Analyser des données de fréquentation
Le cas de la Bibliothèque publique d'information

Un public divers et entièrement anonyme

La Bibliothèque publique d’information (Bpi) accueille tous les publics, sans restriction : l’accès est libre et gratuit, sans inscription préalable. Cette spécificité confère à la bibliothèque un public à la fois très divers (socialement, géographiquement…) et entièrement anonyme.

Par ailleurs, la consultation des collections se fait exclusivement sur place (sauf exception pour certaines ressources numériques). La Bpi ne dispose donc pas des données de prêts traditionnellement utilisées par de nombreuses bibliothèques pour analyser (une partie de) leurs publics.

Des données issues du système de gestion des jauges de sécurité

Dans ce contexte particulier, le Service Études et Recherche (SER) mobilise plusieurs méthodes pour mieux connaître ses usager·ères : enquêtes par questionnaire ou entretien, observations, mais aussi analyse des données de fréquentation.

En tant qu’Établissement Recevant du Public (ERP), la Bpi doit garantir la sécurité de ses publics. Pour ce faire, elle veille à ce que le nombre de personnes accueillies dans ses espaces n’excède pas un certain seuil de sécurité. Le système permettant d’assurer ce suivi est composé de différents capteurs qui décomptent, en temps réel, le nombre d’entrées et de sorties dans la bibliothèque. Les données ainsi recueillies servent d’abord à la gestion opérationnelle : prévenir les risques liés à une affluence trop élevée. Mais elles permettent aussi d’analyser, dans une certaine mesure, la fréquentation des publics.

Afin d’exploiter les fichiers bruts produits par le système de suivi des jauges, le SER a développé des outils d’automatisation (notamment via des macros Excel) qui permettent d’extraire et de traiter les données utiles.

Quelques données et indicateurs suivis

Mesure des flux : entrées, sorties et présents par minute

Les données brutes et leur traitement nous permettent d’obtenir le total d’entrées, de sorties et de présents dans la bibliothèque pour chaque minute de la journée. À partir de cette base, le SER suit et analyse les flux dans la bibliothèque, par exemple : le nombre d’entrées, de sorties ou de présents selon le type de jour ou selon le mois ou l’année.

2 exemples d’indicateurs : taux d’occupation, durée moyenne de séjour

Outre l’observation des flux (entrées, sorties, présents dans la bibliothèque), les données issues du système de gestion des jauges de sécurité permettent également de calculer des indicateurs portant, par exemple, sur l’occupation ou la durée de séjour estimée des publics :

• Le taux d’occupation est une mesure synthétique, exprimée en pourcentage, du niveau d’occupation de la bibliothèque pour une journée. Pour le calculer, le SER calcule d’abord une valeur du nombre de présents dans la bibliothèque qui sera considérée comme représentative de l’ensemble de la journée. Cette valeur calculée est ensuite divisée par le nombre maximal de personnes autorisées à entrer dans la bibliothèque.
• La durée moyenne de séjour est une estimation théorique du temps passé en moyenne, par les publics, dans la bibliothèque. Plus qu’une réalité exacte, c’est d’abord un indicateur de tendance. À la Bpi, les durées moyennes de séjour élevées peuvent être interprétées comme le reflet d’un usage globalement plus studieux, lié à une présence plus importante d’étudiant·es ou de lycéen·nes en révision. Le phénomène est particulièrement net les weekends, notamment les dimanches.
  
  Pour estimer cette durée moyenne de séjour à partir des données issues du système de gestion des jauges de sécurité, nous utilisons la moyenne du nombre de personnes présentes durant l’ouverture que nous multiplions par le nombre de minutes d’ouverture de la bibliothèque. Nous obtenons ainsi un total théorique de « minutes de bibliothèque consommées » pour une journée. La durée moyenne de séjour s’obtient en divisant ce total  théorique de minutes par le total d’entrées du jour. Le suivi de cet indicateur a été mis en place en 2021. Son calcul reprend une méthode utilisée par la Cour des Comptes lors de son inspection de l’établissement en 2020.

Pour aller plus loin :

• Day, Damien. « Le chercheur et le compteur. Chronique de la Bibliothèque publique d’information ». Compter pour raconter. Du bon usage des données en bibliothèque, édité par Cécile Touitou, Presses de l’enssib, 2025, https://doi.org/10.4000/13f77
• Poissenot, Claude. « 4. La connaissance des publics via les données internes de la bibliothèque ». Mener l’enquête, édité par Christophe Evans, Presses de l’enssib, 2011, https://doi.org/10.4000/books.pressesenssib.575.