Appartient au dossier : Voyage d’étude en Belgique
Le parasol à paroles de la bibliothèque de Namur : un dispositif original pour aller à la rencontre des habitants
par Clotilde Deparday, directrice-adjointe Bibliothèque municipale de Lyon, départements de la bibliothèque de la Part-Dieu
À Namur, la bibliothèque La Célestine est née d’une démarche participative originale : le « parasol à paroles », un dispositif mobile imaginé par les bibliothécaires pour recueillir les idées des habitants.

Innovante. Culturelle. Attractive. Généreuse. Ces quatre qualificatifs, affichés fièrement sur la page d’accueil du site Internet de la ville de Namur (114 000 habitants), s’appliquent à merveille à sa nouvelle bibliothèque centrale, La Célestine, ouverte en août 2024. Ajoutez-y l’accueil chaleureux et l’énergie communicative de sa directrice, Catherine de Biourge, et vous comprendrez pourquoi nous y avons passé un fort bon moment. Au vu du succès rencontré, nous sommes loin d’être les seuls. Et pour cause : bibliothécaires, élus et habitants ont construit ensemble ce beau projet. Une bibliothèque à taille humaine, où l’on se sent bien et dont l’importance auprès des publics se perçoit immédiatement. La bibliothèque comme on l’aime.
Bien sûr, les généralités sont toujours risquées. Mais il faut bien reconnaître qu’une qualité largement partagée par nos collègues d’outre-Nord est le pragmatisme. Illustration parfaite avec ce dispositif simple et ingénieux : le parasol à paroles, imaginé par les bibliothécaires de Namur pour aller à la rencontre des habitants.
À écouter Catherine de Biourge, rien de très difficile : un grand parasol pour être repérés sur un marché ou un festival, quelques mange-debout pour favoriser la convivialité, une ribambelle de pinces à linge pour accrocher les idées du public, et des « potiquets » (belgicisme pour pot) pour voter sur les propositions à prioriser dans la nouvelle bibliothèque et plus largement dans le réseau. Parmi les propositions soumises au vote : rencontres d’auteurs, grainothèque, nuit à la bibliothèque, livres en langues étrangères, salle(s) d’étude, sieste contée, espace jeunes adultes, écrivain public, ou encore lieu de rencontre(s)…

Pendant plus de deux ans, les bibliothécaires ont ainsi sillonné le territoire avec ce dispositif. Ils ont recueilli paroles et attentes autour de questions simples mais essentielles : Que représente pour vous la bibliothèque aujourd’hui ? Quelle sera, selon vous, la bibliothèque de demain ? Quelles sont vos pratiques de lecture ? Ces échanges ont permis non seulement d’impliquer les habitants dans la définition des services, mais aussi de déconstruire certains clichés sur le métier de bibliothécaire, tout en valorisant le réseau avant même l’ouverture du nouvel équipement.
Dans le domaine des services, cette démarche s’est traduite par la création d’une ludothèque et le développement du jeu sur place pour favoriser les rencontres dans un esprit tiers-lieu. Il a également mis en évidence le besoin d’espaces polyvalents pour les étudiants durant les blocus. Des ateliers ont également été conçus afin d’accompagner les usagers dans l’utilisation des outils informatiques. Plus largement, ces échanges ont nourri une réflexion sur l’aménagement des espaces, orientée vers l’appropriation par les usagers et le bien-être collectif.
La participation citoyenne était au cœur du projet dans toutes ses composantes puisque le nom de la bibliothèque a également été soumis au vote des habitants.


Parmi les bénéfices majeurs de cette démarche, Catherine de Biourge souligne également la sensibilisation des autorités politiques aux attentes des citoyens. Au-delà de la justification des choix programmatiques, il s’agit aussi de conforter les élus dans l’idée que le projet qu’ils portent répond véritablement aux besoins de la population. Un tel résultat donne tout son sens à l’investissement qu’exige un projet participatif.
On a hâte désormais de découvrir ce que la bibliothèque prépare dans le cadre de la candidature de Namur au titre de Capitale européenne de la culture 2030.
Publié le 22/09/2025 - CC BY-SA 4.0