Appartient au dossier : Comptes rendus du séminaire « EMI en bibliothèques »

Séminaire EMI en bibliothèques : atelier « Organisation interne et partenaires »
par Agnès Defrance (Médiathèque départementale de l'Hérault), Valérie Robin (Bpi), Annie Vuillermoz, (BM Grenoble)

Cet atelier a été animé par Valérie Robin (Bpi). Y ont participé : Agnès Defrance (Médiathèque départementale pierresvives Hérault), Claire Gaudois (Bibliothèque Départementale du Val d’Oise), Cécile Hauser de Bisschop (DRAC ile de France), Caroline Heissat (Bibliothèque Départementale du Bas-Rhin), Anne Cécile Hyvernat (BM de Lyon), Pamela Jammes (Bibliocité Paris), Sophie Pascal (BNF), J.C Théobalt (Ministère de la culture Service de la coordination des politiques culturelles), Annie Vuillermoz (Grenoble). 

Collégien devant un écran
©Bpi

Comment faire une cartographie de son environnement ?

Pistes méthodologiques pour cartographier les actions d’un établissement :

Cartographier les associations subventionnées et leurs lieux d’intervention 

De nombreuses associations soutenues/subventionnées par le ministère /les DRAC  (associations de journalistes, associations relevant de l’éducation populaire)  peuvent accompagner les projets.  Retrouvez ici la liste des partenaires EMI de la Bpi.

Désacraliser le terme d’EMI (idem pour l’EAC) ; donner confiance

L’EMI  est une mission transversale qui concerne tous les bibliothécaires : « on fait de l’EMI sans le savoir » (médiations des collections, accompagnement à la recherche documentaire, confrontations des sources) cependant le terme «Éducation» peut faire peur.

Inscrire l’EMI à l’échelle de la collectivité territoriale

L’EMI peut facilement trouver place dans une politique locale. Un projet EMI est souvent une  opportunité pour installer/développer le dialogue entre services jeunesse, périscolaire ou extra-scolaire, bibliothèques, centres sociaux,etc . Le portage par la tutelle permet la déclinaison de l’action sur le territoire.

Qui sont les acteurs au sein d’une équipe ? Quels impacts ?

Positionner l’EMI comme une mission pleine et entière de chaque bibliothécaire

Les actions EMI sont encore trop rarement identifiées comme une mission des bibliothécaires. Elles se développent « au bon vouloir de chacun et du temps dont ils disposent ». Il faut identifier les compétences en interne et développer des interactions entre les bibliothécaires selon leurs « spécificités » : accueils de scolaires, conduite d’ateliers numériques, … L’EMI est une mission qui concerne et peut/doit être portée par tous les bibliothécaires d’un établissement.

Inscrire l’EMI dans les projets d’établissement et/ou dispositifs type BNR = le portage politique / tutelle permet sa déclinaison dans le projet de service

Travailler en mode projet 

Cette méthodologie permet de poser un cadre : désigner un référent, établir un calendrier, préciser les publics cibles…

Questionner nos pratiques au regard de l’EMI

Il peut être utile de préciser ce qui est attendu sur la fiche de  poste mais en restant attentif à ne pas trop cloisonner les pratiques ; l’EMI prend son sens dans un travail en transversalité. 
A la médiathèque Pierresvives le portage des actions est mené conjointement par le référent Presse et le référent Formation et Vie Citoyenne pour les projets en direction de publics adultes ou le référent Presse et  le référent Découverte pour les projets en direction de publics jeunesse.

Veiller à maintenir l’équité territoriale

Une attention à la spécificité des réseaux de lecture publique départementaux est nécessaire. 
Ainsi,  dans le Bas-Rhin où le réseau compte  200 bibliothèques  pour  2000 bénévoles  se pose la question de la  professionnalisation comme dans beaucoup de territoires ruraux
Dans l’Hérault les coordinateurs des réseaux de lecture publique ont permis de favoriser cette équité sur l’ensemble du territoire grâce à un financement DRAC – Conseil départemental – Communauté des communes pendant 3 ans.

Proposer des formations thématiques

L’EMI se décline sur plusieurs niveaux : 

  • Recherche documentaire ;
  • ​Médiation autour des ressources ;
  • Analyse de contenus et de vecteurs de diffusion parfois moins bien maîtrisés par les bibliothécaires.

Quelle(s) formation(s) proposer ? Y a-t-il une spécificité liée à l’EMI ?

Les attentes portent principalement sur :

  • L’animation de groupe, de pédagogie active ;
  • L’analyse de l’image fixe ou animée/ le dessin de presse ;
  • ​Les réseaux sociaux.

A la Bpi  : la mise en place de l’atelier « Construire son opinion » a été l’occasion de  travailler avec une journaliste ; si les agents se sont sentis  au départ « mis en danger » le travail de conception et de mise en œuvre de cet atelier s’est avéré très constructif et formateur sur le long terme.
La formation initiale actuelle des bibliothécaires ne prend pas assez en compte l’évolution rapide des pratiques (le téléphone portable chez les jeunes, les notions de codage). Il est nécessaire de développer les connaissances en matière de pratiques informationnelles (cartographie des groupes de presse, connaissance des pratiques des publics, …). 

Penser un mode de management adapté et facilitateur

Il est tout à fait possible d’initier des actions EMI très simplement selon la capacité de l’établissement. Ces actions peuvent ensuite évoluer et se développer. Un travail sur la posture du bibliothécaire est alors nécessaire
Le bibliothécaire ne sait pas tout mais doit être en mesure de donner des outils, d’accompagner les recherches, de chercher avec l’usager. Il faut réaffirmer le rôle du bibliothécaire.

Réaffirmer la bibliothèque comme lieu pour débattre

  • Les bibliothécaires exercent leurs missions pour donner des clés de compréhension et non pour convaincre, c’est le fondement de la démocratie. 
  • ​Faire avec le public, être au même niveau d’interaction, développer la co-construction des projets et le pair à pair (également entre les usagers). Favoriser une démarche d’inclusion implique une modification du rapport bibliothécaires / usagers.

Toutes ces pratiques favorisent la construction de la bibliothèque comme un des espaces d’exercice de la démocratie.  

Les intervenants extérieurs 

La pluralité des intervenants permet de varier les approches et d’apporter des connaissances spécifiques (ex. connaissance fine de certains publics).La mise en place de partenariats favorise la co-construction mais nécessite une définition précise des objectifs, d’une temporalité, … Des intervenants professionnels extérieurs ou d’autres services de la collectivité peuvent, comme personnes ressources, avoir un rôle catalyseur pour la mise en œuvre du projet. 
A Paris, les bibliothécaires soulignent l’ importance de la légitimité d’un intervenant extérieur.
Pour mémoire l’émergence de l’EMI dans les bibliothèques s’est produite dans un contexte post-attentats avec des sujets polémiques et  clivants. L’intervention de spécialistes peut permettre aux bibliothécaires de ne pas être en « première ligne » dans l’animation des échanges.

Dialogue entre bibliothécaires et professeurs documentalistes

L’Education nationale est un acteur majeur. L’EMI est présente dans les programmes de tous les niveaux mais est une discipline transversale. Pour cette raison il reste difficile d’identifier les acteurs et leur périmètre d’intervention.     

Conclusion 

La réussite d’un projet EMI dépend de son ancrage dans le territoire et des partenariats qui se tissent. Si un travail de formalisation et de  pilotage de projet reste à entreprendre dans beaucoup d’établissements, la dynamique de la co-construction, féconde pour donner une représentation concrète de la bibliothèque comme espace vivant de la démocratie, est souvent à l’oeuvre et permet de réfléchir à des outils formateurs pour accompagner les bibliothécaires dans leur mission d’éducation au débat.

Publié le 16/06/2020 - CC BY-SA 4.0

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