L’insoumis
de Gilles Perret

Sortie en salles le mercredi 21 février 2018

En 2016, dans le film La sociale, Gillet Perret retraçait le processus de création de la Sécurité sociale. Dans L’insoumis il s’intéresse au parcours du candidat Jean-Luc Mélenchon aux dernières élections présidentielles.

Photo du documentaire L'insoumis de Gilles Perret
©Jour2Fête

L’avis du bibliothécaire

Gilles Perret choisit de filmer Jean-Luc Mélenchon précisément pendant la campagne électorale de 2017 qui, de péripéties en rebondissements, a laissé des traces et marqué les esprits. Cette captation des coulisses montre notamment l’importance et le rôle des médias, hydre à deux têtes, qui d’un côté permettent de s’adresser au plus grand nombre et de l’autre peuvent être l’instrument d’une société du spectacle capable à tout moment d’écraser, schématiser, formater la pensée.

La distance avec le personnage filmé, pour, peut-être, donner à voir au-delà du candidat, semble ici impossible tant Jean-Luc Mélenchon est incarné par ce que chacun pense de lui ou ressent pour lui. Rarement un candidat a laissé si peu indifférent provoquant une ligne quasi infranchissable entre ceux qui aiment et ceux qui n’aiment pas.

Tout au long du film, Jean-Luc Mélenchon et son équipe cherchent à ajuster l’image du candidat. Le choix de créer un hologramme pour le faire surgir dans plusieurs villes simultanément apparaît comme la maitrise ultime d’une image qui échappe quand les médias s’en emparent. Et c’est précisément ce que montre le film. Lors du débat organisé entre les différents candidats, Sophia Chikirou, directrice de communication pour la France Insoumise, se montre très irritée que la caméra de TF1vienne filmer les coulisses, et, c’est à la caméra de Gilles Perret, présente dans les loges à ce moment-là, qu’elle confie son agacement. La scène illustre bien, d’une part le combat qui se joue devant et hors des caméras pour exister et faire progresser les sondages, d’autre part la différence entre une caméra de l’instantané et celle du documentariste inscrite dans la durée.

Le film, balisé à la fois par le tempo médiatique, les réunions du staff de la France Insoumise et les rencontres avec la population, balaie le portrait de l’homme politique dans ce contexte de course électorale. Souvent dit colérique, Jean-Luc Mélenchon semble ici apaisé devant la caméra d’un réalisateur que l’on devine bienveillant. Une question, cependant, traverse tout le film : est-ce que Jean-Luc Mélenchon joue avec la présence de la caméra ? Interrogation accentuée par le fait qu’à plusieurs reprises il s’adresse au réalisateur pour partager ses réflexions. L’objet filmique semble alors dépassé par son personnage amenant à regretter qu’il n’y ait pas davantage de moments où la caméra se fasse oublier pour saisir peut-être l’insaisissable et laisser, plus que le personnage, le film parler au spectateur sans être nécessairement guidé par le discours et ce qui est seulement donné à voir.

Rappel

L’Insoumis de Gilles Perret, produit par Nathalie Basso-Bert, Yves Berger, Didier Fredeveaux / Vues de Quincy, France, 2017, 95 mn

Distribué par Jour2Fête

BANDE-ANNONCE L’INSOUMIS de Gilles Perret – sortie le 21 février from jour2fete on Vimeo.

Publié le 26/02/2018 - CC BY-SA 4.0

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