale qui ne saurait être marginalisée. En termes de fréquentation des bibliothèques, la sociologie qualitative apporte des nuances et des subtilités que les simples constats statistiques de sous-représentation du public adulte ne permettent pas nécessairement de cerner.
De 1996 à 2013, 70 bibliothèques ont été incendiées en France. Durant 5 ans, le sociologue a enquêté pour tenter de comprendre les raisons de ce phénomène.
Aujourd’hui, le territoire national argentin compte des bibliothèques publiques, privées et universitaires et environ 2 000 bibliothèques populaires. Ces différents statuts témoignent de l’existence de différentes initiatives en faveur d’une promotion de la lecture : initiative publique ou privée.
Ce rapport contient les principaux éléments d’une enquête menée dans le réseau de la lecture publique de Plaine commune. Il vise plus à décrire les représentations que les personnels des bibliothèques se font de leurs missions et des quartiers dans lesquels ils travaillent. L’objet de cette recherche plus large est de comprendre les rapports entre les bibliothèques et leurs quartiers et d’éclairer le rapport des classes populaires à l’écrit.
Résultats d’une enquête menée dans les bibliothèques publiques de Paris entre 2004 et 2010, sur les politiques et dispositifs de valorisation des collections. Ils montrent comment, tandis que la production éditoriale augmente, leur rôle d’instance de construction de la valeur se structure, en lien avec l’école et les institutions du champ littéraire, grâce à leurs pratiques de sélection.
Cet article revient en détail sur les relations à la fois connexes, de méfiance, de défiance et pourtant de similitudes, qui ont émaillé les projets de culture populaire issus de la Libération, et les discours institutionnels relatifs à la notion de démocratisation culturelle et à leur mise en œuvre.
Bilan du renouvellement des problématiques relatives à l’analyse des pratiques culturelles, des rapports entre culture et société et des transformations de l’action publique. Les contributions sont distribuées autour de trois axes structurant les débats et enjeux des rapports entre culture, territoires et société : question métropolitaine, dynamiques territoriales et européanisation.
Contributions à un colloque de 2014 sur l’histoire des bibliothèques populaires en France aux XIXe et XXe siècles, la sociologie de leurs publics, des exemples anciens et contemporains en Belgique, en Grande-Bretagne et en Argentine, etc.